Moonlight Mile - Intégrale Gold - Actualité anime

Moonlight Mile - Intégrale Gold : Critiques

Critique du dvd : Moonlight Mile - Intégrale Gold

Publiée le Lundi, 03 Décembre 2012

Moonlight Mile. Un titre que l'on ne peut évoquer sans faire grincer certaines machoires, celles des lecteurs français qui se sont aventurés à la lecture de ce manga de Yasuo Ôtagaki, avant d'être arrêtés dans leur élan au bout de dix volumes par Panini Manga. A partir de 2008, l'éditeur We Production nous propose une alternative à la version papier avec cette adaptation en anime, que l'on doit au studio Hibari et plus particulièrement au réalisateur Iku Suzuki. Une maigre consolation pour les lecteurs de la première heure, puisque cette adaptation recompile des évènements survenus dans les premiers tomes de la saga, jusqu'aux environs du huitième opus, mais une initiative intéressante pour les néophytes. Après différentes éditions, We Production proposa, en début d'année 2012, une intégrale des deux saisons de la série (pour un total de vingt-six épisodes), se classant dans la famille des coffrets Gold du distributeur Déclic Collections. Voilà une dernière occasion d'attirer de nouveaux spectateurs vers cette saga d'anticipation très réputée, méritant que l'on s'y intéresse au-delà de son destin funeste en librairie.

Près d'un demi-siècle après les premiers pas de Neil Amstrong sur la Lune, l'Humanité se met à scruter de nouveau le ciel en découvrant que notre unique satellite naturel est recouvert d'une ressource combustible : l'Helium 3. Dès lors s'engage le projet Nexus, visant en la colonisation franche de l'astre lunaire pour en récolter les précieuses richesses. Au sein de cette ambitieuse épopée, nous suivrons en parallèle le destin de deux amis, anciens partenaire de cordée sur l'Everest mais qui partiront sur deux versants différents pour cette ascension vers les étoiles. Gorô Saruwatari, un japonais assez robuste et hardi, en particulier avec la gent féminine, comprend que le 21ème siècle appartiendra aux bâtisseurs, et son profil se fait vite repérer par l'ISA. Jack W. Woodbridge, dit "Lostman", est un américain beaucoup plus froid est renfermé, qui s'impliquera quant à lui dans une voie militaire. Car, comme l'on peut s'en douter, l'astre lunaire constitue un nouvel Eldorado qu'il faudra protéger à tout prix...

Après une première scène haletante en flashforward sur la face cachée de la Lune, et un générique d'ouverture épique sublimé par une symphonie à la Hans Zimmer, Moonlight Mile présente l'ambition de nous en mettre plein les yeux. Mais ce démarrage tonitruant ne constituera en fait qu'une mise en bouche, puisque nous suivrons en réalité le projet Nexus à partir de zéro. La série se veut en effet un récit d'anticipation (pour ne pas dire de réalité alternative puisque nous rattraperons bientôt ce 2013 fictif), et prend son temps pour poser chaque brique, chaque pas jusqu'à l'alunissage. Le ton est ici particulièrement réaliste, s'inscrivant dans un contexte géopolitique fort crédible, et chaque facette de cette conquête spatiale est mise en avant, impliquant une multitude d'acteurs de par le monde.

Hélas, l'ampleur galactique d'un tel projet est sans doute bien trop vaste pour un anime de vingt-six fois vingt minutes ! On déplorera ainsi un rythme assez inégal, se focalisant parfois sur des histoires dans l'Histoire, aux intérêts très relatifs. Nous échapperons tout de même aux nombreuses séquences érotiques qui parsemaient le manga, même si cet aspect reste récurrent dans l'adaptation, au point que l'on ne saurait l'orienter vers les plus jeunes rétines. Cet aspect faisant plus office de fan-service que de réalisme n'est qu'un exemple de parasite à la trame principale. Aussi, la fin de la première saison présente un manque flagrant d'intensité, là où on aimerait voir les choses sérieuses enfin commencer ! Et s'il est clair que la seconde partie remonte le niveau en terme d'intensité scénaristique, se déroulant quasi-exclusivement en orbite, on ne pourra que regretter de n'avoir vécu que la première étape d'une longue et passionnante épopée.

Moonlight Mile, c'est donc également une histoire d'hommes, qui se focalise sur une poignée de destins en particulier. Malheureusement, il sera bien difficile de s'intéresser à ses protagonistes, restant la plupart du temps enfermés dans leurs propres stéréotypes. Si Lostman reste figé dans le rôle du GI Joe froid et parfait, Gorô est tout de même plus intriguant, dans son rôle de gouailleur un peu rustre, mais au charme imparable. Si la durée de la série face au nombre de personnages explique ce manque d'approfondissement, le chara-design peu inspiré ne les rend pas forcément plus sympathique, restant dans un souci de réalisme et de naturel. Il ressort de l'ensemble une certaine froideur, accentué par une omniprésence de décors et de machines réalisées en 3D, à l'intégration difficile, mais auxquels on finit par s'habituer.

Cette intégrale suit la nomenclature propre à l'édition Gold, avec coffret cartonné et livret explicatif d'une vingtaine de pages, présentant personnages et termes-clés. La série est disponible en VF, mais cette dernière est loin d'être convaincante, en particulier pour le personnage principal, ce qui rend la chose particulièrement gênante... On optera donc pour la VO, même si quelques coquilles se seront glissées dans les sous-titres. Signalons également un découpage étrange des chapitres du dvd : impossible de passer le générique (si prenant soit-il) sans occulter un morceau de l'épisode !

Dans la lignée d'un Planètes, une série qui a également connu un destin difficile et une adaptation animée, Moonlight Mile se veut donc une fresque réaliste de ce que pourrait être la conquête spatiale dans un futur proche. Cette série nous présente un scénario travaillé et crédible, aux enjeux impliquant le monde dans son ensemble. Mais la narration sans éclat, l'éparpillement des thématiques et l'absence d'attachement aux héros risquent de mettre un frein à notre envol vers l'infini et au-delà. Le spectateur comprendra bien vite que les promesses posées par la série ne seront pas tenues, nous laissant sur la fin d'un prologue d'une nouvelle ère sans possibilité de réponses. Ah, si seulement l'on pouvait encore se tourner vers la version originale... Mais non, ne faisons pas s'écailler d'avantage de râteliers !

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

13 20
Note de la rédaction