Annoncée par les éditions Huber en fin d'année 2023 (lire la news), la sortie française du manga en quatre tomes Cité Parasite de Shintaro Kago commence à prendre forme, avec le lancement, le 5 juin dernier, du financement participatif qui avait été promis.
Tout comme La Princesse du Château sans fin et Les Douze Soeurs du château sans fin, cette oeuvre a été conçue par l'auteur pour l'éditeur italien Hollow Press, et sera proposée en grand format. Elle est présentée par l'éditeur comme la première série longue de Shintaro Kago (étant donné que quatre volumes sont prévus), et peut-être comme son œuvre la plus ambitieuse à ce jour.
Comme toujours avec l'éditeur, différents packs sont proposés pour une livraison prévue en septembre, et ceux-ci sont loin de se limiter à Cité Parasite puisqu'on y trouve aussi le tome 2 d'Icons du même auteur, Gaia d'Asagi Yaenaga, et même la version anglaise d'un manga inédit en France de l'auteur culte Kazuichi Hanawa.
Synopsis de Cité Parasite :
Dans un monde futuriste et dystopique, où les humains vivent dans le seul but de collecter assez de points pour s’assurer une bonne réincarnation, la société est au bord du chaos. Les prothèses organiques et autres bio-dispositifs, implantés dès la naissance, deviennent incontrôlables et sont responsables de meurtres tous plus atroces les uns que les autres. Qui sont les responsables de ces crimes sanglants et d’une cruauté inouïe, qui terrorisent la population et plongent les forces de sécurité dans la plus totale incompréhension ?
Deux membres des forces spéciales de sécurité sont chargés de l’enquête. Mais à quel prix ? Leur propre réincarnation — et leur intégrité physique — sont désormais en jeu.
Synopsis d'Icons :
Après un premier volume remarqué, Shintaro Kago poursuit son jeu de massacre des icones historiques et culturelles avec ce deuxième tome d’Icons.
Toujours aussi dérangeant et inventif, l’auteur s’attaque cette fois à une nouvelle galerie de figures historiques et culturelles. Fidèle à son style immédiatement reconnaissable, il déconstruit et malmène ces visages célèbres avec une précision chirurgicale et un humour noir jubilatoire.
Retrouvez des portraits inédits de Jeanne d’Arc, Abraham Lincoln, Batman, Hokusai, Superman, Spielberg, Lovecraft… et bien d’autres, comme vous ne les avez jamais vus.
Synopsis de Gaia :
Gaia est le premier manga de l'artiste japonais Asagi Yaenaga. Véritable objet graphique expérimental, cette œuvre se distingue par son approche à la fois visuelle et narrative, plongeant les lecteurs dans un univers sombre et organique, où l'humanité semble être en perpétuelle lutte contre des forces incompréhensibles. Avec son esthétique brute et détaillée, Gaia s'inscrit dans une tradition de la dark fantasy, convoquant à la fois l’imagerie cauchemardesque d’H.P. Lovecraft et les visions ténébreuses de Kentaro Miura dans Berserk.
L’histoire de Gaia est volontairement abstraite et énigmatique, s’affranchissant des codes narratifs traditionnels. Le récit, fragmenté et immersif, nous plonge dans un monde en déliquescence, dominé par des forces cosmiques et des créatures en perpétuelle mutation. Certains lecteurs y voient une vision lovecraftienne de la fin de l’humanité, où les êtres humains sont insignifiants face à l’immensité d’un univers indifférent et hostile. D’autres perçoivent une résonance avec Berserk, notamment dans son imagerie gothique, ses créatures démoniaques et sa représentation d’une lutte désespérée contre des entités supérieures.
Graphiquement, le travail d’Asagi Yaenaga est saisissant : un mélange de textures denses, de lignes oppressantes et de compositions qui semblent écraser les personnages sous le poids d’un environnement en perpétuelle mutation. Ses créatures, mi-organismes mi-aberrations, rappellent à la fois les horreurs tentaculaires de Lovecraft et les apôtres monstrueux de Berserk. L’ombre omniprésente et le contraste marqué entre la lumière et l’obscurité accentuent la sensation d’angoisse et de malaise. Certaines critiques relèvent une certaine répétitivité dans les compositions, mais c’est précisément cette répétition qui renforce l’effet d’oppression et d’inéluctabilité du récit.
Gaia s’adresse avant tout aux amateurs de mangas expérimentaux et de dark fantasy, aux lecteurs fascinés par l’horreur cosmique et les récits où l’homme n’est qu’un grain de poussière face à des forces insondables. À la croisée du manga, de l’illustration et de l’art pur, cette œuvre s’impose comme une expérience sensorielle et introspective, un voyage graphique et métaphysique qui ne laisse pas indemne.