Le 30 décembre prendra fin l'exposition Manga↔Tokyo, se déroulant actuellement à La Villette. Véritable témoin de la pop-culture japonaise en tant que véritable Culture, teinté de notions artistiques et historiques, cette exposition capte sûrement plus notre intérêt que d'autres pour son rôle important en France... A quelques jours de la fin de l'événement, il nous paraissait important de développer un peu plus l'exposition et ses ambitions.
Depuis deux ans, la Grande Halle de La Villette accueille des expositions d'envergure. 100% l’expo , La Grande Galerie du Foot et Soccer Party Club , James Bond, 50 de style Bond , Afrique Capitales , Imagine Van Gogh … des expositions qui, dans leur sujet même, renvoie à la noblesse de la culture, qu'elle soit traditionnelle ou populaire. Le simple fait de voir ce même genre d'exposition dédié à la pop-culture japonaise, qui était si controversée il n'y a pas si longtemps de ça, signifie une grande évolution sur la place de cette culture en France. On dit de l'hexagone qu'il est le second pays consommateur de manga, il était alors temps que la bande-dessinée d'origine japonaise comme l'animation nippone et les jeux-vidéo soient considérés avec égard. En ce sens, Manga Tokyo est un événement important dans la représentation de la pop-culture japonaise, en France.
Quand on parle du Japon, Tokyo est souvent la première ville qui vient en tête. Naturellement, c'est la capitale japonaise qui a été choisie pour le nom de cette exposition qui vise à symboliser la richesse de la pop-culture nippone. Et de ce même point de vue culturel, Tokyo a une symbolique toute particulière. Autrefois nommée Edo, la capitale impériale représentait un pôle culturel majeur au sein du Japon. Un héritage qui semble conservé aujourd'hui puis Tokyo est devenu le lieu majeur de la pop-culture au sein du Japon. Une culture qu'en France, nous connaissons bien et de plus en plus. Jeux-vidéo, manga, animation et musique s'illustrent quotidiennement au sein de la capitale, devenant parfois des éléments classiques de l'architecture tokyoïte. Manga↔Tokyo représente cette alchimie en replaçant différents éléments de la pop-culture japonaise, des dessins originaux aux affiches promotionnelles, dans une maquette géante de Tokyo, attestant la place importante qu'occupe cette culture dans la capitale nippone.
Akihabara, Tokyo's MANGA district. Photo: Takehiro Goto
L'exposition divisée en différentes sections
L'exposition se découpe en trois grandes sections, représentatives de l'histoire du Japon. Le première s'axe autour de ses déconstructions et reconstructions. Qu'elles soient naturelles ou causées par l'Homme, les catastrophes ont marqué l'évolution de l’Archipel. Nous connaissons les tristement célèbres événements de Hiroshima, ou encore le récent 11 mars 2011, mais avant ça le séisme du 1er septembre 1923 venait ravager la capitale tokyoïte. Les visions destructrices et post-apocalyptiques sont au cœur d'oeuvre phares du Japon, comme des témoignages de ce qu'a vécu le pays, et des mentalités qui ont subi ces événements. La première section s'intéresse alors à des œuvres où la destruction impacte le Japon : la célèbre saga Godzilla par exemple, mais aussi Akira et Neon Genesis Evangelion.
La deuxième section, elle, s'intéresse au quotidien de Tokyo, à proprement parler. Qu'il s'agisse des quartiers populaires comme Shibuya, ou les quartiers plus résidentiels, la pop-culture, et tout particulièrement l'animation, nous ont apporté une vision de ces environnements. Manga Tokyo cherche alors à mettre en parallèle cette vision et la réalité des quartiers, ce en suivant l'évolution de Tokyo sous un ordre chronologique, attestant ainsi son développement au fil des siècles.
Enfin, la troisième et dernière section rejoint notre présentation de Tokyo, en tant que lieu majeur de la Culture au Japon. Cette ultime partie fait la part belle aux icones de la pop-culture nippone, largement implantées au sein même de la capitale, devenant de véritables mascottes. Impossible de ne pas parler du Gundam présent à Odaiba, par exemple. Aussi, cette troisième section nous questionne sur le rôle et l'impact de tous ces personnages dans le paysage culturel de Tokyo, et dans le quotidien des japonais.
Qu'il s'agisse du manga, de l'animation japonaise, du jeu-vidéo ou de la musique, la pop-culture nippone n'avait pas, au départ, une image positive en France. Même encore aujourd'hui, elle est régulièrement moquée, par certains grands médias par exemple. Pourtant, à l'heure où le manga occupe une part de plus en plus importante de la vente de bandes-dessinées en France et tandis que les festivals dédiés à la culture populaire japonaise n'ont jamais été aussi nombreux, présenter toute cette importante culturelle vis à vis du Japon et sa représentation du pays ont de quoi représenter cette « sous culture » (comme l'appelle certains) de manière plus noble. En ce sens, Manga↔Tokyo ne s'adresse pas qu'aux amateurs de cette pop-culture, mais bel et bien à tous, et notamment aux curieux qui aiment être dépaysés. Alors, peut-être que l'exposition pourra apporter sa pierre à un édifice important, visant à changer les mentalités et la vision globale de cette culture populaire de plus en plus importante dans le monde entier.