©Tanabe Gou 2023 / KADOKAWA CORPORATION

part des branches de cette petite noblesse ont sombré si profondément dans la déchéance que seuls leurs noms révèlent encore leurs hautes origines. De nombreuses légendes sont attachées à Dunwich. Il est question de rites impies et d’assemblées secrètes d’Indiens invoquant de menaçantes créatures de ténèbres sur les grandes collines rondes. Au milieu du xixe siècle, le révérend nouvellement en charge de la paroisse disparut mystérieusement peu de temps après avoir prononcé un sermon à propos de la présence toute proche de puissances maléfiques. On parle aussi de bruits mystérieux dans les collines, comme les pas d’une chose invisible. Les étrangers sont rares à Dunwich… Le soir, quand résonne le jacassement strident des engoulevents, ces oiseaux guettant l’âme des mourants, et qu’une profusion anormale de lucioles surgit dans l’obscurité pour danser au rythme des coassements assourdissants des grenouilles-taureaux, l’endroit se fait encore moins engageant. À l’écart de la route d’Aylesbury, dans le centre-nord du Massachusetts, se trouve une région étrange et désolée. Les sommets des montagnes alentour, trop arrondis et trop symétriques pour être naturels, donnent un bizarre sentiment de malaise… La plupart sont couronnés de curieux cercles de grandes pierres levées. Quant au cours supérieur de la Miskatonic, qui sinue au pied des collines bombées lui donnant sa source, ses ondulations évoquent celles d’un serpent. Dunwich, le village le plus proche, est étonnamment vieux. Ses habitants inspirent la répulsion, portant les stigmates physiques et mentaux découlant de la consanguinité. Le niveau moyen de leur intelligence est épouvantablement bas, et les annales locales regorgent de meurtres et d’histoires de violence à demi camouflés. La vieille aristocratie, issue de deux ou trois familles armoriées arrivées de Salem en 1692 et soupçonnées de sorcellerie et de culte satanique, s’est plus ou moins maintenue. Certains Whateley et Bishop envoient encore leurs fils aînés à l’université de Harvard ou à la Miskatonic, mais la plu-

RkJQdWJsaXNoZXIy NTEyNzY=