Chronique Anime - Pokémon - Film 22 - Mewtwo contre-attaque – Évolution- Actus manga
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Dvd Chronique Anime - Pokémon - Film 22 - Mewtwo contre-attaque – Évolution

Dimanche, 08 Mars 2020 à 17h00 - Source :Chronique Animation

A chaque année son film Pokémon, du moins au Japon puisque les sorties françaises se font maintenant de manière plus hétérogène. Mais rares sont les métrages de la série qui auront autant surpris, à leur annonce, que ce 22e opus. Intitulé Mewtwo contre-attaque – Évolution (Gyakushû no Mewtwo Evolution) : , ce dernier n'est ni plus ni moins qu'un remake du tout premier film de la franchise. Il s'agit du second retour aux sources au sein des longs-métrages cinéma après le 20e film qui rebootait les débuts de la série animée, et le premier à s'essayer à l'exercice de la CGI intégrale. Un regard neuf sur un récit qui a marqué l'enfance de beaucoup de fans, aussi le visionnage s'annonçait particulier.

Il n'y a donc rien d'étonnant que Kunihiko Yuyama reprenne la casquette de réalisateur, lui qui l'avait cédé à Tetsuo Yajima sur le film 22, mais se voit ici épaulé par Motonori Sakakibara, un directeur justement spécialisé dans les techniques en CGI intégrale, preuve que les choix du métrage n'ont pas été faits à la légère. Le scénario, nous le devons évidemment au regretté Takeshi Shudô, homme derrière les intrigues et les scripts des premiers films de la saga, mais qui nous a malheureusement quitté en 2010.



Une histoire inchangée

En sa qualité de remake, le film propose logiquement une intrigue au plus proche du métrage de 1998.

Une équipe de scientifique parvient à trouver le saint graal : un cil de Mew, qu'ils utilisent afin de créer un clone du pokémon, mais plus puissant que ce dernier. Ainsi naît Mewtwo, une puissante créature capable de communiquer avec les humains par télépathie, mais qui peine à comprendre sa place dans ce vaste monde. Trahi par ses créateurs, puis par Giovanni de la Team Rocket qui lui a initialement proposé une alliance avant de lui dévoiler qu'il ne faisait que se servir de lui, Mewtwo projette une contre-attaque face au monde.

Peu de temps après, Sacha, Ondine et Pierre reçoivent une étrange invitation venant du « plus puissant dresseur du monde ». Sans le savoir, ils sont sur le point te tomber, eux et une poignée d'autres dresseurs, dans un piège tendu par Mewtwo, bien déterminé à prouver que les clones sont les seuls capables de régner sur le monde...



Une version française un poil éloignée de la version originale

Avant d'aborder le film en lui-même, il convient d'évoquer son adaptation occidentale. A l'époque, Mewtwo contre-attaque souffrait de ce type de problèmes, marqués par une bande-originale différente (ce qui est régulièrement le cas sur Pokémon) et un script s'éloignant, parfois, du texte original. Si le sens global était conservé, plusieurs échanges étaient totalement dénaturés. Aussi, le discours de Mew sur le pouvoir du cœur avait une autre signification en version originale, le pokémon fabuleux prônant plutôt la toute puissance des versions originales par rapport à leurs fades copies. Le côté très mielleux de la version que nous avons connu n'existe pas en japonais, et c'est la même chose pour ce 22e film.

Ainsi, il y a aussi une volonté de remake dans la localisation de l'histoire. Le film, tel qu'on peut le voir sur Netflix, propose une bande-originale différente, mais ce n'est pas le point le plus frappant. A côté, le même script très niais est de mise, avec cette mise en avant du pouvoir du cœur. Certes, le message global reste le discours sur l'égalité des êtres en tant que créatures vivantes, mais il est dommage que de telles retouches soient faites en 2020. Sans doute y avait-il une volonté de coller au script d'époque, comme en témoignent les surnoms donnés par les trois dresseurs secondaires du film à leurs compagnons... qui sont exactement les même que ceux de la version proposée chez nous au début des années 2000.


Un exercice technique réussi...

Le point d'orgue de cette nouvelle vision du premier film vient de sa technique et de sa dimension visuelle. Le pari était risqué, et les premières images ont parfois fait grincer des dents. Mais c'est bien sur le résultat final, et sur l'ensemble du film, que la patte se devait d'être jugée.

On sent alors que le studio OLM a fait appel à un spécialiste de la technique de la CGI, à savoir Motonori Sakakibara. Qu'on adhère ou non au rendu final, car l'appréciation est du ressort de la sensibilité de chacun, force est de constater que le résultat est artistiquement convaincant. Le travail sur les décors est bluffant, plusieurs effets de textures confondant de réalisme, si bien qu'on s'émerveille parfois plus sur les arrières plans que sur le reste. Pour ces qualités, on ne peut que recommander un visionnage sur écran de télévision plus que sur un petit écran d'ordinateur.

Et concernant les personnages, c'est par le style proposé que le film pourra diviser. Il ressort un côté « pate à modeler » de la représentation des figures humaines. Une modélisation qui en rebutera certains mais qui, pour d'autre, imposera un certain charme. Néanmoins, cette esthétique semble facilité l'expressivité des personnages, ce qu'on ressent énormément à travers des figures comme Pierre ou encore Jessie et James. Sur ce plan, le parti-pris semble être une réussite.

Vient alors la représentation des pokémon, pour le coup très inégales. Le bémol vient surtout de quelques effets de textures sur les corps des monstres : si certaines créatures comme Pikachu présentent un duvet convaincant, ou des bestioles imposantes comme Leviator un côté écailleux bienvenue, sans parler de la très réussie crinière flamboyante de Galopa, d'autres monstres souffrent d'un aspect beaucoup trop plastique, donnant l'allure de figures de caoutchouc. Certes, atteindre le niveau du film Détective Pikachu était délicat, le budget entre les deux productions n'étant certainement pas le même, mais la qualité très fluctuante d'un monstre à l'autre a de quoi gêner.


Mais une paresse scénaristique

On pourrait comparer le 22e film Pokémon au récent film Le Roi Lion, remake du métrage de 1995. Car tout comme pour la production Disney, c'est une copie carbone du scénario qui nous est proposée... mais aussi de la mise en scène. Le storyboard de cette nouvelle version du film est parfois calqué sur le métrage d'époque, chose qui se ressent sur énormément de plans majeurs du visionnage. L'idée n'était donc pas de faire évoluer la production d'époque, mais de lui apporter un nouveau lifting pour pouvoir la reproposer en 2019, et caresser les fans nostalgiques dans le sens du poil. Après tout, à l'heure où les jeunes dresseurs des versions rouge et bleu sont en âge de devenir parents, il y a une certaine pertinence marketing derrière ce choix.

Ce n'est donc pas pour les ajouts et/ou modifications qu'on pourrait conseiller le visionnage, ces suppléments/corrections étant extrêmement mineurs. Il y en a, certes, mais rien qui chamboulerait l'expérience du spectateur par rapport au film d'origine. Notons que toute la partie autour de « l'avant » naissance de Mewtwo, sur le background de l'expérience de clonage qui apportait une dimension tragique au film, est ici totalement absente.



Quid de la VF ?

Modifications du script à part, c'est sans grande surprise qu'on assiste au retour de plusieurs comédiens phares de la licence, sur leurs rôles respectifs. Rien d'étonnant pour Aurélien Ringelheim dans le rôle de Sacha, ni de Fanny Roy dans celui d'Ondine et d'Antoni Lo Presti dans celui de Pierre tant ces deux derniers reprennent leurs rôles, de manière ponctuelle, quand leurs personnages sont de nouveau exploités dans la franchise. Et parmi les retours remarqués, difficile de ne pas évoquer Jean-Marc Delhausse, qui retrouve son Mewtwo avec la même solennité qu'autrefois. Son timbre est un poil plus grave, de manière logique puisque les voix des comédiens évoluent, elles aussi, surtout après presque 20 ans.

Un doublage français cohérent donc, et de très bonne facture puisque chacun retrouve son rôle comme il se doit, tandis que les personnages secondaires sont très correctement incarnés. Quelques changements de voix ont eu lieu depuis, mais rien de très grave, sans compter que les nouveaux venus n'ont rien à ambiancer à leurs homologues d'antan. On notera une évolution subtile : France Bastoen incarnant Miranda, l'agente maritime, que ne nous gratifie pas de son étrange accent de l'est.



Un sympathique cadeau d'anniversaire

Chez nous, le film est sorti le 27 février 2020 sur Netflix, soit le jour exact des 24 ans de la licences. En soit, c'est un cadeau des plus sympathique et baigné de nostalgie. Mais en tant qu’œuvre indépendante, ce 22e film Pokémon propose à boire et à manger, une jolie expérience technique mais une certaine pauvreté scénaristique du fait de son manque d'ambition pour faire évoluer le film original, auquel s'ajoute un script français parfois en décalage avec la version originale. Les aficionados des monstres de poches y trouveront leur compte, sûrement, de même pour ceux encore marqués par la nostalgie d'époque. Mais difficile de considérer Mewtwo contre-attaque Evolution comme une totale réussite.
  

L'avis du chroniqueur
Takato

Dimanche, 08 Mars 2020
14 20

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