Chronique Animation - No Game no Life Zero

Après un anime en 2014, No game no life revient avec Zero, un film qui raconte les prémisses de la série, se déroulant bien avant notre rencontre avec Sora et Shiro.
Grâce à Madhouse (Cardcaptor Sakura Clear Card, One Punch-Man …) nous retrouvons avec plaisir l’univers de Disboard, à quelques exceptions près. Nous nous souvenons de No Game No Life comme d'un anime avec des dégradés roses et des couleurs excessivement vives.
Avec Zero, Tet nous raconte une histoire vieille de 6000 ans où l’atmosphère est obscurcie par un ciel rouge cramoisi et où la toile de fond est déchirée par la guerre éternelle qui opposait les dieux à leurs créations.


Dans ce monde désolé, Riku un humain rencontre Shuvi une humanoïde avec laquelle il va, contre toute attente, se lier. Les deux personnages ne sont pas sans rappeler Sora et Shiro, mais est-ce du simple fan-service ? Si les premières paroles de l’Ex-Machina le laissent supposer, tout comme les nombreux clins d’œil au duo phare de la série principale, ce nouveau couple nous fait également réfléchir à l’origine de Sora et de Shiro. Qui sont-ils vraiment ? Des réincarnations ?
Certains éléments pourraient tendre vers cette hypothèse et même si leurs rôles ne correspondent pas complètement à ceux de leurs homologues modernes, Riku et Shuvi présentent des caractéristiques similaires, comme leur impossibilité d’avoir des rapports. Ces ressemblances ont un avantage considérable. Dès le commencement, nous avons l’impression de les connaitre grâce à leur chara-designs, leurs habitudes, mais aussi à leurs voix qui demeurent inchangées, ce qui nous épargne une introduction prolongée.


Mais le film ne se contente pas de cela. Bientôt, il se détache de ce que nous connaissons pour apporter une profondeur totalement nouvelle aux personnages. Certains d’entre eux fascinent en nous montrant une facette de leur personnalité que l’on ignorait jusqu’alors. Jibril, non soumise aux 10 lois, se révèle être une tueuse impitoyable.
Si l’ensemble du film est magnifiquement mis en valeur par une animation et une bande sonore à couper le souffle, le moment où la Flügel apparaît pour la première fois est l'une des scènes les plus marquantes. Avec son battement d’ailes, tout semble se suspendre et l’horreur s’installe lentement.
Contrairement à No game No life où Sora et Shiro gagnent à chaque fois, Riku est au contraire un grand perdant ce qui nous fait craindre le dénouement final. « Quand j'étais plus jeune, je pensais qu'il n'y avait pas de jeu impossible à gagner. » Devenu adulte, il comprend l’injustice du monde et malgré ses défauts, le personnage nous paraît nous touche, car nous sommes aux premières loges pour voir l’enfer qu’il doit endurer. Faible et terrorisé par l’idée de mourir, des défauts humains qu’on ne peut guère lui reprocher, mais progressivement, il va réussir à s’en affranchir.


Riku, mais aussi Shuvi se révèle alors bien plus sympathique que leurs alter ego du futur, peut-être un peu trop surhumains. Le film se focalise sur ce couple principal et développe leur relation dans le peu de temps qui leur est imparti. Malheureusement, Zero aurait bien mérité quelques minutes supplémentaires. Les liens qui unissent les personnages semblent trop superficiels tandis que la trame de fond n’est pas assez développée. Quel dommage, quelques informations supplémentaires sur la guerre auraient été bienvenues. En revanche, le film n’a pas gâché son temps en s’éparpillant dans les scènes ecchis intrusives qui sont si chères à l’anime.


Il faut dire que dans l’ensemble Zero est bien plus sérieux. Il approfondit l’idée phare, selon laquelle l’humanité a un véritable potentiel. Dans le film, les humains, misérables, vivent dans des grottes souterraines où ses membres travaillent tous ensemble pour assurer leur survie mutuelle. Ils sont pris dans le feu des combats titanesques dont ils n’ont aucune chance de sortir vainqueurs. Plus que le potentiel de quelques individus, on nous montre celui d’une communauté, qui malgré sa faiblesse surmonte les obstacles qui se dressent devant elle.


Dans l’ensemble, No Game No Life Zero peut être vu comme un cran au-dessus de l’anime. Ce film est sûrement la plus belle réalisation, à ce jour d’Atsuko Ishizuka. Avec son sens de la narration visuelle et un rythme tout simplement superbe, le réalisateur nous rappelle pourquoi No Game No life est série si agréable, même dans ses faiblesses.
Le changement de la palette de couleur est particulièrement appréciable pour ce film de Science-fiction. Le plaisir l’anime, qui réside surtout dans l’exubérance des personnages et notre curiosité face aux jeux, est remplacé par un récit plus sombre et parfois déchirant.

Que les fans se rassurent, la série ne prendra pas une telle tournure, la première et la dernière scène nous le garantissent. Mais pour un prequel autonome, nous ne pouvons pas demander mieux.