Entre chien et loup - Actualité anime

Critique du dvd : Entre chien et loup

Publiée le Vendredi, 02 Mars 2012

À l’instar des films Failan ou Le vieux jardin, Entre chien et loup traite de la séparation de la Corée et de la douleur qu’elle engendre et au même titre que ces deux films, il possède une esthétique et une narration bien affirmées.

Au-delà de la thématique historique et politique le cinéaste Jeon Soo revendique son amour du cinéma par son double fictionnel dont il fait un cinéaste en butte aux difficultés financières, mais aussi par ses inspirations : sa narration emprunte à la nouvelle vague, beaucoup de silences et lorsque les dialogues apparaissent, ils sont poignants, fulgurants et habités par la douleur et le besoin d’aller à l’essentiel.

L’esthétique est influencée par le cinéaste russe Andreï Tarkovski, habitée par des paysages désolés et silencieux qui servent de point d’ancrage lors de longs plans séquences travaillés comme des tableaux. La direction de la photographie est une des forces du film: l’image bleutée et sombre illustre le titre du film puis progressivement les paysages enneigés prennent la place. Le bruit de la mer est comme un leitmotiv mais ne suffit pas à apaiser la douleur muette des personnages en quête d’une réunification qui ne viendra jamais.

Le cinéaste cherche à renouer les fils d’une mémoire lacunaire. Son film se définit comme une méditation sur l’absence et la séparation que seuls les rituels empruntés au chamanisme permettent de combler, un remède contre l’oubli. Le jeu des comédiens est volontairement minimaliste comme si toute dramatisation était inutile et alourdirait la force du propos. Le film est une métaphore sur un pays divisé par l’histoire, des personnes engluées dans la douleur et leur solitude qui n’arrivent pas à se rejoindre ou à communiquer à l’image du non couple du film et qui n’ont que leurs souvenirs pour survivre. Ce n’est donc pas un hasard si le personnage principal s’accroche à ses souvenirs d’enfance, en retournant dans sa ville natale il constate que celle-ci est en proie au changement et que son quartier va être détruit.

S'il parvient à retrouver la boutique de son père photographe avec à l’intérieur autant de vestiges d’un passé à la fois et douloureux et heureux, pour autant il ne retrouve la maison de son enfance, sa quête vire à l’obsession puis à l’échec, un échec qui rejaillit sur les autres protagonistes du film comme une métaphore de l’impossibilité des retrouvailles. Le spectateur comprend pourquoi le fils de photographe est devenu cinéaste: fixer la mémoire de peur qu’elle ne s’échappe.

Entre chien et loup doit être compris autant comme un film autobiographique et une réflexion sur l’histoire qui ne cesse d’être conjuguée au présent pour les Coréens du sud et les réfugiés de Corée du Nord et qui par ses partis esthétiques et narratifs revendique aussi son amour du cinéma. Signalons que le DVD est édité en partenariat avec les rencontres cinéma.


Lady Musaraki
Critique 1 : L'avis du chroniqueur


15 20
Note de la rédaction