Autant le dire d'emblée, le scénario de One Piece Z ne procure aucune véritable surprise et s'avère même on ne peut plus classique, ce qui ne l'empêche pas d'être bien mené. En effet, si l'histoire du dénommé Z reste assez primaire, les quelques flashbacks en images fixes qui viennent l'expliquer au bon moment font ressortir correctement les raisons de la haine qui l'anime. Haine qui remet un minimum en cause des pirates et une Marine ni tout noirs ni tout blancs. Haine à la fois justifiée et injustifiable, tant elle a pris des proportions gigantesques au point de mettre en péril l'ensemble du Nouveau Monde. C'est donc tout simplement le combat le plus important de l'histoire des films One Piece que doivent livrer Luffy et ses compagnons, bien aidés pour cela par un allié inattendu en la personne d'Aokiji.
Côté scénario, c'est à peu près tout, mais signalons tout de même quelques informations intéressantes uniques au film, le passé de Z en tant qu'ancien Amiral de la Marine révélant quelques petites choses sur les grandes figures qui composent aujourd'hui celle-ci, et la présence d'Aokiji permettant de découvrir un peu plus en détails ce qui est advenu de lui après sa défaite dans le combat qui l'opposait à Akainu (défaite racontée dans le tome 66 du manga). Et c'est réellement un Aokiji transformé aussi bien physiquement que psychologiquement que vous découvrirez, une sorte d'électron libre toujours pourvu d'idéaux et qui s'avère plus charismatique que jamais...
Le scénario restant classique même si bien mené, c'est la réalisation qui assurera donc l'essentiel, et de ce côté-là, le staff a fourni un travail d'orfèvre imposant One Piece Z comme le film de One Piece le plus abouti techniquement.
Commençons par Z. Si le film porte son nom, ce n'est pas pour rien, car ce méchant-là en jette, tout simplement, et ce dès le début, car on ressent très bien toute la puissance qu'il dégage, armé de son imposant canon en granite marin et donc à même d'affaiblir les possesseurs d'un fruit du démon. Doté d'un look colossal et d'un background classique mais bien fichu, il en impose facilement, d'autant que si sa haine presque aveugle l'anime totalement au point de rendre son plan aussi fou que suicidaire, il n'en conserve pas moins une dignité et un sens de l'honneur qui se remarquent à plusieurs reprises, et qui éclatent totalement dans une fin poignante et épique. Z, c'est le genre d'ennemi bien imposant comme on les aime, tout simplement, et qui vole presque la vedette à tous les autres, à commencer par ses deux bras droits Bins et Ain, alors même que tous deux sont assez inventifs dans leurs pouvoirs et leur caractère et offrent un bon équilibre, le premier amenant un certain humour loufoque de par son look et son caractère délurés, tandis que la deuxième, plus sérieuse et d'un charme tout en retenue, se montre intéressante dans sa totale loyauté envers un maître pour lequel elle serait prête à perdre la vie.
Bref, Z en impose, et aurait même totalement volé la vedette à Luffy et ses amis si ces derniers ne restaient pas aussi fidèles à eux-mêmes. C'est simple, le staff a su très bien cerner chaque personnage, et se fait un plaisir d'exploiter les particularités, qualités, défauts et déviances de chacun d'eux dès que l'occasion se présente, et à plusieurs reprises de façon particulièrement inventive, notamment grâce aux malheurs que le pouvoir d'Ain entraîne sur certains de nos héros. Chopper vous éclatera de par ses bouilles mignonnes, son sac dix fois plus gros que lui et son look lors du combat final, le côté décalé de Brook reste un régal (disons-le, son "changement" dû au pouvoir d'Ain est l'une des amusantes petites idées de génie qui parsèment le déroulement du film), les relents de trouille d'Usopp sont toujours là, Franky est toujours aussi too much (et plus que jamais lors du combat final, où il arbore un look... gigantesque), Nami voit ses... attributs particulièrement bien mis en valeur, notamment son côté séductrice manipulatrice (voyons, à quoi d'autre pensiez-vous quand j'ai parlé d'attributs ?) qui continue de faire effet malgré le pouvoir d'Ain, les nouveaux trips de Sanji sur cette dernière sont formidables de perversité, et Nico Robin, quel que soit son âge, conserve ce charme élégant et naturel (aaaah, la scène de la danse...).
Difficile, donc, de ne pas se prendre au jeu, car la réalisation parvient à animer constamment le récit en exploitant très bien des personnages qui ont tous droit à leur moment de gloire (notamment lors de la bataille finale, où les compagnons de Luffy dévoileront quelques techniques impressionnantes), tout en gardant une certaine inventivité, que ce soit pour entretenir un humour qui reste très présent, pour mettre en valeur quelques scènes particulièrement épiques, ou tout simplement pour faire ressortir l'univers loufoque de la série.
Il y a un sens du rythme indéniable, et d'autant plus plaisant que la réalisation est au poil. Les combats qui parsèment le film sont d'une fluidité exemplaire en plus d'être très vifs, les pouvoirs tels le pouvoir touffu-touffu de Bins sont bien exploités pour offrir quelques passages très dynamiques et réussis techniquement. On ressent bien les coups donnés, notamment ceux distribués façon beat'em all par un Z décidément imposant aux ennemis de la Marine qui se présentent face à lui, les éléments en 3D viennent parfaitement s'intégrer pour rendre les passages vifs encore plus immersifs (par exemple, un passage comme l'échappée en barque dans les rues de la ville est une franche réussite). Quant aux musiques, si elles sont discrètes la plupart du temps, elles viennent très bien souligner quand il le faut les moments épiques et les petits relents plus dramatiques. Toutefois, pour chipoter, on pourra signaler quelques visages trop relâchés sur les plans un peu lointains, et quelques effets de dezoom assez mal faits (par exemple, quand Robin est assise sur la main de Franky vers la fin du film).
On ressort donc de One Piece Z avec le sentiment d'avoir assisté à un très bon divertissement, à un grand spectacle qui assure sans mal son rôle. L'histoire reste classique mais est néanmoins bien racontée et bien exploitée pour offrir des instants épiques, poignants ou intenses, l'humour reste servi par des personnages parfaitement exploités, et l'aspect technique est une franche réussite, avec de l'action très bien rendue servant un rythme qui ne s'essouffle à aucun moment. On aurait tort de bouder son plaisir.