Chronique - Mardock Scramble First Compression

Voici la chronique de l'édition DVD du film Mardock Scramble - The First Compression, réalisée par Tianjun.
 

 
 
Jeune fille devenue prostituée par la force des choses, Rune Balot est assassinée par Shell, son "bienfaiteur" qui est en réalité un tueur en série. Alors que sa courte vie aurait pu s'arrêter là, Balot est ramenée à la vie sous forme de cyborg, grâce à la technologie inventée par le docteur Easter. Ainsi ressucitée, Balot est appelée à témoigner contre son meurtrier. Mais, grâce à ses nouvelles capacités robotiques et aidée par Oeufcoque, un outil multiforme doué de conscience et de parole, la jeune femme pourrait également chercher à se faire justice elle-même...

Après avoir été diffusé gratuitement durant le premier week-end de février, Mardock Scramble - The First Compression nous arrive quelques jours plus tard en DVD et en Blu-Ray chez Kazé, au sein de son label Kazé Néo. Ce film d'une soixantaines de minutes est le premier volet d'une trilogie, adaptant une série de trois romans écrits par Tow Ibukata (à qui l'on doit notamment Le Chevalier d'Eon) et est réalisé par Susumu Kudo, en collaboration notamment avec les studios Aniplex. Cette œuvre qui se veut donc riche et ambitieuse (et dont la version papier est un véritable best-seller au Japon) nous entraine vers la ville futuriste de Mardock City. Dans cet univers d'anticipation, les manipulations génétiques, cybernétiques et autres technologies interdites se voient couvertes par le "Mardock Scramble 09", un amendement permettant de pratiquer de telles expérimentations humaines à titre exceptionnel. C'est dans un tel contexte, pouvant être assez complexe à appréhender, que débute la seconde vie de Rune Balot.

Au départ, il est bien difficile de voir vers quoi ce premier film va vouloir nous mener, pouvant osciller entre un récit de pure vengeance et un questionnement sur l'évolution de l'Homme rappelant Ghost in the Shell sous quelques aspects. Si la trame parait claire dans les premières minutes, le spectateur sera ensuite de plus en plus perplexes face à la multitude d'éléments nouveaux et autres bizarreries à appréhender, à l'instar de l'étonnant Oeufcoque (si si, c'est son nom...) dont on aura bien du mal à saisir la nature. Adapter un roman en un film d'une heure n'est pas une mince affaire, et l'on comprend bien vite que de nombreux points de l'œuvre originale ne seront qu'au mieux évoqués, nous laissant songeur un instant, avant de passer à autre chose. De même, le rythme général de cette version animée en pâtit, offrant un véritable ventre mou en son centre après la curiosité du premier quart d'heure. Le scénario peine à avancer, et il faudra attendre les dernières minutes pour qu'enfin, l'action, la vraie, apparaisse enfin, offrant au passage une belle frustration finale.

Ainsi, on peine à s'attacher à l'univers de Mardock City, et cela est bien dommage au vu des promesses engagées. L'esthétique générale se veut très intriguante, dépeignant une ville aseptisée, lumineuse par ses néons mais sombre dans ses fondements, dans un univers proche du cyberpunk sans en être vraiment. En revanche, les personnages ont plus de mal à sortir de leurs stéréotypes respectifs pour aller vers un caractère plus tranché, Balot en tête : la jeune androïde est troublée par sa nouvelle identité et son manque d'expressivité (du à son absence partielle de la parole) la rendra particulièrement austère. Et ce ne sont pas les nombreux plans où on la voit entièrement nue qui viendront sauver ce constat ! Seul Oeufcoque intrigue vraiment, mais là encore, le scénario aurait pu exploiter d'avantage le personnage jouant un rôle-clé dans cette première aventure.

Ambitieux au départ, le film propose finalement un constat assez anecdotique, et l'on se contentera de retenir l'idée principale de vengeance là où le scénario s'essaie pourtant à d'autres pistes diverses et variées. Mais là encore, l'aspect compressé de l'ensemble ne permettra de les développer. Du côté visuel, le constat est également en demi-teinte : l'image est soignée, mais l'animation très rigide dans les moments les plus calmes, à croire que le budget a surtout été mis sur la conclusion ! De même, la bande sonore ne restera pas non plus dans les annales, et l'on ne saura que trop vous conseiller d'adopter la version originale pour esquiver un doublage français particulièrement maussade.

Du côté de cette édition DVD, Kazé nous propose le film dans sa version "Director's Cut", tandis que la version "Cinéma" se retrouve parmi les bonus (en vo uniquement). Cependant, les différences entre ces deux alternatives sont bien difficiles à déceler ! Trailers et publicités du film complètent les bonus, mais on regrettera l'absence de l'interview du réalisateur, uniquement disponible sur l'édition Blu-Ray.

Au final, si le projet Mardock Scramble a des atouts pour séduire un public friand d'œuvres de science-fiction en proposant un univers assez intriguant, sa courte durée le rend assez peu appréciable, en écourtant les nombreuses pistes scénaristiques et en complexifiant les choses pour une finalité prévisible et frustrante. Néanmoins, il ne s'agit là que du premier volet et nous espérons que les deux autres opus de la trilogie sauront apporter les éclaircissements manquants à cette introduction un peu maladroite.