Retour sur l'édition collector du phénomène Naruto

Cette semaine, à travers l'avis global écrit par Takato, on revient sur l'un des plus populaires des mangas dans notre pays : Naruto. Plus précisément, on vous propose un retour sur l'édition collector du manga, que l'éditeur Kana avait sortie en 2012. 8 gros volumes au format d'un magazine de prépublication, reprenant les premiers arcs de la saga.
  
  
  
Naruto est un orphelin de 12 ans qui aspire à devenir ninja. Mis de côté par ses camarades, le jeune homme s’est vite forgé une réputation de boute-en-train pour échapper à sa solitude. Alors qu’il se voit recalé à l’examen pour devenir aspirant, Naruto apprend une sombre vérité : le démon-renard qui a décimé le village 12 ans auparavant et qui a couté la vie au quatrième Hokage est enfermé dans son corps, expliquant le mépris des villageois à ses égard. Parvenant à obtenir le doux titre de shinobi, Naruto entame véritablement sa carrière aux côtés de Sakura Haruno, l’élue de son cœur qui le rejette, Sasuke Uchiwa, seul survivant de son clan et ninja taciturne et solitaire, et Kakashi Hatake, professeur excentrique du petit trio.
  
  
  
Comment ne pas connaître Naruto ? Avec One Piece ou Bleach, l’épopée du ninja orange est devenue un incontournable du nekketsu moderne. Fort du succès du manga en France, Kana publie en 2012 une série de recueils plutôt atypiques. Intitulés « collectors », ces épais ouvrages condensent en 8 volumes au grand format le première grand cycle de Naruto, soit du tome 1 à 27. Peu avares, ces volumes couvrent même le passionnant flashback du ninja Kakashi, afin de mieux permettre la transition vers les volumes au format poche. Ainsi, celui qui découvre Naruto par ces pavés peut reprendre directement l’histoire du tome 28, sans rien louper du récit.

  
  
L’histoire de Naruto ne change donc pas d’un iota, nous retrouvons dans cette édition les chapitres de la série tels que nous les avons connus dans le format simple. A la manière d’un shônen classique, Naruto se découpe ainsi en plusieurs arcs scénaristiques qui voit apparaître ses nouveaux ennemis, des alliés charismatiques, proposant des batailles dantesques et retournements de situations à la pelle. Les 8 volumes couvrent ainsi les quatre premiers arcs du série, de quoi se familiariser avec l’histoire et découvrir largement tous les enjeux du monde de Naruto. Commençant d’abord de manière classique avec une mission particulièrement dangereuse, le récit n’attend pas plus longtemps pour développer son univers, approfondir l’histoire du monde ninja et dévoiler une facette plus complexe de ce monde fictif. Assez rapidement, le lecteur se rend compte que l’univers des shinobis est un petit monde où se croisent les destins de différents protagonistes, donnant au récit toute sa saveur et à l’univers toute sa consistance.

  
  
Si le manga est très scénarisé et que chaque affrontement découle d’enjeux bien précis, les joutes sont omniprésentes dans Naruto. Et pour appuyer l’identité de son manga, Masashi Kishimoto développe ses propres concepts de techniques ninjas autour du chakra, ce fluide qui traverse le corps de chacun et qui, une fois maitrisé, peut donner lieu à des « jutsu », des arcanes ninjas dantesques ou non, donnant à chaque affrontement une dimension tactique. Car dans ces 8 grands volumes, il n’est presque pas question de démesure. Les combats sont très stratégiques, la victoire n’allant pas forcément à celui qui a la plus grosse. Les techniques inventées par le mangaka sont d’ailleurs très variées, réellement inventives par moment, donnant aux batailles toutes leur saveur. Arrivant vers la fin de son premier cycle, le récit choisit de se réinventer en faisant accéder les héros à une surenchère dans leur puissance, une marche classique à ce genre d’œuvre et qui ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Mais ça… c’est une autre histoire. Dans cette première partie, cette démesure reste maitrisée et donne lieu à un duel final spectaculaire et émouvant, qui restera sans aucun doute dans les annales du nekketsu.

Et un manga ne serait pas bon sans un casting de personnages remarquables, ce que propose d’ailleurs le titre de Kishimoto. Présentant des personnages assez convenus de prime abord, comme le héros simplet et médiocre ainsi que son rival brillant et torturé, l’auteur parvient à les faire évoluer correctement en leur donnant une véritable âme, tout en ajoutant à son récit de nouvelles figures plus originales. En termes de personnages, Naruto ne manque pas de marquer ses repères : un trio de ninjas débutants aiguillé par leur supérieur hiérarchique, et un grand antagoniste qui fait figure de bête noire pour l’ensemble du monde ninja, à la tête d’une horde de sbire qui représenteront les adversaires des personnages.



Cette édition peu commune est un moyen efficace et peu onéreux d’accéder à la série, certes. Mais comment se compose cette « édition collector » ?
D’abord, notons le grand format de ces recueils. Ceux-ci se présentent comme un magazine de pré-publication japonais, peut-être en plus grand, avec évidemment une qualité papier supérieurs aux revues nippones. Le papier est bon, l’impression aussi, permettant de déguster la série convenablement, sur un format imposant. Chaque volume comporte son lot de surprises : pages couleurs, posters, jaquettes alternatives… tout pour gâter le fan ! Et si la tentation d’extraire l’ensemble des goodies de chaque tome est grande, la valeur des recueils tient de sa dimension éphémère, éditorialement parlant. En effet, le but de ces collectors est de devenir une pièce de valeur pour les fans car ne seront plus jamais réimprimés. A l’heure actuelle, ces huit volumes peuvent déjà être considérés comme des petits joyaux pour tous les fans du ninja orange.



Gageons toutefois un petit bémol dans le découpage de ces volumes, un défaut que nous devons à la Shueisha elle-même. D’abord très volumineux, les volumes paraissent ensuite de plus en plus maigre, bien que le prix ne change pas, lui. Par exemple, si le premier volet compte 710 pages, le dernier n’en compte que 564. Si cette différence est liée à la volonté de la maison mère de maintenir un découpage des chapitres cohérents, le bémol est plus agaçant pour le consommateur.



Cette édition collector de Naruto a deux qualités. Pour celui qui souhaiterait commencer la série, voilà un excellent moyen d’apprécier le premier cycle sur peu de tome, dans un grand format atypique et agréable, et à moindre prix. Pour les fans, il reste la consolation des goodies apportés, mais surtout le statut d’édition limitée pour ce titre. Ce premier essai des éditions Kana est agréable, si bien que l’éditeur aurait raison de tenter l’aventure sur d’autres séries. Par exemple, Hunter X Hunter a, lui aussi, une édition de cet acabit, au Japon…