Jin Roh - Limitée Numérotée - Actualité anime

Jin Roh - Limitée Numérotée : Critiques

Critique du dvd : Jin Roh - Limitée Numérotée

Publiée le Mardi, 22 Décembre 2009

Japon totalitaire, juste après une Seconde Guerre mondiale où l'Allemagne nazie aurait envahi l'archipel, poursuivant une dérive fascisante et nationaliste. La Posem, une brigade d'élite de répression lourdement armée, tente d'étouffer un début de guerre civile menée par des dissidents. Lors d'une émeute, le lieutenant Kazuki Fuse, une jeune recrue de cette brigade, est confronté à une fillette, « un petit chaperon rouge », transportant une bombe dans les égoûts. Le lieutenant Fuse exécute les ordres... Il ne s'en remettra pas. Mais les apparences sont trompeuses et tout n'est pas aussi simple...

Jin-Roh, la brigade des loups, est un film d'animation japonaise sorti en 1999, réalisé par Hiroyuki Okiura (character-designer sur les deux volets de Ghost in the Shell) et scénarisé par Mamoru Oshii (réalisateur sur les Ghost in the Shell).
En tant que scénariste, Oshii a voulu calquer la symbolique du film sur une logique inversée de celle du conte occidental le petit chaperon rouge (la narration est axée sur le loup). Cette idée n'est cependant que sous-jacente puisque les thèmes principaux du film sont la recherche du pardon et le contre-espionnage. Mais la force de Jin-Roh est de proposer plusieurs niveaux de lecture/compréhension, le spectateur devant aller plus loin que les apparences.
Au départ, on croit avoir affaire à une banale rédemption de soldat... mais ce n'est clairement pas le cas.
Les réalisateurs ont adopté une démarche qui trompe le spectateur tout au long du film : la fin n'en est que plus grandiose.
Cette démarche consiste à baser un scénario complexe sur un rythme d'une lenteur affligeante. Oshii appose ainsi sa marque de fabrique. Jin-Roh apparaît de prime abord comme une oeuvre contemplative qui déplaira à bon nombre de personnes.
Et si l'on ne doit retenir qu'une seule chose de Jin-Roh, ce qui serait un tort tant il est riche, c'est bien ce mélange entre rythme lent et scénario complexe qui permet de mener le spectateur en bateau.
On s'ennuierait presque pendant tout le film, malgré les scènes d'action. On ne voit pas où les créateurs veulent en venir, on se contente d'observer pendant un long moment des personnages qui souffrent et des intrigues géopolitiques. Or, le scénario révèle toute sa puissance, telle une vague, en quelques minutes seulement. Comment ? Grâce à une fin qui sublime et transcende littéralement l'ensemble du film en lui donnant tout à coup un sens, clair et net. C'est là que l'on se rend compte que Jin-Roh apporte quelque chose au domaine du cinéma, pas seulement au domaine de l'animation. Oshii parvient à captiver le spectateur tout au long du film en dépit d'une certaine lassitude. Au moment où cette lassitude atteint son paroxysme, Oshii nous livre les explications dans une scène magnifique, pleine de sensibilité et de souffrance. Une leçon de cinéma, reconnue par les critiques mais malheureusement inconnue du profane.
Pour garder le spectateur concentré malgré un rythme particulier, les scénaristes ont su développer un personnage principal passionnant.
Soldat silencieux, mystérieux, on irait même jusqu'à dire apathique, Fuse apparaît déshumanisé. Son caractère ne change qu'en toute fin du film, et ce revirement de situations joue incontestablement dans la puissance de ce final.

Au titre de l'ambiance, pour le moins oppressante, des rapprochements peuvent être faits avec le Tombeau des lucioles de Isao Takahata (pour le côté contemplatif, la prédominance des couleurs chaudes et suintantes) ou avec Perfect blue de Satoshi Kon (pour les hallucinations, le rythme). Le film reste cependant ancré dans la tradition des films d'anticipation, avec quelques scènes de combat jouissives, métaphores du chaos et de la violence. Ces scènes apparaissent d'autant plus impressionnantes puisqu'elles interviennent pour briser le flux de contemplation passive caractérisant le film.

La manière d'explorer les sentiments des personnages de manière très lente, les rouages d'un scénario difficile à saisir, l'ambiance magistrale font donc de Jin-Roh un chef d'oeuvre.

Quid alors du graphisme ? Okiura adopte un style que l'on avait déjà entre-aperçu dans Ghost in the shell lors de la balade en bateau, et qui est totalement absent de Innocence : les couleurs sont très ternes, les décors détaillés.

Niveau édition, ce collector nous gâte.
On a droit à 2 DVD, bien au chaud dans en digipack argenté. Le premier DVD contient le film. L'image a été restaurée et cela fait plaisir aux mirettes ! Aucun problème de son à signaler. Les scènes d'action déploient toute leur intensité même avec un faible matériel hi-fi. La VO est préférable à la VF, même si cette dernière reste un cran au-dessus des autres productions. Le deuxième DVD contient les suppléments pour plus de 1h10 de visionnage ! Interviews, documentaire, le travail effectué permet de pousser la réflexion encore plus loin, et de voir en Jin-Roh des interprétations diverses.
Ce coffret nous offre en plus 6 cartes postales classieuses, un poster, le CD de la bande originale du film et enfin un morceau de la pellicule originale (35 mm). Imaginer l'ensemble de la pellicule disséminée dans chaque coffret donne envie de se procurer tous les autres ! Cela permet de personaliser le coffret de chacun, ce qui est une initiative vraiment sympa.
On pourra regretter que le coffret ne soit pas dépliable ou mieux ordonné. En effet, il s'agit d'un coffret où tout ce contenu magnifique se retrouve en vrac.
Notons que cette édition est toujours disponible sur le marché fin 2009, à un prix très réduit par rapport à celui pratiqué à sa sortie. Un collector de cette qualité-là pour un film grandiose, il ne faut pas hésiter !

Il n'est pas étonnant de retrouver ce film au panthéon des chefs d'oeuvre de l'animation, au côté des Akira, Ghost in the Shell et autres Miyazaki, même si ce Jin-Roh se montre beaucoup plus discret.
Jin-Roh est une oeuvre forte, présentant un traitement des personnages, du décor et de l'ambiance à nul autre pareil.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith

19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs