© Ichika Isshiki ©fame ©MICRO MAGAZINE, INC.

10 11 BERSERK OF GLUTTONY TOME 1 par à-coups, haletant, je me tordais de douleur sur le sol. « Beurk… On dirait un ver de terre. Sale et puant ! » L’esprit encore embrumé, j’entendis une voix de femme qui semblait être celle de Memir. « Eh, lève-toi vite. Si tu ne gardes pas la porte, c’est à nous que les autres saints chevaliers feront des reproches ! » Alors que j’étais encore à terre, Raphal m’écrasa le visage. « Debout, j’ai dit ! » Comment aurais-je pu ? Notre différence de force était telle que je ne pouvais pas me lever tant que Raphal n’enlèverait pas son pied. Et il le savait parfaitement. Il s’amusait de me voir me débattre sous son poids. Il appuya davantage. Je sentis mon crâne sur le point de se briser. J’allais probablement mourir mais une voix pleine de dignité me sauva. « Raphal, arrêtez ! Vous allez le tuer. Il est indigne d’un saint chevalier de traiter de la sorte ceux-là mêmes que vous êtes censé protéger. —Tss…C’est Roxy Hart qui est de garde, aujourd’hui. » La personne qui venait de me sauver était demoiselle Roxy Hart. Sa doctrine, rare chez les saints chevaliers, était de protéger les faibles et de restreindre les abus des forts. À l’image des courageux héros, sa chevelure d’or ondulait dans le vent. Les Hart formaient eux aussi une des cinq grandes familles de Seyfert. L’idéal de justice qui les animait leur valait l’amour du peuple. Bien sûr, j’étais un de leurs admirateurs. Quand Roxy les dévisagea, les trois Vlerick partirent de mauvaise grâce en jurant. Mais au dernier moment, Raphal regarda la jeune femme avec un sourire de défi. Je connaissais bien cette expression sur son visage. Raphal était quelqu’un d’obstiné. Peut-être se demandait-il déjà et c’est nous qui serions ennuyés. La décapitation serait le moindre des châtiments… » C’était la fameuse pédagogie des Vlerick. Ils me rappelaient avec brutalité quelle était ma position. Bien mettre dans le crâne que je n’étais qu’un être pitoyable qui ne devait son existence qu’à leur « bonté ». Il était évident que si je n’acquiesçais pas, il ne me laisserait pas ramasser la dernière pièce. La moindre hostilité de ma part me vaudrait d’être renvoyé sur-le- champ. Je pourrais même être tué pour rébellion. Bon sang ! Cette relation de maître à esclave, sans espoir de prendre la fuite, durait depuis cinq ans déjà ! Même si je quittais mon poste, Raphal et les siens entreraient dans une rage folle et m’accuseraient de tous les maux pour des motifs fallacieux. Voilà le genre d’individus qu’ils étaient… Je sentais monter en moi une colère qui couvait depuis trop longtemps et que je ne pouvais évacuer. J’enrageais de devoir leur obéir. Je m’en voulais de mon impuissance qui m’obligeait à ployer. Évidemment, ce fut le moment que choisit ma Gloutonnerie pour se réveiller dans un gargouillement sonore. Raphal, pensant que je n’avais pas mangé à ma faim, se mit à me vilipender, le visage sévère. « Mais que tu fais pitié ! Tu ne peux pas garder la porte dans ces conditions. C’est comme si on ne te nourrissait pas ! Tu veux déshonorer la famille Vlerick ? » Raphal m’asséna un coup de pied dans l’estomac. Il avait modéré sa force, mais cela restait une attaque de saint chevalier, et je sentais bien que nos caractéristiques étaient aussi éloignées que possible. Le choc fut si violent que je sentis presque mes organes sortir de la bouche. Vomissant CHAPITRE 1

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