Mai Mai Miracle - Actualité anime

Mai Mai Miracle : Critiques

Critique du dvd : Mai Mai Miracle

Publiée le Mercredi, 08 Septembre 2010

Réalisé en 2009 au sein du célèbre studio Madhouse , Mai Mai Miracle marque le grand retour de Sunao Katabuchi (Black Lagoon) à la réalisation de films pour le cinéma, 8 ans après le très bon Princesse Arete, et bien plus longtemps encore après ses collaborations avec le studio Ghibli et Hayao Miyazaki, notamment sur le film Kiki la petite sorcière et la série Sherlock Holmes.

Inspiré d'un récit autobiographique de l'écrivaine Nobuko Takagi, le film nous plonge dans le Japon des années 50, dans la encore très provinciale région de Hôfu. A cette époque, le Japon sort de la guerre et est en pleine modernisation, comme viennent le montrer les superbes décors ruraux dans lesquels commencent à apparaître, notamment, des usines.
Une usine, c'est justement là qu'a été muté le père de Kiiko Shimazu, veuf, médecin de son métier, et tokyoïte de ses origines. L'adaptation est au départ difficile pour la petite Kiiko, comme vient le prouver son décalage total par rapport à ses nouveaux camarades de classe: au beau milieu de ces joyeux enfants aux vêtements et aux manières simples, elle débarque imbibée de parfum, vêtue d'habits assez luxueux, et dotée d'une boîte de crayons de couleurs attirant tous les regards. La fillette a vite fait de se sentir mal à l'aise, d'autant qu'elle est dominée par une grande timidité. Mais alors que sa nouvelle vie semble mal partie, elle fait la connaissance de Shinko Aoki. De par sa simplicité, sociabilité et la joie qu'elle affiche, cette jeune fille issue d'une famille d'agriculteurs, dont le père souvent absent est chercheur à l'université, aura vite fait d'amadouer Kiiko. Tout naturellement, les deux enfants deviennent d'inséparables amies, même si leur statut social les oppose, ce qui se ressent surtout au début du film, quand Shinko, vivant dans une maison traditionnelle avec toute sa famille, de son amusante petite soeur à son étrange et farfelu grand-père, découvre avec émerveillement la maison de fonction de style occidental et dotée des conforts modernes de Kiiko. Un contraste qui vient également affirmer la lente modernisation des campagnes japonaises à cette époque.

C'est dans ce cadre rural présenté avec réalisme, nostalgie et fraîcheur, que nos deux héroïnes vont évoluer. Il ne faudra pas longtemps à Kiiko pour commencer à s'épanouir au contact de l'imaginative Shinko, qui prend notamment un plaisir fou, en s'appuyant sur les récits de son grand-père, à imaginer à quoi pouvait bien ressembler sa ville à l'époque Heian, 1000 ans auparavant. Ainsi, la jeune fille s'est véritablement créé un monde passé dans lequel elle invite volontiers sa nouvelle amie, et où elle imagine la vie d'une jeune fille de son âge, Sei Shônagon, que nous retrouverons régulièrement dans le film pour la voir évoluer en même temps que nos héroïnes. Ce Japon ancien, bien qu'il soit vu par deux fillettes, reste emprunt d'un réalisme certain, notamment parce qu'il puise ses sources dans la réalité historique: en effet, Sei Shônagon a réellement existé. Cette femme de lettres, à qui nous devons notamment les "Lettres de Chevet", a vécu à Hôfu 1000 ans auparavant alors qu'elle avait le même âge que Shinko et Kiiko. Rapidement, un parallèle se crée chez le spectateur entre le Japon de Shinko et Kiiko et celui de Sei, venant montrer que quelle que soit l'époque et le statut, les occupations et préoccupations enfantines restent les mêmes. Un beau message universel.

Au contact de Shinko, la timide Kiiko va donc s'épanouir, finir par s'intégrer sans problème aux autres enfants, et vivre avec eux un tas d'aventures dignes de gamins de leur âge. Dans ce Japon réaliste, nos jeunes héroïnes, accompagnées de leurs amis hauts en couleurs, vont enchaîner les amusements et les bêtises d'enfants: construction d'un barrage, élevage d'un poisson, exploration d'un grotte pendant laquelle la petite soeur de Shinko se perdra... soit autant de petites aventures qui raviront les plus jeunes spectateurs, et qui rappelleront aux moins jeunes ce qu'eux-même étaient capables de faire dans leur enfance. Certains passages nous font sourire avec nostalgie, d'autres nous font nous esclaffer, à l'image du passage d'ores et déjà culte dans lequel Kiiko, Shinko et la petite soeur de celle-ci se saoulent en mangeant des chocolats alcoolisés, et en viennent à éclater de rire en évoquant la mort de la mère de Kiiko. La fraîcheur du récit n'est est que renforcée.

Une fraîcheur qui reste présente même quand le réalisme se fait plus dramatique. En effet, pendant tout le film, la réalité de la vie, parfois très dure, ne cessera de rattraper les enfants: départ de la maîtresse pour Tokyo où elle doit se marier, mort du poisson recueilli, ou, plus grave encore, suicide du père de l'un des enfants suite à des embrouilles avec des yakuza... Et à chaque fois, les enfants réagiront à leur manière. La maîtresse sera célébrée, le poisson aura droit à des funérailles, et Shinko et le jeune garçon tenteront d'aller venger la mort du père de ce dernier avant qu'il ne parte habiter ailleurs. Chaque évènement dramatique est vu avant tout à travers les yeux des enfants, vécu par les enfants, et même les plus grands drames, malgré une ambiance plus triste, revêtent donc une certaine fraîcheur. Mêler ainsi avec fraîcheur la poésie et la nostalgie du cadre, l'imagination enfantine et la dureté de la réalité au coeur d'un récit présenté comme une tranche de vie, c'est sans doute là la force majeure de Mai Mai Miracle.

La réalisation est hautement satisfaisante. Si l'on a déjà évoqué la beauté des décors, qui sont ici une part importante de l'ambiance générale et de la beauté du rendu, il faut dire qu'ils doivent beaucoup à leur réalisme, et à la gestion des couleurs, souvent légères, à la limite du pastel, et finissant d'accentuer la fraîcheur du récit. Le character design, assez classique, se révèle expressif et permet de s'attacher sans mal à ces enfants espiègles. L'animation, quant à elle, reste de très bonne qualité, malgré quelques petites baisses de régime que l'on a, de toute façon, du mal à percevoir. La narration est fluide, coule comme la vie, et, malgré quelques ellipses nous perdant parfois très légèrement mais jamais longtemps, nous permet de profiter au mieux du film. Les musiques, savamment choisies, alternent grands moments et instants plus posés, collant toujours à ce qui se passe, et souligne toujours à merveille la fraîcheur du film, à l'image du morceau phare, réinterprétation de la chanson "Sing" du groupe des années 70 The Carpenters. Enfin, le doublage japonais est excellent, très vivant et frais, et le choix du casting n'y est sans doute pas étranger, la plupart des doubleurs étant issus de la région de Hôfu, pour coller parfaitement à la région dans laquelle se déroule le film.
Cette réalisation rappelle sans mal certains travaux du studio Ghibli, pour lequel, rappelons-le, Sunao Katabuchi a travaillé. Mais si, en visionnant Mai Mai Miracle, on repense volontiers à une oeuvre comme Mon Voisin Totoro, le film de Katabuchi rappelle pourtant plus les travaux d'Isao Takahata que ceux de Hayao Miyazaki: là où Miyazaki inscrit ses personnages dans des univers très souvent imaginaires, Isao Takahata a tendance à préférer les cadres réalistes. Mais à vrai dire, Mai Mai Miracle arrive à combiner brillamment les deux, l'imaginaire et le réalisme.

Film brillant que Mai Mai Miracle, dont les nombreuses qualités arrivent avec une aisance déconcertante à nous charmer. Chaque année, l'animation japonaise nous révèle quelques pépites, et 2010 ne semble pas déroger à la règle, notamment avec ce Mai Mai Miracle, ou encore Summer Wars. Et si le film de Katabuchi semble destiné à rester dans l'ombre de celui de Mamoru Hosoda, qui fut réalisé au sein du même studio, à la même période mais avec un budget plus conséquent, s'est fait connaître au même moment en France et a droit à une sortie DVD française à la même période, il mériterait pourtant d'avoir tout autant d'honneurs, si ce n'est plus. Assurément un grand film.

Justement, du côté de l'édition DVD, Kazé nous offre un travail satisfaisant. Malgré quelques imperfections par instants, l'image est bonne. Les pistes sonores en 2.0 ou 5.1 sont elles aussi satisfaisantes, et la présence d'un doublage français est un plus clairement appréciable, même s'il se révèle moins vivant que la version originale (difficile de faire mieux). Du côté des bonus, nous avons droit à une interview très intéressante, d'une trentaine de minutes, de Sunao Katabuchi, qui revient sur son parcours et sur Mai Mai Miracle. Le packaging est standard: un boîtier simple protégé par un fourreau, le tout joliment illustré. Face à cette édition globalement bonne et proposée à prix correct, il serait dommage de se priver.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs