Tokyo Fiancée - Actualité anime

Critique du dvd : Tokyo Fiancée

Publiée le Mercredi, 25 Mars 2015

Si on s’intéresse à la littérature, on ne peut ne pas connaître le nom d’Amélie Nothomb, auteure dont les œuvres sont des best-sellers en francophonie. Il se trouve que l’écrivain belge a publié en 2007 Ni Eve ni Adam, un récit à caractère autobiographique adaptée au cinéma par Stefan Liberski. Nous avons bien là du cinéma franco-belge et le rapport avec Manga News peut paraître lointain…
Pourtant, le thème central permet justifier la présence de cet écrit sur le site : Le Japon, et plus particulièrement la manière dont Amélie Nothomb elle-même, plus jeune, va approcher la vie nippone et vivre un dépaysement tant romantique que culturel…





Amélie a 20 ans et a vécu en Belgique. Sauf qu’elle est née au Japon avant de repartir avec ses parents en Europe, cinq ans après sa venue au monde. Son attachement pour son pays de naissance ne l’a jamais quittée si bien qu’une fois la vingtaine atteinte, Amélie part vivre au Japon pour s’y épanouir. Celle-ci choisit de vivre d’un petit boulot de professeur de français auprès de son seul élève, Rinri, qui a le même âge qu’elle. Rapidement, le jeune japonais passe d’élève à petit-ami, menant le baptême culturel d’Amélie plus loin qu’elle ne l’aurait imaginé. Il est en effet difficile de « devenir » une japonaise…





Quel amateur du Japon ne s’est jamais imaginé vivre là-bas, y mener sa vie et apprendre la culture des lieux ? Tokyo Fiancée propose cette histoire, celle d’une européenne partant vivre au Pays du Soleil Levant, nation tant convoitée et non pas par esprit otaku, mais bien conformément à ses racines qui en engendré en Amélie un amour très fort pour le Japon depuis ses plus jeunes années. Le film (lui aussi autobiographique évidemment) raconte l’expérience de la jeune Amélie qui rencontre l’amour nippon et évolue progressivement au contact de cette culture qui d’abord l’enchante avant que le contraste entre ses propres mœurs ne viennent la chambouler, la faisant naviguer entre exaltations dépaysement auquel elle ne se fait pas. L’idée est intéressante, notamment pour un lecteur de manga qui va, quasi de facto, s’intéresser à la culture nippone et le film assume une dimension « récit de voyage » en présentant les différentes étapes du parcours de l’héroïne voguant entre le Tokyo populaire et le mont Fuji en passant par quelques auberges de campagne. Voir à l’écran et dans une optique biographique cette succession d’environnements à quelque chose d’enchanteur et de dépaysant pour le spectateur qui, comme s’il se trouvait aux côtés d’Amélie, prend plaisir à découvrir un Japon qu’il n’imaginait pas forcément ainsi.





Seulement, à vouloir passer en revue énormément de détails et d’éléments de l’état d’esprit de l’héroïne, le film en devient superficiel. Nombre d’idées, sans doute tirées du roman de Nothomb que votre serviteur n’a pas (encore) eu le loisir de lire, attirent notre intérêt et dépeignent le quotidien d’Amélie tant au niveau de sa relation complexe avec Rinri que son expérience professionnelle ou tout simplement la découverte des coutumes locales. Et si la romance entre les deux tourtereaux formant le noyau de l’œuvre est très présente et complexe à quelques exceptions près, d’autres thématiques manquent d’approfondissement, par exemple l’aventure professionnelle que vit Amélie en fin de film, ou tout simplement les freins qu’elle rencontre par rapport aux coutumes et folklores environnants. Souvent, le film prend une tournure très poétique, par exemple la métaphore très présente du samouraï qui sert à décrire la psychologie de l’héroïne, mais qui n’a malheureusement aucun aboutissement, de manière presque cohérente puisque le final est différent de celui de l’ouvrage, ce qui créera très certainement la surprise chez les fans de Nothomb.





Cette conclusion mérite qu’on s’y attarde, car si elle crée certaines incohérences dans la ligne artistique générale, elle sait nous prendre au trip et renvoyer à une malheureuse actualité que nous avons vécue par les médias il y a quatre ans de ça… Mais après avoir opté pour une telle fin, il est dommage que l’histoire ne se soit pas étendue davantage dessus, quitte à dévier du roman de Nothomb. Les thématiques nouvelles émergent et, décortiquées, auraient pu dresser un nouveau pan du portrait japonais. Certes, ce twist permet d’apporter une conclusion à l’œuvre, mais les développements qui le suivent auraient mérité plus de considération.





Il est important de parler d’Amélie et Rinri, les deux protagonistes. Et pour cela, pas besoin de prendre en considération que le protagoniste est en réalité Amélie Nothomb puisque son charme parvient à nous saisir et le caractère déjanté de la jeune fille nous rattachent à notre condition occidentale en marquant le contraste avec le sage Rinri qui nous apparaît comme un petit gars des plus sympathiques, caractérisé par la psychologie japonaise. Le traitement du couple occupe une large partie du film et s’avère ainsi bien fait. A lui seul, il remplit les objectifs du long-métrage qui cherche à opposer deux cultures, ou plus précisément à montrer les difficultés d’intégration d’un Occidental dans un pays si différent comme le Japon. La relation évolue des premiers émois à davantage de maturité, tout en ne perdant pas le thème principal de vue, rendant la romance fluide et juste.





La réalisation du film est globalement saisissante pour Stefan Liberski développe une volonté de nous dépayser à travers des plans qui font office de portait du Pays du Soleil levant et cherchent à se positionner du point de vue d’Amélie. La beauté des environnements crée indéniablement une poésie celle-ci étant accentuée par différentes métaphores dont les proses de l’héroïne pour parler de son quotidien par le biais de narrations internes, ses propres fantasmes quant à sa relation avec Rinri ou tout simplement la musique douce oscillant entre le joyeux et la mélancolie. Seule une scène reste incompréhensible, celle de la chansonnette poussée par Amélie qui atterrit dans le film comme un cheveu sur la soupe, sa présence étant artistiquement une énigme, car décalée avec le reste des partis-pris.





Les prestations des comédiens sont honorables, voire saisissantes. La jolie Pauline Etienne campe une Amélie originale et pétillante tout en sachant mettre en évidence les instants où la demoiselle est culturellement égarée tandis Taichi Inoue interprète un Rinri transpirant la gentillesse et la sympathie. En revanche, l’actrice principale s’en sort nettement moins bien lors des narrations en décalage avec le reste du film tant elle donne l’impression de réciter, comme si elle ne savait pas précisément comment la citation impacterait le film. C’est d’autant plus dommage que ces moments sont récurrents dans le film.






Tokyo Fiancée ne manquera pas d’intéresser les amateurs de la pop-culture japonaise qui souhaiteraient un voyage plus global au pays nippon, l’aspect contemplatif étant très présent. Malgré quelques petites failles dans les choix scénaristiques, le film de Stefan Liberski ne manque pas de nous envoûter, de nous amuser et même de nous mettre mal à l’aise par le dépaysement d’Amélie. Entre poésie et choc culturel, on se laisse facilement aller au plaisir.


Et afin de justifier la présence d’un tel article sur un site sur le manga et l’animation, petite énigme : Deux clins d’œil à Dragon Ball Z se sont glissés dans le film… à vous de les retrouver !
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

14 20
Note de la rédaction