Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Décembre 2025

Ayant perçu chez le brigand Chandragupta des valeurs fortes et quelque part assez similaires aux siennes, Kautilya l'a convaincu de se joindre à lui en vue de créer un monde plus juste via l'unification de l'Inde. Accompagnés de leurs alliés comme Surya, un ami d'enfance de Chandra, ou encore Nazeem, l'ancien recteur de l'université de Taxila, ces deux héros poursuivent désormais leur quête en ayant conscience qu'ils auront forcément besoin d'argent pour faire la guerre contre leurs opposants. Mais en allant à la rencontre de Zamran, un très riche marchand réputé dont ils aimeraient faire leur mécène, ils découvrent un homme loin d'être tout blanc, notamment parce qu'il ose pratique l'horrible commerce d'esclaves.

La vaste première partie de ce deuxième volume est donc vouée à confronter nos protagonistes à ce commerçant dont ils souhaitent obtenir l'aide mais qui, en même temps, pratique une forme de commerce à laquelle ils sont naturellement opposés, dans leur optique de bâtir un ordre nouveau plus juste pour chaque personne. Alors, que feront-ils ? Changeront-ils de cible pour leur recherche d'un mécène, ou tâcheront-ils malgré tout de convaincre Zamran ? Essayeront-ils de lui donner une leçon voire de le changer, ou le laisseront-ils poursuivre ses exactions pour ne pas le froisser ? Les réponses à ces questions se veulent plus nuancées que ça, mais le résultat peine quelque peu à convaincre: Kouta Innami manque effectivement de finesse, les choix stratégiques de Kautilya étant vite vus. Quant au personnage de Zamran en lui-même, il pourra diviser: bien que l'on découvre ici un marchand, ambitieux, calculateur n'hésitant pas à monnayer les vies humaines pour agrandir encore sa fortune déjà phénoménale, et ayant même eu un impact direct sur la décrépitude de l'université de Taxila, le mangaka tend à déballer tout ça à la chaîne et, surtout à en faire des tonnes sur le design sournois de cet homme, en particulier ses yeux qui prennent toujours plus d'ampleur au fil des pages, si bien que ça finit par en devenir un peu ridicule.

Reste qu'une fois cette phase passée, l'auteur enchaîne sans temps morts sur une autre étape où nos protagonistes vont devoir se frotter à des pirates pas comme les autres. En effet, ce qu'ils vont découvrir chez ces bandits des mers va révéler une tout autre réalité qui est liée, une nouvelle fois, aux injustices et inégalités de ce monde qu'ils comptent bien combattre. Sans forcément beaucoup de finesse là non plus, Innami évoque quand même la condition des femmes avec une certaine efficacité, d'autant plus que la situation réveille en Chandra des souvenirs de sa propre mère. Bien que facile, le prétexte est alors tout trouvé pour développer un petit peu plus l'enfance de ce dernier, et en particulier le rôle qu'a eu sa génitrice, une femme forte qui n'a rien lâché face aux ambitions de certains hommes, et qui a sans aucun doute transmis beaucoup de son caractère à son fils.

Au bout de tout ça, quel bilan tirer de ce deuxième tome ? Eh bien, il est assez généreux avec ses 250 pages environ, il tire correctement parti de ses deux protagonistes parfois opposés dans leur approche mais tout compte fait complémentaires grâce à leur objectif commun, il propose des axes d'autant plus intéressants qu'ils permettent à Kouta Innami de souligner certaines choses autour de l'Inde antique (le statut des kinnar, certaines formes de jugement ressemblant à l'ordalie occidentale... le tout avec toujours ce qu'il faut d'astérisques explicatives), et il bénéficie même d'une longue postface du superviseur et professeur Tsukasa Mizushima pour approfondir le sujet... Néanmoins, les limites du mangaka commencent à se faire sentir. Alors que le tome 1 interpellait efficacement via son aspect historique mêlé à une ambiance excessive que le dessin "à la Terra Formars" rendait bien, ici le déroulement manque un peu de nuances, ne prend pas assez de temps sur certains aspects et apparaît un brin trop superficiel... De plus, une fois ce tome refermé, il est désormais quasiment sûr que ce que l'on craignait dès le premier opus arrive, à savoir une non-fin ou alors une conclusion très, très ouverte. Au vu de toutes les vastes ambitions des héros pour unifier l'Inde, unification qui n'est aucunement commencée ici, il faudrait un miracle pour que le troisième et dernier volume parvienne à mettre correctement un terme à tout ça...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction