Tombeau des Lucioles (le) - Actualité anime
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Tombeau des Lucioles (le) : Critiques

Critique du dvd : Tombeau des Lucioles (le)

Publiée le Lundi, 22 Février 2010

Il est ô combien difficile de parler de ce film, surtout en quelques mots. Pour commencer par le début, l’histoire se pose au Japon, durant l’été 1945 marquant le début de la fin de la deuxième guerre mondiale. Mais la guerre n’est ici pas vue à l’échelle d’une population, mais à celle de deux enfants. Seita et Setsuko vivent à Kobe, subissant les bombardements incessants qui s’abattent sur leurs têtes tandis que leur père est au front dans la Marine, et que leur mère les élève seule. Une salve particulièrement meurtrière les oblige à fuir vers un abri, perdant leur mère en cours de route. C’est ainsi que commence l’épopée de deux orphelins dans un monde en guerre. Après la douleur de perdre un être cher, il faut tout de suite se reprendre et Seita prend en charge sa petite sœur, lui cachant le décès de leur mère afin de la préserver. C’est à ce moment que commence le conte, que s’éveille la magie d’un amour plus fort que la faim. Les deux enfants sont recueillis par leur tante, qui a bien du mal à accepter deux bouches supplémentaires à nourrir en ces temps difficiles. Alors Setsuko et son frère quitte le système d’entraide, partent vivre seuls dans un ancien refuge, se nourrissant comme ils le peuvent. Le titre vient de la beauté des lucioles évoluant dans le ciel sombre qui entoure les deux enfants dans leur nouveau chez eux. Leur danse lente et mystique sublimera le sourire de Setsuko autant que la mort de ces êtres éphémères précipitera le frère et la sœur vers leur fin. Et aucun de ces détails n’est une découverte, puisque le film commence par la fin, sur quelques mots de Seita qui nous font comprendre que la guerre s’est terminée juste derrière eux, après les avoir achevés, comme un dernier sursaut de vie de cette entité si bien représentée ici.

On découvre tant de choses dans ce film qu’il est difficile d’en faire la liste exhaustive. D’ores et déjà, il faut savoir que ce long métrage est l’adaptation d’un récit d’une histoire vraie. Takahata n’a fait que changer le destin de Seita, en rajoutant toutes les scènes où les fantômes des deux enfants apparaissent, dans un univers rougeoyant où ils sont enfin seuls, heureux. Le reste du temps, c’est le bonheur quotidien de Setsuko qui est mis en avant, son caractère enfantin justifié par son âge, et les précautions de Seita pour préserver cette immaturité tout en favorisant son sourire. Mais la petite grandit tant bien que mal, à travers les erreurs de son frère, qui n’est pas si raisonné et sûr que cela. Elle se rendra en effet vite compte de la mort de sa mère, elle renoncera à tout caprice une fois un certain stade passé, et tout cela suivant le mauvais comportement de son frère qui précipite une fin tragique en agissant égoïstement et à court terme : il aurait peut être suffit d’oublier sa fierté et de rester chez leur tante, il aurait suffit d’un rien pour que les larmes du spectateur ne coule pas à la fin du film. Ce n’est pas tant la mort de Setsuko qui accable, mais les grands moments de bonheur vécus en l’attente de cette fin que l’on espère fausse, que l’on souhaite à tout prix n’être qu’un leurre. Et quand la réalité rattrape le rêve, c’est tout un espoir qui s’effondre. Peu à peu, Takahata nous fait nous attacher à ces deux têtes brunes, donnant sens à leur histoire et leur terrible fin. Pourtant, ce film porte l’espoir dans sa grande majorité, et jusqu’à la fin quand Seita voit les lumières d’un monde qui renait de ses cendres. Il n’est donc pas exagéré de dire que les pleurs rassembleront la plupart des spectateurs, devant ce grand sentiment d’injustice, d’horreur dissimulée derrière un sourire. Ce n’est pas parce que c’est Seita et Setsuko que le film touche à ce point, mais parce que Takahata nous dresse un portrait intérieur d’une guerre incarnée dans une idée plus que dans un ennemi. Un récit de vie bouleversée, qui ne montre pas les horreurs générales sur un pays ou une population, mais sur deux enfants n’aspirant qu’à vivre. Un grand moment de solitude en regardant ce film, un dégoût profond et réel, une impression amère … Chacun aura sa réaction, mais toutes les idées convergent.

Cela aurait pu être n’importe qui, cela aurait pu toucher une connaissance ou nous même. La guerre aura fait grandir trop rapidement le frère et la sœur, leur attribuant d’office une image adulte, lorsque Setsuko apprend à se rationner, à vivoter seule, à s’adapter, à vivre sans défenses, ou quand Seita doit voler ou gérer un argent qu’il dépense mal. Personne n’est à blâmer, c’est sans doute cela le plus beau message du film. Car si celui-ci dénonce la guerre, il parle de la violence et pas des ennemis en particulier, et Seita aussi, comme Setsuko, ont leur part de responsabilité dans leur fin précipitée. Chaque minute de film nous apportera de nouvelles valeurs, de nouvelles scènes du quotidien remplies d’émotion, de nouveaux rires cristallins écrasés par le souvenir d’une fin si cruelle, la nostalgie de l’enfance et le rêve du bonheur. Chaque détail, chaque plan a son importance, et les sentiments qui unissent Seita et sa sœur, leur permettant de survivre avec joie malgré le reste sont purs, malgré les dérives accordées à cette relation, parfois exposé comme incestueuse. Un comble, une hérésie dans un conte merveilleux. Une aberration de plus, vu par quelques esprits particulièrement mal tournés. Seita n’est un homme que par certains aspects, et il parait inconcevable de supputer sur une psychologie qui, vu le contexte, aurait trop rapproché les deux êtres. Bref, le tombeau des lucioles, c’est une ode à l’enfance, un paysage rempli de douceur acidulée symbolisée par des bonbons très importants pour Setsuko, mais c’est aussi l’horreur de la guerre qu’on a tendance à oublier lorsque l’on est heureux. C’est l’effarement devant tant d’injustice et le malaise devant le monde plein de joie crée par Seita pour sa sœur. Un moment magique, un bijou de réalisme et de tendresse. En un mot, un chef d’œuvre qui fait de Takahasi un génie dans l’adaptation d’un récit particulièrement poignant. Et, si l’on peut lui reprocher de ne rien avoir inventé, son travail et tel qu’on ne peut protester. C’est le seul film où il réalisera une telle merveille.

D’un côté plus technique, on apprécie particulièrement le graphisme de Yoshifumi Kondo (ayant aussi participé à Omoide Poro poro). Son trait est réaliste, ancré dans un quotidien particulièrement détaillé, les expressions des personnages sont éclatantes d’émotions et les différentes figures du film sont rapidement identifiables. L’art qui réside dans les dessins ayant servis au film prend sa source dans les expressions et gestuelles des deux enfants, notamment Setsuko qui déborde autant de vie que l’on pouvait l’attendre d’une enfant de cet âge. Le changement de son comportement est magnifiquement bien tranché, chaque geste devenant alors une souffrance, représentée là encore par des visages particulièrement expressifs. Salutation est faite également vis-à-vis des décors, qui sont très esthétiques en plus de respecter les paysages d’un Japon en guerre, mais plus particulièrement aux plans nocturnes éblouis de lucioles. Sur l’animation, on applaudira lors de ces scènes, où les jeux d’ombre et de lumière sont particulièrement vivants. Le doublage est excellent car adapté aux âges des protagonistes (Setsuko n’est pas la voix rajeunie d’une doubleuse adulte), ce qui rend le tout plus réel. Enfin, la musique est parfaitement en osmose avec les différentes situations du film, et un certain air nous trottera dans la tête encore longtemps après la fin, et ce seul souvenir pourra donner la larme à l’œil aux plus sensibles. Voilà où s’achève un avis bien trop court sur un film absolument splendide, indéniablement bon marché, à faire voir à tout jeune un peu curieux, pour la culture générale, et pour exacerber toute trace de sensibilité chez quelqu’un. Un film à voir seul ou à plusieurs, l’effet reste le même. Une grande claque dans le monde de l’animation, tant par la réalisation que par le scénario.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM

20 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs