Evangelion: 3.33 you can (not) redo - VOSTF - Actualité anime

Evangelion: 3.33 you can (not) redo - VOSTF : Critiques

Critique du dvd : Evangelion: 3.33 you can (not) redo - VOSTF

Publiée le Mardi, 16 Juillet 2013

Ah, Evangelion... Nous attendions ton retour depuis déjà presque trois ans, après que tu sois parti avec perte et fracas, nous laissant sur une dernière image hallucinatoire. Nous pensions tout connaitre de toi, de tes codes, de tes héros, de tes délires philosophiques, mais tu nous est revenu en fanfare dans une seconde jeunesse salutaire. Le grand écran te sied bien, t'a offert de nouvelles ambitions, et t'a permis de rompre avec tout ce que nous connaissions. Il était difficile de ne pas essayer de prendre de tes nouvelles, de retrouver la direction vers laquelle tu t'étais égarée. Te revoilà enfin, mur de quelques années supplémentaires, mais avec tout à prouver, comme au premier jour. Cette crise existentielle t'aura-t-elle été salutaire ? Quel est donc ce nouveau visage, rempli de cicatrices, que tu nous présentes aujourd'hui ?



Il semble difficile, pour ne pas dire impossible, de planter le décor de You can (not) redo, troisième volet du projet Rebuild of Evangelion, sans dévoiler la moindre partie de l'intrigue. Aussi, pour ceux qui voudraient conserver leurs yeux chastes jusqu'au visionnage, nous vous conseillerons de sauter directement au paragraphe suivant. Il faut dire que l'incroyable conclusion du second opus, détruisant les fondamentaux de ce que l'on pouvait connaitre de la saga, ne laissait qu'une possibilité : une direction totalement inédite, dans un monde post-apocalyptique. Et pour briser tout espoir de restituer l'intrigue d'origine, quoi de mieux qu'un bond dans le temps ? L'histoire de ce troisième opus commence ainsi quatorze ans après la fin du précédent (soit le même intervalle de temps qui séparait le second impact du début de l'histoire). A bord de leurs machines respectives, Asuka et Mari retrouvent enfin l'Eva-01 dérivant dans l'orbite terrestre. C'est là l'occasion de rendre vie à Shinji, mais son réveil n'est pas propice à la fête. Très vite, le jeune homme comprend que les choses ont bien changé, et en retour, on ne lui offre qu'un regard accusateur. Désigné comme responsable du troisième impact et abandonné de tous, Shinji ne peut plus se rattacher qu'à une seule chose : la conviction d'avoir sauvé Rei, même si la demoiselle n'est jamais réapparu... Mais c'est alors que la voix de cette dernière résonne dans son esprit.



Avec le premier volet, on passait un coup de balai sur la licence. Avec le second, on déplaçait quelques meubles. Mais avec le troisième, on rase complètement la maison ! Tout est à refaire, à réapprendre, à redécouvrir... mais en aura-t-on seulement le temps ? Hideaki Anno nous met aux côtés de notre héros et nous lance droit dans la bataille, sans un mot d'explication. On retrouve rapidement quelques têtes bien connues en toisant les marques des années passées, on en croise de nouvelles, et on cherche d'autres étrangement absentes... Mais pour en savoir plus, il faudra prendre son mal en patience, car la guerre n'attend pas. Et c'est seulement après vingt-cinq minutes d'action non-stop, de jargon technique dans tous les sens, d'interrogations sans réponses et de premières réactions estomaquées qu'enfin, nous commencerons à comprendre quel délire nous attend. Pourtant, c'est dans ce fugace instant de calme que naîtra la plus grande incompréhension du film, à l'endroit que nous pouvions le moins soupçonner...



Car si Evangelion est une mine de questions sans réponses, faisant naître toujours plus de débats intemporels parmi les fans, la profondeur des personnages est quant à elle un des piliers fondamentaux de la série, auquel on pouvait toujours se raccrocher... Jusqu'à ce film. Outre une Asuka encore plus vindicative qu'à l'accoutumée, nous nous inquièterons rapidement de l'attitude de Misato, enfonçant son ancien petit protégé alors qu'elle le soutenait encore à pleine voix à la toute fin du second volet. Plus généralement, chaque protagoniste de cette nouvelle équipe s'enferme dans un cliché monodimensionnel, ne laissant paraitre aucune ouverture. On soupçonnera alors qu'il s'est passé des choses horribles au cours de ces années oubliées... le film n'en dira rien. Ce regrettable mutisme ne semble avoir qu'un seul but, scénaristique : pousser Shinji à fuir ses juges au plus vite, pour rejoindre un autre camp plus bienveillant, avec en tête l'empathique Kaworu.



Kaworu qui, comme l'explicite l'affiche, est au centre de ce film, servant tant de guide à notre héros que de véritable ami, et plus si affinités. A chaque nouvelle adaptation, le rôle de cet énigmatique protagoniste s'étoffe un peu plus, et le second acte du film prend son temps, au prix de quelques séquences contemplatives, pour construire la relation les unissant et pour justifier la confiance mutuelle qui les anime. Face aux conséquences de ses actes, à de troublantes révélations, à ses anciens compagnons l'ayant cloué au pilori et à une Rei qu'il ne reconnait plus, Shinji se perd dans la nuit et Kaworu est son seul phare. Ce lien, cette symbiose parfaite, sera au cœur même de l'intrigue lors de la dernière partie du film. Eh oui, déjà la fin se fait sentir, comme le temps passe...



La gestion du temps, là est bien le problème du film. Amputé de quarante-cinq minutes par rapport à l'opus précédent, Evangelion 3.33 revient à la durée du premier film. Hélas, nous aurions voulu ici beaucoup plus d'espace pour comprendre tout ce qui se déroule sous nos yeux écarquillés. Chaque plan amène son lot d'étonnement, chaque réplique suscite l'incertitude, et l'on a pas le temps de digérer la précédente information que déjà dix autres sont arrivées. Cela est d'autant plus handicapant que le film assume la carte de la surenchère, avec un nombre d'Evas en augmentation exponentielle et une mise en scène déroutante. Et l'on ne parle ici que du fond, car dans la forme, la Khara continue son ascension avec des effets infographiques repoussant encore les limites de l'animation japonaise. Mais hélas, cela passera parfois par une baisse de la lisibilité de l'action, accentuant l'incompréhension générale. On ressortira ainsi du film comme d'une gigantesque machine à laver : noyé, balancé dans tous les sens, lessivé, essoré.



Avant de conclure, le mot de rigueur sur l'édition, bien qu'il n'y ait pas grand-chose à dire : en effet, cette version limitée est orientée à destination des plus impatients, et se contente donc du strict minimum. Une initiative déjà éprouvée par Dybex par deux fois, et qui propose une alternative intéressante, en attendant un contenu plus conséquent. Le film nous est donc proposé uniquement en vost, en son 2.0 ou 5.1. Les sous-titres sont de bonne facture, ce qui n'est pas un mal au vu des nombreuses subtilités parsemées dans les dialogues...



Avec ce troisième volet de la tétralogie Rebuild of Evangelion, les puristes de la saga originale crieront sans nul doute à l'hérésie... et on ne peut leur donner tort. Car si les ambitions de ce reboot sont de plus en plus séduisantes au fil des chapitres, l'œuvre se trahit sur bien des points, en particulier face à des personnages qui ne sont plus que les ombres de ceux que nous avons connu. Si l'on retrouve par endroits des marqueurs lointains de la première série, qu'il s'agisse des éléments visuels, des musiques réorchestrées, ou même de l'intrigue, difficile de retrouver les valeurs d'antan dans cet opus, qui aurait mérité un bien meilleur traitement. Et au final, c'est paradoxalement dans son ventre mou que le film séduit le plus, construisant une relation souvent fantasmée, et sortant des combats assourdissants où l'on se contentera de s'extasier bouche bée devant les folies visuelles de Hideaki Anno. Il ne manquait pourtant pas grand-chose pour hisser ce film au niveau du précédent : seulement un peu de temps supplémentaire, pour que Shinji puisse comprendre les motivations de chacun et écouter son libre arbitre, plutôt que de suivre un chemin tout tracé par un manichéisme rare. Mince est la frontière entre le chef-d'œuvre et le fiasco, et l'on se prend alors à vouloir une seconde lecture, à réécrire les passages les plus obscurs,... bref, à refaire le monde. Mais hélas, nous étions prévenus : we can (not) redo !

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

13 20
Note de la rédaction