Darling in the franxx s'est achevé le week-end dernier sur
Crunchyroll. Cette série co-produite par
trigger et
A-1 Pictures se déroule dans un monde post-apocalyptique dans lequel des enfants doivent, en binôme, manœuvrer des robots nommés Franxx afin de combattre des créatures connues sous le nom de hurleurs. Mais, alors que sa seule raison d'être est de piloter, Hiro (code : 016), semble en être incapable. Pourtant, lorsqu'il fait la connaissance d'une jeune fille (code : OO2), qui ne semble pas humaine, l'espoir commence à renaitre en lui.
Si la série, qui suit principalement le développe de la relation entre Hiro et Zero two, semble de prime abord simple, elle se révèle plus complexe au fur et à mesure.
Darling in the franxx est un anime de mecha qui avait énormément de potentiel à ses débuts. De nombreuses questions étaient laissées en suspens, laissant le spectateur échafauder ses propres théories. Les règles qui régissent cet univers futuriste et désolé apparaissent progressivement. Ainsi, Darling, alimente lentement son auditoire qui peut se poser mille questions. Que sont les hurleurs ? Quels sont leurs objectifs ? Qu'est-il arrivé à la terre ? Pourquoi les enfants vivent-ils reclus, éloignés des adultes ? Pourquoi doivent-ils se battre en duo ? Et surtout, qui est Zero two ?
Chaque épisode explore, petit à petit, des facettes d'une terre qui semble bien éloignée de la nôtre. Malheureusement, alors que la première partie de la série s’achève, aucune des réponses attendues n'est encore donnée mais de nouvelles questions continuent à s’amonceler. L'inquiétude survient alors et se révèle justifiée lors de l'épisode 19, particulièrement indigeste, où tout nous est révélé.
Après cela, Darling The Franxx prend une tournure particulièrement inattendue. Alors que nous étions dans une stagnation frustrante, les évènements se bousculent de façon incohérente. La direction que prend l'histoire nous laisse dubitatifs et celle-ci pourra bien avoir raison des spectateurs qui se seront accrochés jusqu'ici.
Pourtant, Darling semblait très réfléchi. Les noms choisis sont loin d'être anodins, ils soulignent les paradoxes de cet univers. La maison (Mistilteinn) dans laquelle vivent les personnages, porte le nom d'une plante (le gui) supposée représenter la romance, la fertilité et la reproduction. Ironique, lorsque l'on connait les nombreuses prohibitions que les enfants doivent respecter dans ce monde.
Dès le départ, Darling in the Franxx souligne ces contradictions en utilisant le langage des fleurs, dans un monde où plus rien ne semble pouvoir pousser et où le désert s'étend à perte de vue.
Ce n'est pas vraiment subtile : les robots sont pilotés par un garçon et une fille nommés respectivement selon les parties reproductrices d’une fleur. Toutefois, ces machines de combat ont toutes une signification à déchiffrer. Hiro et Zero two, pilote le Streliztia, l'autre appellation de la fleur du paradis (le plaisir exquis) qui évoque l'idée d'un amour charnel.
« On appelle ces oiseaux des pihis. Ils ne possèdent qu’une aile unique. Mâle et femelle ne peuvent voler sans se serrer l’un contre l’autre, des êtres imparfaits… Mais allez savoir pourquoi, cette manière de vivre, je la trouvais sublime. »
Chacun pourra se faire sa propre opinion de la relation de ces deux personnages. Elle peut être vue sous un angle particulièrement romantique, notamment grâce au dénouement de la série particulièrement poétique, notamment grâce au sakura, très symbolique. Cependant, ce lien qui existe est aussi toxique et abusif, Zero Two n’est certainement pas la meilleure des filles.
Hiro quant à lui semble particulièrement terne, agissant comme le substitut du spectateur. Cependant, au contact de Zero Two, la vision que nous avons du garçon change. Alors que la jeune fille est clairement un anti-héros, un personnage que nous sommes supposés haïr, l’attitude attentionnée d’Hiro à son égard parvient à nous tempérer. Pour cette raison, nous pouvons faire un parallèle avec un très célèbre conte japonais, celui de l’ogre rouge et de l’ogre bleu. Zero Two, comme l’ogre rouge, va grâce à son ami bleu, entrer dans le cercle des humains qui auparavant la rejetaient.
Mais alors, Darling in the Franxx est-il réellement l’anime féministe que certains dépeignent ? Rien n’est moins sûr. Si dans les premiers épisodes Zero Two est rebelle, tenace et indépendante, elle devient progressivement l’exact opposé dans sa quête d’humanité au contact de celui qu’elle nomme affectueusement Darling. L’intrépide devient au fil des épisodes bien docile, comme si la mission première d’Hiro était de la maitriser.
Darling in the franxx marie mecha et tranches de vie, notamment dans sa première moitié où la série prend le temps de nous présenter ses différents personnages. Nous n’échappons donc pas au traditionnel épisode du bain public, ni à celui de la plage. Mais si ces moments légers peuvent sembler hors de propos, la série insiste en réalité sur l’importance des liens d’amitié et sur la construction d’une micro société qui prendra toute son importance lors du dénouement final. Le reste des combattants de l’équipe 13 ont tous leurs caractéristiques et s’accordent parfaitement avec les significations des noms de leurs robots. Mais surtout, ils illustrent parfaitement le fait que la dynamique d’un groupe peut changer pour des mélodrames qui semblent pourtant insignifiants.
La puissance de l’amour, qu’il soit amical, fraternel ou amoureux. Chaque personnage illustre une façon de le vivre. Malheureusement, la façon d’aborder certains personnages et leurs sentiments peut être contestable. Futoshi fait ainsi les frais d’une grossophobie à peine voilée qui peut mettre mal à l’aise.
Malgré tout, Darling in the franxx passe tout de même un très beau message écologique car dans ce monde en ruines, les hommes qui n’ont pas pris soin de la Terre sont rejetés par cette dernière. La série nous montre ainsi que l’avenir appartient, non pas aux adultes mais aux enfants qui seuls décideront du futur.
En ce qui concerne l’animation, tout comme la bande sonore, elles sont généralement belles même si elles peuvent parfois se faire minimalistes. La palette de couleurs utilisée prolonge l’idée d’une histoire très contrastée. Le monde terne s’oppose au quotidien des enfants particulièrement vivant et vif. Zero Two est sans aucun doute celle qui apporte le plus de fraicheur avec une myriade de nuances de rouge qui attire immédiatement le regard. Plus que toutes les autres figures féminines de la série, la belle se fait sensuelle, charmeuse et envoûtante.
Il faut bien avouer que dans Darling in the franxx, le fan-service est omniprésent par l’intermédiaire d’un ecchi plus ou moins subtile. Si la position des binômes de combat pouvait laisser supposer une allusion sexuelle, le doute n’est plus possible après avoir entendu une salve de gémissements plus qu’évocateurs.
Bien sûr, la série ne se contente pas de cela et fait également quelques jolis hommages, notamment à
Evangelion. Nous pouvons constater, au cours des épisodes, de nombreuses similitudes parmi les prises de vues ou certains design (comme celui de la forme d’hurleur du Genista).
En conclusion, Darling in the franxx a du potentiel, notamment pour les amateurs de ecchi ou de mecha même si les combats sont finalement peu nombreux au regard de l’ensemble de la série. Nous pouvons notamment reprocher la direction prise durant les derniers épisodes. Si l’anime se laisse facilement regarder, nous avons tout de même un léger goût amer en bouche à cause de quelques épisodes qui arrivent comme un cheveu dans la soupe. Heureusement, on nous offre une très belle conclusion qui se révèle meilleure que celle à laquelle on pouvait s’attendre.