20th Century Boys - Film 1 - Collector - Actualité anime

20th Century Boys - Film 1 - Collector : Critiques

Critique du dvd : 20th Century Boys - Film 1 - Collector

Publiée le Lundi, 31 Août 2009

Avec ses 25 millions d’exemplaires vendus de par le monde, 20th Century Boys est un manga qui est devenu un véritable best-seller et s’est hissé au rang d’œuvre culte en très peu de temps. Ainsi, dès sa création en 1999, il a souvent été question d’une adaptation cinématographique. Cependant l’auteur, Naoki Urasawa, et son co-scénariste, Takashi Nagasaki, ont préféré attendre la fin de leur histoire pour envisager cette idée. Il faut dire que l’enjeu est de taille, devant la complexité de cette histoire, qui se déroule sur plusieurs époques à 50 années d’intervalle, dans différents pays, et qui fait apparaître de nombreux personnages. Au final, c’est le célèbre réalisateur Yukihiko Tsutsumi, déjà connu pour certaines adaptations (Bakayaro, Les enquêtes de Kindaichi, et prochainement Beck), qui décidera de relever le défi, bénéficiant alors du plus grand budget de l’histoire du cinéma japonais : pas moins de 45 millions d’euros ! Le choix d’une trilogie apparaît alors tout naturellement, pour pouvoir adapter la série de 24 tomes sans avoir à la dénaturer par trop de raccourcis.



Le premier volet de cette trilogie, « L’avènement », est apparu dans les salles obscures nippones le 30 aout 2008, mais a également bénéficié d’une avant-première mondiale sur Paris, quelques jours auparavant. Il était donc logique d’espérer une sortie française, et elle a bien eu lieu six mois plus tard, le 14 janvier 2009, mais malheureusement, le très faible nombre de copies disponibles et de salles projetant le film n’ont pas pu contribuer à sa popularité. Mais à présent, sa sortie DVD permettra à tout fan de la série de retrouver ce film sans avoir à faire des kilomètres pour trouver un cinéma le diffusant ! Un cours de rattrapage nécessaire, car il est intéressant de noter que cette sortie est jumelée avec l’apparition du second volet au cinéma.



Mais pour ceux qui ne connaitraient pas encore l’histoire, un petit résumé s’impose ! Comme son nom l’indique, 20th Century Boys (qui est également le titre d’une chanson de T-Rex) parle du destin de héros ordinaires nés dans la moitié du XXème siècle. En 1969, l’exposition universelle d’Osaka est en préparation, et l’Homme vient de poser un pied sur la Lune. Nourrie par les évolutions de ce monde et par des histoires de science-fiction relatée dans certaines bandes-dessinées, une bande de gamins menée par Kenji se met à rêver d’une histoire future où ils seraient des héros, réunis sous un même emblème symbolisant leur amitié, sauvant l’Humanité face à une terrible organisation maléfique. Dans leur base secrète, qui est une cabane faite d’herbes tressées dans un terrain vague, ils imaginent et relatent cette histoire dans un cahier de prédictions. Mais les années passent, et les rêves d’enfants s’envolent bien vite. En 1997, on retrouve Kenji qui est devenu un simple gérant de superette, tout en jouant la baby-sitter pour sa nièce, Kanna. Cependant en cette fin de siècle, des évènements troublant viennent perturber le monde : épidémie mystérieuse en Afrique, disparitions, attentats… c’est alors que Kenji se rend compte peu à peu que tout ceci lui rappelle étrangement les prédictions qu’il avait décrit dans sa jeunesse ! Qui donc est ce fameux AMI, qui utilise ses souvenirs d’enfants pour provoquer le chaos ? Kenji pourra-t-il sortir de sa vie modeste pour accepter son destin et sauver le monde ?



Ce simple résumé permet déjà de se rendre compte de la complexité de l’œuvre, où la nostalgie d’une enfance révolue côtoie aisément des complots de grande envergure et une ambiance apocalyptique. Afin de ne pas dénaturer l’œuvre originale, Yukihiko Tsutsumi n’a pas hésité à suivre très fidèlement le manga, en l’utilisant comme un véritable story-board. Ainsi, certaines scènes du manga sont suivies au plan près, et tout fan du manga ne pourra qu’être comblé par la perfection de l’adaptation ! Le casting, par exemple, est une véritable merveille, les différents acteurs ressemblant parfois trait pour trait aux personnages qu’ils incarnent ! Mention spéciale à Otcho, Yoshitsune et Maruo ! Les décors du manga sont tout aussi fidèlement reproduits, et on s’émerveillera de voir les lieux et scènes mythiques (la supérette de Kenji, le concert au Budokan) prendre vie devant nos yeux ébahis. Les séquences mettant en scène les héros dans leur jeunesse sont particulièrement réussis, et savent retranscrire la même nostalgie que dans le manga, où à la manière du film Stand by me.



Nous sommes donc indéniablement devant une excellente adaptation de l’œuvre de Naoki Urasawa. Hélas, à trop vouloir respecter cette dernière, ce choix s’avère être à double tranchant, car si on peut s’émerveiller de tant de fidélité, les qualités purement cinématographiques en sont lésés ! Car un manga n’est pas un film, et certaines caractéristiques de la version papier deviennent de vrais problèmes devant la caméra, le principal étant le rythme narratif. En 2h20 de film, ce premier volet relate les évènements des cinq premiers tomes du manga, qui permettent surtout de présenter l’ensemble de la situation et les divers personnages, qui s’engouffrent peu à peu dans ce monde qui les dépasse. Le problème survient lorsque toutes ces descriptions se font au détriment de l’action, et ainsi le film souffre de nombreuses longueurs. Paradoxalement, dans la dernière demi-heure, les choses s’emballent soudainement, et cette fois tout va bien trop vite pour que le spectateur néophyte puisse saisir toutes les clés de l’intrigue dans ce moment « charnière » de la série, sans compter que la soudaine surenchère d’effets visuels pourront laisser perplexe, à croire que le réalisateur venait de se souvenir à ce moment là du budget consacré au film et qu’il a tout mis dans les dernières explosions !



L’autre défaut du film, bien que plus mineur, est un manque général de crédibilité. Outre leur surjeu habituel, les différents acteurs ont eu pour motivation de coller parfaitement à leur modèle, même si cela nécessitait de reproduire les mimiques de leurs visages grimaçants. Ainsi, Toshiaki Karasawa (qui joue Kenji) exploite le côté crétin de personnage au début du film de manière trop exagérée, et ainsi on restera d’autant plus perplexe une fois que ce « héros » sera appelé à sauver le monde ! D’autre part, l’ambiance musicale n’est vraiment pas à la hauteur, malgré la présence des titres évoqués dans le manga (« 20th century boys » bien sur, mais également « Like a Rolling Stone » ou encore « Bob Lennon », la chanson de Kenji). Certaines mélodies sont plombantes par l’effet sentimental (drôle, larmoyant, mielleux, épique,…) qu’elles imposent aux spectateurs et font alors plonger des scènes importantes au niveau d’un téléfilm catastrophe de seconde zone ! La palme revient d’ailleurs au thème d’Ami, qui non content de provoquer un certain malaise, est tout simplement inaudible, une sorte de mélange entre une sirène de police et une fraise de dentiste !



Ainsi, tous ces défauts contribuent à dénaturer certaines scènes fortes du manga, en frôlant parfois le registre de la parodie malgré elle, et en apportant un cachet pathétique au film. Pourtant, on s’étonne à excuser ces quelques maladresses, car ce côté pathétique est justement une des forces de la série : des personnes ordinaires qui se retrouvent dans une destinée qui les dépasse, et qui doivent sauver le monde avec le peu de forces qu’ils peuvent avoir. Sans atteindre le même impact que le manga, cette ambiance est tout de même particulièrement touchante et saura même susciter l’attente de la suite de cette trilogie avec impatience ! Les fans du manga ne peuvent que comblés devant le respect de l’adaptation, tandis que le film reste assez honnête et compréhensible pour les autres spectateurs, qui ne manqueront pas de vouloir découvrir l’œuvre originale.



L’éditeur Kaze n’a pas été avare en bonus pour la version collector de ce DVD : en effet, outre un livret de 20 pages très bien fourni relatant notamment quelques coulisses du tournage, il n’y a pas moins de 2 heures de séquences vidéo supplémentaires ! Tout d’abord, nous trouvons une interview des acteurs principaux, dans les costumes de leurs personnages. Cependant, cette séquence fait quelque peu doublon avec le reportage sur la première japonaise où on les retrouve en compagnie du réalisateur du film et des deux auteurs du manga, mais qui restent hélas trop en retrait. De plus, leur discours promotionnel tourne souvent en boucle, même si la complicité (forcée ?) des acteurs permet de détendre l’ambiance. Néanmoins, le second reportage dédié à l’avant-première mondiale à Paris est autrement plus intéressant ! Outre une conférence de presse un peu morne avec les deux acteurs Toshiaki Karasawa (Kenji) et Takako Tokiwa (Yukiji) se déroulant au Louvre, l’ambiance de la première projection est parfaitement retranscrite et on découvre alors la relation si privilégiée du public français avec cette série mythique et l’univers du manga en général. Les deux acteurs eux-mêmes semblent agréablement surpris face à un tel engouement, porteur d’espoir quant à l’accueil futur des grandes productions japonaises sur le sol français ! Il est toujours aussi dommage qu’après un tel accueil, le film n’ait pu obtenir le succès qu’il méritait en salles, et espérons que cette sortie en DVD lui permette de recevoir les honneurs qui lui sont dus !



Loin des productions hollywoodiennes qui dénaturent les œuvres originales, 20th Century Boys est une véritable réussite dans son adaptation cinématographique, et saura combler les attentes des adeptes du manga original, tout en restant assez accessible pour ceux qui souhaiteraient simplement découvrir cette œuvre majeure. Courez donc acheter ce DVD, avant que la fin du monde ne survienne !
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

17 20
Note de la rédaction