Tour Au-delà des Nuages (la) - Actualité anime
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Tour Au-delà des Nuages (la) : Critiques

Critique du dvd : Tour Au-delà des Nuages (la)

Publiée le Vendredi, 10 Juillet 2009

Curieusement, alors qu'il est considéré comme l'un des grands espoirs de la nouvelle génération de réalisateurs d'animation, Makoto Shinkai peine encore à percer dans nos contrées. Ainsi, La tour au-delà des nuages (Kumo no mukou, Yakusoku no basho), sorti au Japon en 2004 et récompensé par de nombreux prix, est la première oeuvre du jeune réalisateur autodidacte à sortir en France, aux éditions Pathé. Il s'agit là de la deuxième réalisation majeure de Shinkai, après l'OAV The Voice from a Distant Star (Hoshi no Koe en japonais) en 2002, pour laquelle il tenait tous les rôles-clés, de celui de scénariste à celui de réalisateur, en passant par le chara design, le storyboard... Pour La tour au-delà des nuages, il choisit tout de même de s'entourer de Ushio Tazawa (qui a travaillé sur Noein) pour l'animation et le chara design, et de Takumi Tanji (5 Centimeters Per Second, dernière oeuvre en date de Shinkai) pour les décors.

Fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le Japon a été divisé en deux et est occupé par deux puissances rivales: Hokkaido est occupée par l'Union, tandis que le reste du pays et dirigé par les forces américaines. Vivant dans la zone américaine, Hiroki Fujisawa et Takuya Shirakawa sont deux jeunes écoliers inséparables qui se sont faits la promesse d'atteindre un jour une gigantesque et mystérieuse tour érigée sur Hokkaido par l'Union. Pour ce faire, ils commencent à construire un avion, le Velaciela, à partir de pièces de récupération. Tous deux très attachés à la jolie Sayuri Sawatari, ils décident de partager leur promesse avec elle. Mais un jour, le projet échoue alors que Sayuri disparaît, tombée gravement malade et hospitalisée à Tokyo.
Les années passent, le trio s'est séparé. Au fil de ses recherches scientifiques, Takuya se retrouve mêlé à une organisation terroriste ayant découvert ce qui se passe dans la tour, dans laquelle les savants de l'Union tentent de mettre au point une arme redoutable. Au coeur de leurs recherches, on retrouve Sayuri, plongée depuis plusieurs années dans un sommeil inexplicable. Hiroki va alors tenter de la sauver.

C'est une intrigue très complexe et réellement peu évidente à suivre par moments à laquelle nous avons droit ici. Ancré dans une réalité alternative qui aurait très bien pu exister, le récit est doté de quelques éléments de science-fiction, tel l'élément qui donne son nom au film, cette mystérieuse et gigantesque tour visible des deux côtés du Japon. Une histoire qui nous invite à suivre l'évolution de personnages attachants sur plusieurs années.
Le récit se coupe clairement en deux parties: la première présente la rencontre des nos jeunes héros, tandis que la deuxième les voit évoluer dans le monde adulte. Loin de s'embarrasser d'une évolution graduelle que l'on remarque souvent dans les oeuvres de ce type, la netteté de la séparation entre ces deux parties permet d'appréhender instantanément l'évolution de l'histoire, et d'affirmer au mieux les caractères des protagonistes et leurs objectifs. Ainsi, tandis que Takuya a une personnalité fortement ancrée dans la réalité et tournée vers le futur, Hiroki, lui, ne lâche pas son côté profondément rêveur et se rappelle sans cesse la promesse passée. Quant à Sayuri, si elle est plus passive, elle représente pourtant le lien indispensable entre les deux garçons. Elle semble être la figure de l'amour et de la pureté qui unit deux personnages que tout a fini par opposer, un peu à l'image de cette tour visible des deux côtés du Japon.
De ce fait, l'oeuvre est dotée d'une très forte portée symbolique, que le spectateur intéressé prendra grand plaisir à tenter de découvrir.

La tour au-delà des nuages est un titre profondément subtil, qui allie de nombreux thèmes universels tels que la lutte pour le pouvoir, la guerre, l'amour, le rêve et la science, en passant par un symbolisme très fort, une grande douceur narrative et une infinie poésie.

Tout ceci est sublimé par une réalisation tout simplement grandiose. Pour Shinkai, la beauté visuelle passe avant tout par une gestion impeccable des effets lumineux. Pour chaque scène, l'éclairage est extrêmement travaillé et présente un travail sur les reflets impressionnant, le tout participant pleinement à l'ambiance, souvent posée, mélancolique et poétique, et apportant un certain dynamisme aux scènes les plus statiques. Rarement, dans un film d'animation, les nuances lumineuses n'auront autant su sublimer la moindre image et jouer un rôle aussi important dans la réalisation. Cet aspect est, depuis, devenu en quelque sorte l'une des marques de fabrique de Shinkai. Bien entendu, les autres points de la réalisation ne sont pas négligés, même s'ils sont sans doute moins approfondis pour certains.

Très difficile à appréhender au départ, la Tour au-delà des nuages est une oeuvre atypique qui charmera quiconque acceptera de lui laisser pleinement sa chance, et qui marque pleinement l'arrivée d'un nouveau génie atypique de l'animation, qui a sa patte bien à lui. Espérons simplement que nous verrons débarquer en France d'autres oeuvres de ce talentueux auteur, déjà comparé plus d'une fois à Hayao Miyazaki dans son pays.

Au niveau de l'édition, Pathé nous offre du très bon travail. Sous ses allures d'édition simple, l'ensemble nous propose quelques bonus intéressants: des interviews d'une dizaine de minutes chacune et des filmographies de Shinkai et des trois acteurs principaux, ainsi que la bande-annonce japonaise et une galerie. L'image est d'excellente qualité et respecte parfaitement le travail visuel apporté. Le son, en 5.1, nous propose une piste japonaise sous-titrée impeccable, et une piste française globalement convaincante, à laquelle on pourra tout de même reprocher des tonalités pas toujours bien rendues et des voix légèrement trop mises en avant.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs