Critique - Rétribution

Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir la critique de Kimi sur Rétribution, film japonais de 2006 réalisé par Kiyoshi Kurosawa.
    
    
    
Kiyoshi Kurosawa n’est pas un réalisateur populaire dans le milieu du cinéma japonais, en dépit de sa longue filmographie qui s’étire des années 80 a nos jours. Oscillant entre l’excellence (Cure) et le très mauvais (Pulse), il nous offre en 2007 une œuvre policière parsemée d’éléments fantastiques sous le nom de Retribution. Le mélange de ces deux genres sera-t-il bénéfique au réalisateur?
  
La première scène du film met tout de suite le spectateur dans l’ambiance : un homme poursuit une femme tout vêtue de rouge sur un terrain vague et finit par la noyer dans une flaque d’eau. Nous faisons ensuite connaissance avec le personnage principal du film : Yoshioka, détective de sa profession, qui enquête sur une série de meurtres dans laquelle les victimes sont toutes retrouvées noyées et leurs corps remplis d’eau salée. L’enquête suit donc son cours sans accroc mais tout ne serait pas aussi simple si Yoshioka avait des doutes sur sa propre personne. En effet, sur chaque scène de crime, des effets personnels lui appartenant sont retrouvés. Le détective verra donc son passé ressurgir alors qu'il élucide cette affaire. L'intrigue semble plutôt simpliste à première vue, mais Kurosawa est quelqu’un d’innovateur et va y ajouter sa petite touche personnelle.
  
Dans cette intrigue policière vient donc s’immiscer une femme toute vêtue de rouge également (coïncidence?) venant brusquer notre détective, pour le moins préoccupé par la situation actuelle. D’un regard neutre et livide, elle ne vient pas aider Yoshioka mais a visiblement un lien avec le passé de ce dernier. C’est ce qui marque la seconde partie du film et c’est à partir de ce moment que celui-ci va partir de travers et qu'il ne reviendra plus dans le droit chemin par la suite…
  
Le film souffrait déjà d’un manque de rythme flagrant au départ et de beaucoup de longueurs. Mais, avec cette femme qui vient pointer le bout de son nez, le récit prend plusieurs directions, se perdant dans les impasses et les sens interdits. La seconde partie du film est très brouillonne, manquant encore plus de rythme que la première, à un tel point que cela en devient soporifique et ennuyeux. Les situations d’un intérêt minimes se succèdent sous les yeux du spectateur, qui regarde le film d’un œil à moitié fermé. Puis vint la fin qui est au final complètement bâclée et incompréhensible, à moins d’avoir suivi le film d’un bout a l’autre sans bouger la tête d’un millimètre tout en étant concentré. Le spectateur lambda comprendra juste que le personnage principal est schizophrène, point barre. 
   
L’édition d’HK Vidéo est de très bonne qualité et très complète comme à son habitude, bénéficiant d’un petit livret au milieu de la jaquette ainsi que de moults bonus, permettant d’avoir une réflexion plus profonde sur l’œuvre. Encore faudrait-il y avoir matière a réfléchir ?
  
Retribution est donc un film d’une qualité très moyenne, possédant une intrigue très basique. La touche fantastique ne permet pas au film de se différencier des autres œuvres du genre mais cela enfonce plus le film dans le ridicule et l’absurde. A trop vouloir faire dans l’original, Kurosawa se perd lui-même dans son récit. Il aurait mieux fallu rester sur un film policier classique avec des bases scénaristiques solides : Memories of Murder de Bong Joon-ho en est le parfait exemple. Sitôt vu, sitôt oublié.