Critique du dvd : Wonderful days
Publiée le Vendredi, 25 Février 2011
Il semble difficile, lorsque l'on s'intéresse à l'animation asiatique, de ne jamais avoir entendu parler de Wonderful Days, tant ce film de 2003, première réalisation de Kim Moon-Saeng et fruit d'un travail de 5 longues années, a posé les bases d'un renouveau du cinéma d'animation coréen, au point d'avoir été le lauréat du grand prix animation du festival du film fantastique de Gérardmer en 2004.
Il semble donc inutile de préciser que c'est avec grand intérêt que l'on insère le DVD du film dans le lecteur, pour découvrir ce qui est indéniablement une claque visuelle. La principale originalité de Wonderful Days est probablement le savant mélange qui y a été fait entre différentes techniques d'animation, mélange considéré comme une première mondiale dans sa catégorie, rien que ça ! Ici, les personnages en 2D voient se succéder autour d'eux des décors en 3D ou conçus à partir de prises de vue réelles et de maquettes. Et surtout, l'utilisation du matte-painting, technique consistant à peindre un décor où sont laissés des espaces vides destinés à accueillir des scènes filmées, permet d'apporter aux arrière-plans une profondeur réellement hallucinante. Du côté de l'animation, c'est du tout bon, tout comme du côté de la bande-son, qui mélange instruments traditionnels coréens et instruments d'autres pays pour un rendu futuriste intéressant. En somme, l'ensemble du film se présente comme une prouesse technique, comme un véritable travail d'orfèvre de ce côté-là.
Mais une réalisation exceptionnelle ne suffit pas toujours à masquer les faiblesses scénaristiques, et c'est le cas ici, Wonderful Days ne nous proposant qu'une histoire vue et revue.
En 2142, une catastrophe écologique due à de nombreuses guerres a tué de nombreuses personnes et a plongé la terre dans l'ombre, sous une épaisse pollution. Les survivants les plus aisés utilisent désormais cette couche de pollution pour alimenter en énergie Ecoban, leur nouvelle ville, tandis que le reste de la population, plus pauvre, vit à Marr, une cité moins florissante. Mais la couche de pollution commençant à diminuer fortement suite à son exploitation, le mode de vie à Ecoban se retrouve en danger, et ses habitants décident alors de détruire la cité de Marr pour avoir une nouvelle source d'énergie. mais les habitants de Marr, las d'être exploités par l'élite d'Ecoban, décident de mettre en place une révolte. Il n'y a donc aucune surprise dans ce scénario: visée écologique, population réduite à l'esclavage par une élite, volonté de rébellion pour changer tout ça...
Les éléments de bases sont tout aussi classiques que les rebondissements, très prévisibles. Quant aux personnages principaux, il paraît très difficile de s'intéresser réellement à eux tant ils sont, eux aussi, de véritables stéréotypes, aussi bien dans leur personnalité que dans les relations qu'ils entretiennent entre eux. Par exemple, on a droit au coup classique du triangle amoureux voyant s'opposer deux anciens amis dans la conquête d'une femme qui ne sait comment réagir face à ses sentiments et au sort réservé aux Marrians. Et ne parlons pas des personnages secondaires, à peine esquissés, aussi bien psychologiquement que physiquement. Résulte de tout ceci une forte impression qu'il manque réellement tout un background au film, qui n'est finalement riche que visuellement, d'autant que l'histoire, en plus d'être basique au possible, souffre d'un énorme manque de rythme et dégage une froideur handicapante, froideur accentuée par la relative inexpressivité des personnages.
En somme, le film ne ne se résume réellement qu'à un amas de prouesses techniques, mais à part ça, rien n'est fait pour garder le spectateur attentif. Il manque une âme à l'ensemble.
N'ayant pas d'autre but que d'en mettre plein la vue, donnant tout dans le visuel au détriment d'une histoire trop basique et d'un tout manquant d'âme et de personnalité, Wonderful Days est la preuve qu'une technique irréprochable ne suffit pas pour faire un film passionnant. Reste un film-date dans l'histoire de l'animation coréenne.
Du côté de l'édition, on doit avouer que l'on s'attendait à mieux pour un film aussi important. Si les pistes sonores coréenne et française sont d'excellente qualité, l'image souffre parfois d'un problème de fluidité, et l'on y retrouve régulièrement quelques fourmillements. Du côté des bonus, regroupés sur une deuxième DVD, l'ensemble se révèle globalement conséquent, même si certains sont largement plus intéressants que d'autres.
