C’était une première dans la belle histoire de la saga Yu-Gi-Oh! De manière inédite, les championnats du monde de cette année, dits les Yu-Gi-Oh! World Championship 2025 ou WCS, ont été accueillis au cœur de la capitale française, un événement d'autant plus important puisque le champion du monde de cette année, Julien Kehon, est de nationalité française, bien qu'il a concouru pour les Etats-Unis où il réside.
Ces WCS furent célébrés en grande pompe à la Maison de la Mutualité, tandis qu’une exposition plaçant le jeu Yu-Gi-Oh ! JEU DE CARTES À JOUER sous le prisme de l’art a accueilli les Duellistes et curieux au Musée Carnavalet – Histoire de Paris.
Yu-Gi-Oh! JCJ est une belle histoire qui dure depuis 1999 au Japon via l’Original Card Game (OCG), et depuis 2002 en France. Une histoire qui, à la rédaction de Manga News, ne nous laisse pas insensibles. Inconditionnels de l’œuvre de Kazuki Takahashi, de ses adaptations animées et du jeu de cartes, nous avons eu l’immense privilège de la part de KONAMI d’assister à ces championnats mondiaux et de rencontrer certaines personnalités françaises présentes sur place.
Dans cette première entrevue, voici nos échanges avec Damien Valla et Mathis Magane, les deux Duellistes qui furent en compétition pour la France.
Pouvez-vous nous parler de votre découverte avec le jeu de cartes Yu-Gi-Oh! JCJ ?
Damien V. : J’ai commencé à jouer quand j’étais adolescent. J’ai d’abord joué dans des boutiques locales puis, en rencontrant des gens, j’ai eu envie de m’investir davantage dans le jeu. J’ai commencé le compétitif quelques années plus tard. J’ai fait une pause, puis je suis revenu il y a 2-3 ans en me fixant des objectifs.
Mathis M. : Comme beaucoup de gens de mon âge, je jouais dans la cour de récré. Les années passant, la passion s’est calmée. Après avoir eu notre bac, avec des amis, on a eu l’envie de rejouer comme avant. On a cherché des boutiques, on s’est remis à jouer et à récupérer des cartes, puis nous avons progressivement fait de plus en plus de tournois. Il y a 2-3 ans, Damien est revenu dans le JCJ, c’est là qu’on s’est rencontrés. On a décidé de s’y mettre sérieusement et participer à de plus en plus d’événements, ce qui nous amène à aujourd’hui.
Vous souvenez-vous de votre tout premier contact avec Yu-Gi-Oh ?
Damien V. : Ma grand-mère m’avait acheté un magazine qui contenait un booster du Yu-Gi-Oh! JCJ.
Mathis M : Quand j’étais tout petit, mon grand frère possédait le manga Yu-Gi-Oh!. C’était un peu notre truc à nous, on jouait aussi avec ses cartes.
Selon vous, qu’est-ce qui fait la force de Yu-Gi-Oh! JCJ en tant que trading card game ?
Mathis M : Sa complexité, je pense. C’est l’un des plus anciens jeux de cartes à collectionner et, contrairement aux autres, il n’y a pas de rotations entre les cartes. C’est à dire qu’il n’y a pas de banlist qui annule régulièrement toutes les cartes précédentes pour laisser place aux nouvelles. On a un pool de cartes presque infini, ce qui donne des choix et des réflexions illimitées. Puis, contrairement à d’autres jeux, on peut interagir pendant les deux tours, ce qui ajoute de l’intérêt.
Damien V. : Je pense un peu la même chose, le charme du jeu vient de sa complexité. Personne n’a résolu le jeu à 100 % comme un ordinateur pourrait le faire avec les échecs. Dans un sens, c’est ce qui est beau. Plus on passe de temps sur le jeu et plus on peut s’améliorer, ce qui est gratifiant.
Les WCS ont-ils demandé une préparation importante en ce qui vous concerne ?
Damien V. : Bien sûr. On s’est préparé ensemble, car nous sommes amis depuis un moment et nous nous sommes qualifiés ensemble, avec les mêmes cartes. On a passé un mois à jouer, à théoriser le jeu, à envisager ce que les autres joueurs allaient faire et comment on pouvait les contrer.
C’est donc une belle histoire d’amitié… Parmi vous, qui est Yûgi, et qui est Joey ?
Mathis M : Je suis Joey. (rires)
Damien V. : C’est pas moi qui l’ai dit ! (rires)
La scène qui a accueilli les Duellistes de Yu-Gi-Oh! JCJ.
©Konami Digital Entertainment
Vous l’avez dit, l’un des attraits du jeu Yu-Gi-Oh! JCJ est sa complexité. Pour certains, cela le rend peu accessible par rapport à d’autres TCG. Quelle est votre opinion ? Et quels seraient vos conseils pour un futur Duelliste qui aimerait se lancer, mais qui n’ose pas franchir le pas ?
Damien V. : À première vue, le jeu paraît compliqué. Le point fort vient de la présence de boutiques spécialisées, un peu partout en France, où l’on trouve des communautés bienveillantes. Dans tous les magasins que j’ai pu fréquenter, on essaie d’apprendre les bases aux nouveaux Duellistes. Et si la personne veut s’investir, elle va rapidement progresser.
Aussi, on peut jouer à tout niveau, que ce soit en boutiques locales, en tournois régionaux, puis à des niveaux internationaux. Le jeu est complexe, oui, mais on peut y rentrer facilement.
Mathis M : C’est aussi la force du jeu. Le jeu est tellement vieux que la communauté compte tous types de personnes, de tous âges, avec de multiples personnalités. Peu importe qui tu es, si tu te rends en boutique locale pour comprendre le jeu, quelqu’un sera forcément là pour te l’expliquer. Peut-être qu’il sera même comme toi, avec un feeling similaire. C’est ce qui rend le jeu accessible. Et, à côté, KONAMI facilite cet accès avec le jeu digital Yu-Gi-Oh! MASTER DUEL.
Quels sont vos parcours compétitifs respectifs ?
Damien V. : Ils sont assez courts, car nous avons commencé sérieusement il y a deux ans. Pour ma part, j’ai deux tops aux Championnats de France : d’abord un top 16, puis une première place cette année. J’ai aussi un top en YCS, un tournoi major international. J’ai fini 3e au playoff qui est un tournoi qualificatif pour les WCS.
Mathis M : J’ai à mon actif deux tops nationaux : 64 l’an dernier et 32 cette année. J’ai fini dans les deux premiers au playoff pour les WCS, ce qui nous a permis d’être là.
On parlait de conseils à donner à de potentiels futurs Duellistes, mais avez-vous aussi des choses à leur déconseiller ? Les mettre en garde sur des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber ?
Damien V. : Je pense qu’il faut d’abord se renseigner avant de choisir les cartes qu’on veut acheter ou jouer, car c’est assez facile de se perdre. Tous les joueurs ont un feeling particulier avec certaines stratégies, il faut donc explorer celles qui nous plaisent. Ça n’empêche pas de changer plus tard. Il faut se renseigner en amont, donc.
Mathis M : C’est aussi important de savoir quel type de joueur tu veux être : plutôt casual, ou plutôt compétitif ? Cette réflexion évitera d’abord de la frustration, car ce ne sont pas les mêmes niveaux de jeu. Ça évite aussi de dépenser trop d’argent selon nos choix. Si on veut jouer en casual, les dépenses sont moindres, mais on prend quand même du plaisir. Au niveau compétitif, les coûts financiers et temporels sont beaucoup plus importants.
Damien V. : Oui, c’est de l’investissement, et pas seulement en termes d’argent. En compétitif, on se déplace davantage les week-ends et on profite de la semaine pour théoriser sur le jeu.
Puis, plus on se fixe des objectifs, et plus on s’investit, ce qui est valable pour les autres jeux. Yu-Gi-Oh! JCJ a pour particularité d’être addictif : plus on progresse, et plus on a envie d’en apprendre. En tous cas, c’est comme ça qu’on l'a ressenti.
Le tournoi commence véritablement demain (ndt : au moment où l’interview a été enregistrée). Quelles sont vos premières impressions et vos éventuelles appréhensions ?
Mathis M : Nous n’avons pas vraiment d’appréhension. On est prêt, car on a travaillé. On a même hâte de pouvoir jouer. Nos premières impressions, c’est qu’on est heureux de voir du monde. De nombreux Duellistes de tous horizons viennent jouer, et c’est impressionnant.
Damien V. : Ce sont nos premiers WCS, et ceux-ci ont lieu à Paris. Ça fait de nous les « représentants de la France ». On est confiants sur notre préparation, et on a hâte de jouer demain. On espère pouvoir aller le plus loin possible.
Photo de famille avec l'ensemble des Duellistes du Yu-Gi-Oh! JCJ, de Yu-Gi-Oh! DUEL LINKS et de Yu-Gi-Oh! MASTER DUEL.
©Konami Digital Entertainment
À vos yeux, est-ce une gratification que les WCS se déroulent pour la toute première fois à Paris ?
Damien V. : On a l’impression d’avoir un petit avantage mental. Comme on est chez nous, le public nous supporte plus que les autres, et on ne souffre pas du décalage horaire.
Mathis M : C’est une preuve que Yu-Gi-Oh! grandit de plus en plus et attire toujours plus de monde. C’est la première fois que les mondiaux se déroulent chez nous, donc il faut en profiter et en faire profiter le plus de monde possible. Les fans ont l’air enjoués par le moment et semblent aussi heureux que nous que les WCS aient lieu à Paris.
Damien V. : Oui, c’est vraiment un bel événement.
Pour finir, une petite question trivia : Quelle est votre carte préférée, et votre archétype favoris ?
Mathis M : Ma carte préférée est le Dragon du Jugement. Mon archétype favori est donc Seigneur Lumière, car la mécanique de meule est super intéressante et rend les parties toujours aléatoires. J’ai envie de dire que comme j’ai acheté ces 40 cartes, j’ai envie de les voir à chaque partie, alors autant les meuler pour les voir.
Damien Valla : Ma carte préférée est Dragon Armé des Ténèbres. Mon archétype favori est Nekroz, sorti en 2012 ou 2013, de mémoire.
Remerciements à Audrey Werner de Reset PR et à Will Lawes de KONAMI pour l'organisation de la rencontre, ainsi qu'à Damien Valla et Mathis Magane pour leur accueil et leur disponibilité.