Disparition d'Haruhi Suzumiya (la) - Actualité anime

Disparition d'Haruhi Suzumiya (la) : Critiques

Critique du dvd : Disparition d'Haruhi Suzumiya (la)

Publiée le Lundi, 30 Avril 2012

Il y a des fois où on voit les choses venir. C’est un sentiment pas toujours très agréable dans le domaine de la fiction, que ce soit dans les séries TV, le cinéma, l’animation, la bande dessinée. Beaucoup, par exemple, renient les blockbusters américains, car ils imaginent de gros moyens techniques mais craignent l’absence de scénario intéressant. Et c’est souvent à raison. En matière d’animation ou de manga, il est de coutume de dire que c’est l’original qui est meilleur que son adaptation. C’est aussi souvent véridique, car le créateur original a les idées claires sur ce qu’il veut faire, plus que celui qui adapte. Et bien entendu, on a tendance à voir venir le type d’anime qui sortira de certains studios.

Donc, si je vous dis KyoAni ? Vous pensez à « moe », « histoires de lycéens ». Maintenant, si en plus, vous n’aimez pas le studio, vous allez me dire « scénario faiblard », « fan-service », … Donc, quand on pense à un film sur Haruhi Suzumiya, on a tendance à faire rentrer tous ces stéréotypes dans le même panier, en se disant en plus que c’est un énième dérivé pour soutirer de l’argent à l’otaku moyen. Et bien… quelle erreur ! Une des caractéristiques sus-citées ne peut pas être imputée à KyoAni cette fois-ci : scénario faiblard. Le scénario de la Disparition d’Haruhi Suzumiya ne paye pas de mine à première vue, mais vaut largement le détour, et ce n’est pas la seule qualité de ce film !

Petit rappel sur l’univers d’Haruhi : à la base une light novel au Japon, l’adaptation animée de la licence a remporté un franc succès. Elle s’est vue déclinée en deux saisons. L’histoire raconte le quotidien de la brigade SOS, un club du lycée Kita qui s’intéresse aux phénomènes paranormaux. La chef du club est Haruhi Suzumiya, une lycéenne exubérante que tout le monde prend pour une folle. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est vraisemblablement Dieu et que selon l’humeur qu’elle a, elle peut entrainer la destruction du monde. C’est pour cela que les autres membres de la brigade veillent sur elle afin qu’elle soit suffisamment heureuse pour que le monde puisse continuer d’exister. Ces autres membres sont d’ailleurs des êtres surnaturels (un esper, une intelligence artificielle extraterrestre, une envoyée du futur), mis à part Kyon, le narrateur de l’histoire, qui est un lycéen normal.

Le synopsis du film : Noël approche et la brigade SOS du lycée Kita veut organiser un évènement pour l’occasion. Haruhi, comme à son habitude, contraint tous ses membres à prendre part à la fête, y compris le narrateur cynique et blasé de l’histoire : Kyon. Alors que tout venait d’être décidé, Kyon rentre chez lui et s’endort, comme d’habitude. A son réveil, il se rend au lycée comme tous les matins, et constate une chose incroyable : tout le monde semble avoir oublié l’existence d’Haruhi Suzumiya. Ces amis qui étaient censés être des êtres surnaturels sont désormais des lycéens tout ce qu’il y a de plus normal. En réfléchissant bien, Kyon constate qu’il se situe dans un univers parallèle où plusieurs éléments ont été modifiés par rapport à sa réalité. Malgré la lassitude qu’il éprouvait à côtoyer Haruhi Suzumiya, il préfère essayer de la retrouver dans ce monde afin de pouvoir retourner dans sa dimension.

Si la base du scénario ne parait pas foncièrement originale, il ne faut pas s’y fier. Pendant plus de deux heures trente de films, on a droit à des péripéties qui maintiennent le spectateur en haleine. D’autant plus que le sujet choisi ici peut s’avérer très passionnant, à savoir une histoire de réalités alternatives couplée à des voyages dans le temps. Tout le long du film, on cherche bel et bien à savoir ce qu’il s’est passé, et les auteurs du scénario n’ont pas manqué d’idées pour nous perdre dans l’histoire et ainsi la rendre complexe. L’un des arguments qu’avance d’ailleurs les détracteurs de la saga Haruhi Suzumiya, c’est son côté « terre-à-terre ». Si Haruhi Suzumiya est Dieu, si elle est secondée par un Esper, une extraterrestre et une envoyée du futur, si elle peut provoquer des trous dans le continuum espace-temps, pourquoi 75 pourcents de la série parlent du lycée, d’activités de club, de cours ? Ici, le cadre de l’histoire est aussi le lycée, mais pourtant le scénario est assez bien narré pour que cette fois, le côté mystique saute aux yeux du spectateur. Et ça, c’est un argument de choc pour ces détracteurs de la série.

Une autre chose qui frappe, c’est que ce film possède un côté contemplatif qui aide le spectateur à mieux rentrer dans l’intrigue. Les gestes des personnages sont extrêmement détaillés, l’absence de bande sonore par moment renforce le côté calme du film, et bien sûr, Kyon, en tant que narrateur, nous parle de tout ce qui lui passe par la tête : ses sentiments, ses théories, ses souvenirs. Tout n’est pas mécanique dans ce qu’il dit, et donc, les scénaristes ne nous emmènent pas droit au but via ses paroles, ce qui donne une impression d’étalement de l’histoire. Le film est long, on le ressent, mais ce n’est pas ennuyeux pour autant. On vit vraiment l’histoire à travers les yeux de Kyon.

Le final est un peu tiré par les cheveux sur certains points, mais ce n’est pas ça qui gâche le plaisir.

D’un point de vue technique, l’animation est exemplaire, comme souvent dans les films dérivés d’une série. Rares sont les plans fixes de plus de trois secondes. Pour les décors, les studios semblent avoir utilisé des plans vidéo mélangés à des dessins, le résultat est du plus bel effet. Le style graphique des personnages reste ce qu’il a toujours été : moe au maximum, avec des personnages féminins aux yeux énormes.

Cerise sur le gâteau, Kazé nous gratifie d’une édition DVD très bien fichue. Outre la qualité tout à fait correcte de l’image et le doublage français de qualité, le disque bonus contient deux heures de documentaires. Au travers d’un making-of très complet, on peut constater le souci du détail qu’on eu les réalisateurs, demandant la moindre modification sur des points graphiques, musicaux, ou sonores. C’est très instructif, même si ça manque un peu de punch.

Comment définir ce film au final ? Disons qu’à condition d’avoir vu les deux saisons de la série, qu’on les ait appréciées ou pas, ce film à beaucoup de choses pour séduire. Il est en quelque sorte l’aboutissement du travail des réalisateurs de la série. Jamais la mythologie Haruhi Suzumiya n’a été aussi bien utilisée.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru

17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs