Pompoko - DVD (Disney) - Actualité anime

Pompoko - DVD (Disney) : Critiques

Critique du dvd : Pompoko - DVD (Disney)

Publiée le Dimanche, 29 Novembre 2009

Une fois la musique dans nos têtes, impossible de détourner cette ritournelle lancinante qui illustre parfaitement bien l’état d’esprit des tanukis que nous présente Isao Takahata. C’est ainsi que commence ce drôle de film, avant d’enchainer sur une bataille entre deux communautés de "ratons laveurs". On connaissait Takahata pour le bouleversant tombeau des lucioles, alors le retrouver dans ce qui, tout le long du film, se cache sous les airs d’un documentaire animalier comique nous surprend quelque peu. Cependant, si l’on y regarde de plus près le message écologique stupéfiant que Pompoko fait passer est une réussite et correspond plutôt bien au désir du réalisateur d'exprimer quelque chose de fort. Qu’il utilise le rire ou les larmes, Takahata se différencie toujours de la féerie de son confrère Miyazaki, mais il ne peut lui envier ses bonnes idées. C’est donc contre les hommes que vont se liguer les tanukis, grâce à leur don ancestral de métamorphose. L’urbanisation menace leurs habitations et par là leur survie, et la guerre est déclarée pour les habitants de la forêt de Tama. De la violence aux tentatives de spectacles effrayants, les animaux se rebellent contre ceux qui osent attenter à leur verdure, sans espoir. Tout le long du film, on assiste à leurs idées, leurs joies passagères et peu à peu leur déception. Cependant, même si le message de Takahata semble défaitiste -après tout les tanukis perdent contre l’homme-, une dose d’espoir subsiste dans la cohabitation qui fera rêver les petits, mais aussi dans la survie partielle et la conservation de quelques espaces verts. Reste la triste constatation que le combat est perdu d’avance, et c’est là que l’on reconnait très bien Takahata : après tout, le tombeau des lucioles commence par la fin et l’espoir ne fait que plus ressortir l’aspect vain de la survie des personnages. La morale est très claire, et s’adresse aussi bien aux enfants qu’à leurs aînés : la nature est précieuse, sauvage et souffre de notre expansion immodérée. Message à la fois naïf et bien réaliste, cette notion d’écologie guide le fil narrateur de Pompoko.

On remarquera que le récit est mené par une narratrice (quelques instants) puis par un narrateur que l’on ne perdra plus, ce qui nous rapproche considérablement des tanukis, dont on prend déjà la défense puisque tout le film est basé sur leur survie. De plus, le design changeant de nos héros à quatre pattes permet de visualiser et d’humaniser des animaux sauvages : pour faire passer l’humour et surtout justifier les sentiments presque humains des tanukis, il faut les simplifier et les rapprocher de nous, ce que Shinji Otsuka fait très bien. On regrette seulement la deuxième phase de simplification, qui devient alors trop naïve et plate pour le spectateur. En effet, cette exagération nous fait perdre de vue que les tanukis ne sont pas d’agréables bêbêtes aux grands sourires : ils sont capables de violence, de haine et de vengeance. Ainsi, le récit apparemment tendre et sirupeux peut nous faire accéder à un deuxième degré de visionnage, bien plus cru et direct. Là où Hayao Miyazaki offre la possibilité aux deux publics de trouver satisfaction dans son œuvre, Pompoko sera un peu trop long et terre-à-terre pour les enfants, qui ne feront que s’amuser des farces et des facéties des tanukis. Car un documentaire intéresse rarement les plus jeunes, et c’est bien d’un documentaire dont il s’agit ici. Un peu déguisé, certes, mais tout de même. En effet, Takahata dénonce un phénomène de plus en plus présent en pleine croissance démographique, et adopte une position sociale, presque politique. De plus, la vie des tanukis est très bien exposée, permettant de s’ancrer dans l’univers du folklore japonais traditionnel et de découvrir les légendes de l’archipel. Un détail qu’apprécieront particulièrement les étrangers.

Toutefois, on regrette tout de même l’aspect un peu longuet du film d’animation, et la vision idéaliste de Takahata. Si chez Miyasaki cela ne gêne pas, tant les idées merveilleuses passent par le rêve, la magie et une narration autrement plus aérienne, la dénonciation du réalisateur de Pompoko se fait un peu redondante au bout de deux heures. D’ailleurs, on observe certaines répétitions dans le schéma d’action des tanukis, ce qui déçoit et réduit considérablement notre intérêt. Et parfois, le récit se perd de lui-même alors qu’il est déjà suffisament lourd (l’intervention du renard, par exemple). De même, l’humour est parfois un peu spécial et il faudra par exemple savoir que les tanukis sont représentés dans la tradition japonaise avec des testicules démesurés et prétendues inutiles. Enfin, les chants des tanukis sont omniprésents mais ne relèvent pas forcément de ceux qu’on a l’habitude d’entendre quand on est petits, aussi ont-ils du mal à nous atteindre.

La réalisation est globalement semblable à la qualité du film : bonne dans l’ensemble, avec quelques aspects fantastiques. Notamment la scène de transformation généralisée des tanukis en esprits malins, et toute la scène de fin qui présente le dernier effort des boules de poils contre l’homme. L’image est assez agréable, et si l’on regrette l’absence de bonus on se dit qu’ils n’étaient pas forcément nécessaires sur ce film … Par contre il est dommage que la voix française du narrateur laisse à penser que le film est un dessin animé pour les enfants. Mais heureusement la bande originale est plus satisfaisante ! Et il est tellement agréable de voir une autre approche de l’écologie et de la confrontation de l’homme à la nature que dans les réalisations de Miyazaki, qu’on accueille ce film avec bonheur. Non pas que les deux réalisateurs soient comparables -loin de là- mais leurs idées semblables adaptées totalement différemment sont autant de piste de réflexion. Ce qu’il en ressort ? Une belle leçon de vie, un peu dénaturée par certains aspects du films trop conséquent, mais comment ne pas s’attacher à ces tanukis et leur destin tragique que l’on pressent depuis le début ? Un bon moment à passer, mais un film à ne voir qu’une fois.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM

15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs