Noir - Intégrale Gold - Actualité anime

Noir - Intégrale Gold : Critiques

Critique du dvd : Noir - Intégrale Gold

Publiée le Dimanche, 31 Janvier 2010

« Si l’on peut tuer des hommes par amour, peut-on sauver des hommes par haine ? »

Noir. Ce mot désigne depuis une époque lointaine le nom du destin. C’est également un nom légendaire dans le milieu du crime. Depuis des siècles, de multiples assassins ont pris tour à tour ce pseudonyme, bien souvent sans en connaître tout son sens. Mireille Bouquet est une tueuse à gage vivant à Paris. Un jour, elle reçoit un mail étrange lui demandant de faire un « pèlerinage dans le passé », accompagné d’une mélodie qui la ramène aux drames de son enfance. Suivant cette piste, elle rencontre Kirika Yukimura, une jeune japonaise amnésique qui ne se rappelle que d’une chose : elle est Noir. Dès lors, les deux jeunes femmes s’associeront sous cette même identité pour rechercher leur passé respectif, sous une condition : lorsque la vérité éclatera, Mireille tuera Kirika.

Noir est une série d’animation de 2001 qui a connu un certain succès chez les spectateurs japonais, mais aussi francophones ! Il s’explique par une diffusion sur Canal + en clair, à une époque ou l’animation japonaise n’avait plus le vent en poupe. Mais le public français garde une certaine estime de cette série car elle a l’avantage de se dérouler principalement sur notre territoire ! La série réalisée par Kouichi Mashimo (Eat-Man) et Ryoue Tsukimura (Utena) nous propose en effet de découvrir une France (et une Europe) quelque peu sublimée, déformée par le prisme de la vision lointaine des japonais, mais sans pour autant tomber dans la caricature profonde. N’espérez pas croiser le français moyen avec sa baguette sous le bras et son béret ! On s’étonnera même de trouver des références comme le nom de certains journaux (Libération, le Canard Enchaîné) mais parfois être gêné de voir figurer des inscriptions en anglais sur les vitrines parisiennes. Cependant, on sent que la volonté des réalisateurs est de proposer au public nippon une alternative aux codes habituels de sa culture, plutôt que d’essayer de respecter fidèlement les attentes des spectateurs de France.

Laissons donc la fibre chauviniste de côté et intéressons-nous au contenu : Noir se veut être une histoire reprenant les codes des thrillers, des films de gunfights ou d’histoire mafieuses. En un mot, les films « noirs ». Néanmoins, afin d’apporter un cachet européen à l’ensemble, une dose de mysticisme religieux a été apporté avec de nombreuses réflexions philosophiques sur la Mort. Noir assume parfaitement un rythme lent, presque apathique, ou chaque épisode prend son temps pour décrire une situation avant d’enchainer les échanges de tirs. Un rythme en dent de scie, qui pourra faire décrocher certains, sans compter que les conclusions des premiers épisodes n’apportent généralement que très peu de surprises. Cependant, au fil des épisodes, le scénario s’étoffe, avec une organisation de l’ombre qui se dévoile toujours plus, ainsi que la vérité sur Noir. Un jeu de pistes dont l’intensité ne décollera vraiment que dans la dernière ligne droite de l’aventure. Mais là encore, les retournements de situation peinent à convaincre, ou sont trop prévisibles, et la finalité n’apportera pas de grande surprise.

Noir se repose essentiellement sur ses personnages, et ce sont les femmes qui sont au pouvoir ! Mais si le caractère de chaque protagoniste est bien défini, il manque toujours un supplément d’âme pour parachever le tout. Mireille est sans conteste le personnage le plus réussi, découvrant au fur et à mesure ce monde qui la dépasse. Mais elle occulte beaucoup trop Kirika qui est censé être tout aussi importante. La jeune fille au caractère renfermé, à la limite de l’autisme, n’en dévoile pas assez pour susciter une véritable attention, hormis dans les passages ou son instinct de tueuse se réveille. On lui préfèrera Chloé, bien plus développé dans son rapport à la Mort et à l’amour qu’elle porte à sa maitresse, Altena. D’autres personnages féminins aux caractères bien trempés seront de la fête, les hommes n’étant généralement là que pour se prendre des balles et à augmenter le compteur de morts.

En effet, l’un des principaux reproches que l’on peut faire à la série est qu’à force d’en faire trop autour de la Mort, elle en vient à dédramatiser cet acte qui en devient naturel. La multiplicité des assassinats (à la louche, on peut compter une moyenne de dix hommes de mains tués par épisode) et l’absence totale de sang rendent le geste routinier et quotidien. La Mort est ici essorée de tout son aspect dramatique, et vient hanter les réflexions et le rapport des héroïnes par rapport à elle. Mais au final, on finit par s’en détacher complètement. Elle apparaît comme une conclusion, un aboutissement logique, non comme un drame de chaque instant. Ainsi, si les premières scènes de gunfights sont un régal, le caractère routinier finit par entrainer une certaine lassitude, et la conclusion de la série perd l’impact qu’elle devait avoir. De plus, si la plupart des récits mafieux passent généralement par un second degré et l’humour, Noir se prend trop au sérieux et ne se décroche jamais de son ambiance, qui peut en devenir pesante.

La qualité visuelle a quelque peu vieilli, surtout au niveau du dynamisme des scènes d’action. De gros progrès ont été fait dans le domaine depuis 2001 et les combats paraissent très figées et linéaires. Elles n’arrivent alors pas à contrebalancer la monotonie des scènes de réflexion. Le graphisme quant à lui souffre également du poids des années, mais avec moins d’impact. Certains décors n’ont rien perdu de leur superbe, notamment les paysages pyrénéens à la fin de l’histoire. La bande sonore, quant à elle, mêle à la fois des percussions électro, une instrumentalisation européenne et chant choral. Des musiques efficaces, sachant s’adapter aux différentes séquences. Malheureusement, certains thèmes deviennent parfois redondants et leur arrivée prévisible. Notons que le doublage français est à la hauteur des espérances, avec des voix expérimentées ayant travaillé sur Hunter x Hunter, Fullmetal Alchemist, Lain ou encore Ergo Proxy. Ainsi, on peut profiter pleinement d’une ambiance « à la française » du meilleur effet, renforçant l’immersion, et sans voir les noms européens écorchés par la prononciation nipponne.

Au final, si Noir n’est pas une mauvaise série, loin de là, elle peut décevoir en n’étant pas à la hauteur de ses propres promesses. La trame de fond apporte beaucoup trop de questions pour peu de réponses, et le rapport à la mort finit paradoxalement par être vidé de toute substance. Il n’en reste pas moins que l’ambiance de la série est très particulière, porté par des personnages au charisme réussi, et par un rapport à la France qui pourra nous faire sourire involontairement par des clins d’œil plus ou moins réussis. Si la série comporte de nombreux défauts, elle n’en garde pas moins un charme certain et un rapport particulier avec le public que nous sommes. Elle en devient ainsi un incontournable de l’animation, et a bien une place légitime au sein de la collection Gold de l’éditeur Dybex.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs