Ghost in the Shell - Film 1 (Pathé) - Actualité anime
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Ghost in the Shell - Film 1 (Pathé) : Critiques

Critique du dvd : Ghost in the Shell - Film 1 (Pathé)

Publiée le Samedi, 12 Décembre 2009

Années 2030, Japon. Les frontières entre l'Homme et la machine sont abolies. Le major Motoko Kusanagi, femme cyborg, est membre de la section 9, une unité anticriminelle d'élite. La section 9 est chargée de traquer un hacker connu sous le nom de Puppet Master (le Marionnettiste), qui semble être un projet d'une autre section qui aurait mal tourné... Le Puppet Master peut prendre le contrôle de l'esprit de tout humain ou cyborg par l'intermédiaire du Réseau numérique mondial (l'internet des années 2030). La section 9 finit par découvrir que le Puppet Master n'est pas une personne physique mais une Intelligence Artificielle qui a développé, pour la première fois, une conscience. Cela remet en cause une des spécificités de l'être humain : la conscience de soi. Le Puppet Master ne souhaite pas se multiplier tel un virus mais créer une nouvelle forme de vie unique en fusionnant les ghosts (=âme/esprit). Le major Kusanagi, qui doute de son identité, semble être le sujet idéal en vue de créer ce nouvel être.
Trois types d'êtres se côtoient dans ce Japon futuriste. Les Humains non-améliorés, qui sont devenus peu nombreux. Les androïdes, qui sont des machines à part entière, humaines seulement en apparence. Enfin, le cyborg (comme le major Kusanagi) est une créature issue de la fusion entre la machine et l'organique : il possède toujours des organes humains (dont le cerveau), enfermés dans un corps artificiel où les circuits électroniques se faufilent entre les vaisseaux sanguins. On comprend le questionnement de Kusanagi sur son identité... Quel degré d'humanité subsiste dans ces circonstances ?

Sorti en 1994 et réalisé par Mamoru Oshii (qui réalisera quelques années plus tard le non moins réussi Jin-Roh), Ghost in the Shell a un grand impact dans le monde de l'animation voire plus généralement dans le monde du cinéma.
Ghost in the Shell arrive quelques années après Akira et revient à la quintessence d'un genre sous-estimé : le cyber-punk. Le cyber-punk, sous-genre de la science-fiction présentant des personnages désabusés, des univers futuristes et pollués où la technologie a pris le pas sur l'Homme, une criminalité qui explose, des organismes qui tentent de contrôler les masses, des complots visant à mener à la fin du Monde, des décors froids et hyper-industrialisés.
Ghost in the Shell peut être considéré comme le second film, après Akira, qui vient redynamiser l'industrie de l'animation japonaise et lui apporter un second souffle, après des années 70 marquées par les adaptations animées des mangas de Osamu Tezuka.
En plus de cela, Ghost in the Shell s'impose en Occident et sert de tremplin à la culture japonaise encore méconnue. L'Occident découvre le talent des Japonais pour la forme (l'animation 2D ultradynamique) et le contenu (un scénario riche). Dans le genre cyber-punk, il n'est pas exagéré d'affirmer que Ghost in the Shell prend la relève après des films américains tels que Tron ou Blade runner, et fait office de précuseur pour Matrix.
L'impact de Ghost in the Shell est donc tout à la fois économique, culturel et idéologique.

Pour l'époque (début des années 90), Ghost in the Shell est une prouesse technique. Et le mieux, c'est qu'encore de nos jours, le film impressionne. Cela n'a quasiment pas vieilli, ce qui est extrêmement rare !
Les scènes d'action sont nombreuses, le dynamisme passe par les innombrables trouvailles nécessaires à l'illustration d'un monde futuriste : camouflage thermo-optique, réseau numérique mondial (l'internet des années 2030 permettant aux cyborgs de se contacter par la pensée), des armes en pagaille, les balles High-speed donnant lieu à certains des meilleurs gunfights que l'on puisse voir dans un film d'animation. Il faut être honnête, quel animé a fait aussi bien depuis ? Même pas sa suite !
Le rythme est effréné mais reste en parfait équilibre avec le développement du scénario, qui passe par des scènes de dialogues plus posées. Le film n'est en aucun cas prévisible et les retournements de situation nombreux.

Hormis l'aspect graphique incontestablement réussi, Ghost in the Shell se pose comme un trip métaphysique, rempli de philosophie dans son sens le plus noble.
Se concentrant sur la psychologie du major Kusanagi, le film soulève une problématique récurrente : dans une société ultra-robotisée où les frontières entre Hommes et machines sont inexistantes, qu'est-ce finalement qu'un être humain ? A partir de là, les questions sous-jacentes sont légions.
Au titre du scénario, comme sur le plan graphique, le film regorge de scènes cultes. Outre les scènes de combats révolutionnaires, une scène dans les fonds marins et une scène de promenade dans les canaux de Neo-Tokyo apparaissent comme deux métaphores des interrogations de l'Homme.
Devant tant de richesse, les interprétations sont multiples, comme en témoigne le titre-même du film finalement...

Puisque graphisme et scénario sont au plus haut niveau de qualité possible, il ne manquait que l'aspect sonore pour parachever cette oeuvre. Encore une fois, des scènes d'anthologie sont demeurées dans l'esprit des cinéphiles et sans nul doute des non cinéphiles.
L'opening de Ghost in the Shell notamment est très connu. Il présente le passage du major Kusonagi de l'état humain à l'état de cyborg, le tout sur des choeurs très aigus. La musique du combat final, dans le même genre, est incroyable. Grave et froide, cette musique comprend une nouvelle fois des choeurs, et est projetée sur le duel entre un cyborg contre un tank (comment louper ceci, et cela date des années 1990 !).
Le doublage japonais est de rigueur. Mais encore une fois, on est surpris devant la qualité de la version française, qui s'en tire étonnamment bien ! (le doublage français de Batô n'est autre que la voix de Daniel Beretta, voix de brute de Terminator, qui sied parfaitement au personnage).

On soulignera que l'édition surannée ne rend pas hommage au film : qualité d'image faible, bonus insignifiants mais son plutôt satisfaisant. Une édition en HD (ce qui ne saurait tarder, le Blu-ray est prévu) est susceptible de donner une seconde jeunesse à ce film, même si paradoxalement, il n'a clairement pas vieilli !

Ghost in the Shell est un film culte. Ce qui est facile à dire mais tout à fait justifié.
Culte. Pourquoi ? Simplement parce que tout public peut y trouver son compte et que le sujet traité est universel et intemporel, puisque traitant des réflexions sur l'Homme et la machine. Chacun y décèle des éléments de compréhension ou d'interprétation différents. Chacun y perçoit son expérience et conçoit l'avenir à sa manière. Le sujet traité est plus que jamais d'actualité (et le sera encore plus dans quelques années). Culte signifie ici qu'il n'est pas envisageable de passer à côté de ce film, qui est l'illustre représentant de son genre, qui est le précurseur de nombreux films plus connus mais qui pourtant n'ont rien inventé.
Ghost in the Shell réussit là où d'autres échouent : Oshii et son studio distillent ce qu'il faut de nouvelles technologies, ce qu'il faut d'interrogations et restent toujours concentrés sur leur sujet tout en multipliant les voies de compréhension possibles. La dose action/réflexion est de surcroît parfaite, l'animation impressionnante toujours aujourd'hui.
Comment considérer ce film comme pompeux et prétentieux ? C'est impossible.
Ghost in the Shell est LE film sur les rapports de l'Homme avec son environnement mécanisé.
Maîtrise, équilibre, richesse : Ghost in the Shell a tout d'un grand film.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith

18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs