Servante et le samouraï (La) - Actualité anime

Servante et le samouraï (La) : Critiques

Critique du dvd : Servante et le samouraï (La)

Publiée le Lundi, 19 Décembre 2011

Le film La servante et le samouraï réalisé par Yoji Yamada en 2004 réussit le pari de renouveler le genre du film de samouraï si populaire auprès du public japonais et occidental. Yoji Yamada travaille depuis 1969 au sein du célèbre studio Shochiku où il a débuté comme assistant. Il fait ses gammes en tant que réalisateur sur la série de films la plus longue au monde « Tora San » . Il maîtrise d’autant plus la grammaire liée aux films de samouraïs.

Bien sûr le spectateur pensera immédiatement aux films d’Akira Kurosawa, référence incontournable dans ce domaine, pourtant le film n’obéit pas totalement au genre et prend un angle de vision différent dans le sens où il fait écho au film hara-kiri, mort d’un samouraï de Takeshi Miike, sorti récemment sur les écrans.

Les deux films abordent frontalement la problématique de la culture samouraï en évitant les clichés et l’hagiographie, en mettant en avant le dilemme que représente le respect du code d’honneur pour le samouraï katagiri qui, prisonnier des luttes politiques, se voit ordonner par son chef de clan d’éliminer son ancien ami et frère d’arme. Une thématique que le cinéaste a déjà abordé en 2002, il est également question de la modernisation du Japon et de l’introduction de nouvelles armes auxquelles la caste militaire est directement confrontée.

Mais la vraie force du film est d’être avant tout une histoire d’amour, Yoji Yamada assume totalement le souffle romantique qui habite son film avec une peinture des sentiments tout en retenue mais qui n’élude en rien la problématique des conventions et la différence de classes sociales qui contrarient l’histoire d’amour profonde qui unit la servante Kie et son Maître Katagiri.

Le film apparaît tout en contraste entre la douceur de la jeune femme et du Samouraï et les violences sociales et politiques auxquelles ils sont tous deux confrontés.
La condition des femmes est un des thèmes des films sous-jacents du film, Kie est contrainte d’accepter le destin qui lui est imposé pour autant, elle ne dépare jamais de son sourire, son regard trahit pourtant la douleur. La situation de son maître n’est guère plus enviable malgré son statut. Masatoshi Nagase incarne à merveille cet homme tiraillé entre le cœur et la raison à double titre : pris entre son amitié pour Hazama et son amour pour Kie mais il se heurte à la rigidité implacable et c’est également en cela que la servante et le samouraï se rapproche du film de Takeshi Miike, une critique du système féodal et du carcan social qui condamnent les deux protagonistes aux choix extrêmes qui les rendent malheureux. Pour autant le cinéaste brosse le portrait d’un homme fidèle à lui-même et se donne la possibilité d’une fin ouverte en forme d’espoir.

Doté d’une structure narrative solide, la servante et le samouraï bénéficie d’une esthétique poétique très maîtrisée, hormis les scènes de combat très réalistes, l’iconographie du film renvoie aux estampes d’Hokusai et d’Utamaro. Chaque plan du film est travaillé de manière picturale, de façon à ce que le spectateur ait envie de faire arrêt sur image, citons par exemple la magnifique scène de retrouvailles sous la neige entre Kie et Katigari . Ce film possède toutes les qualités pour réconcilier les cinéphiles, les fans de films de samouraïs et les adeptes du romanesque. On regrettera toutefois que le DVD ne contienne aucun bonus, notamment au sujet de la direction artistique.

Lady Musaraki

Critique 1 : L'avis du chroniqueur


16 20
Note de la rédaction