Pour leurs 20 ans de carrière, les CLAMP étaient les invitées d'honneur de la Japan Expo 2009. La conférence qui s’est donnée sur la scène principale équipée d’un catwalk, samedi 4 juillet 09 avait tout de l’événement espéré!
La scène, préparée avec 4 fauteuils et des lumières mauves et bleues nimbant des volutes de fumée était prête à accueillir Nanase Ohkawa, Tsubaki Nekoi, Mokona et Satsuki Igarashi. Nanase Ohkawa est, en quelque sorte, la leader du groupe, elle s’occupe des scénarios et de la direction des projets. Mokona est la dessinatrice principale, c’est la “marque de fabrique” du studio. Tsubaki Nekoi est dessinatrice également et assistante de Mokona. Enfin, Satsuki Igarashi est responsable des trames et du design général.
Après une introduction rapide, les quatre jeunes femmes rentrent sur scène sous un tonnerre de cris et d’applaudissements. S'en suit un récapitulatif de leurs titres à succès (elles ont vendu plus de 104 millions de mangas ensemble). Leurs séries connaissent de nombreuses adaptations en séries TV et animés. Les Clamp sont également actives dans le domaine de l’illustration, du design de couvertures ou de personnages vidéos (pour Tekken 6 récemment) et de l’écriture de nouvelles. Elles signent aussi en 2006 le design et le concept graphique de
Code Geass - Lelouch of the rebellion: une série de méchas, spécialité de la société de production d'animé Sunrise.
Des expositions de plus en plus nombreuses des œuvres des CLAMP s’organisent à travers le monde, et bien sûr en France. Après celle d’Angoulême en 2008, La ville de Paris a monté une exposition visible jusqu’au 27 septembre à la galerie des bibliothèques (
voir la news pour plus d'informations).
La maîtresse de cérémonie pose alors une question:
Quelles sont vos premières impressions sur la France?CLAMP: Nous sommes étonnées et flattées par l’accueil qui nous a été offert et le concours de cosplay de nos personnages que nous avons arbitrés. Nous avons des fans magnifiques.
Viennent ensuite les questions du public, sélectionnées via le site Japan Expo:
Quelle est l’origine du nom CLAMP ?Cela signifie « montagne de pommes de terre ».
Comment vous êtes-vous rencontrées ?J’ai rencontré Nekoi au lycée et on a travaillé ensemble sur des fanzines pour le plaisir. Ohkawa et Mokona sont arrivées dans le groupe grâce à des amis, via un festival de fanzines. L’entente a été rapide entre nous par nos goûts communs.
Vous avez vu vos titres traduits en français. Comment réagissez-vous à votre succès en France ?Nous sommes intriguées et étonnées par notre succès en France!
Y-a-t-il une suite prévue à Trèfle?C’est une question qu’on nous pose souvent. (Elles hésitent à répondre). La série est en suspens mais une fin est envisagée.
Une fin prévue également pour X ?Oui, une fin est prévue. La fin est écrite et la série aboutira un jour.
En s’appuyant sur les nombreuses mises en abîme de vos différentes séries, peut-on considérer que les univers de Kobato, J’aime ce que j’aime, Card captor Sakura ou XXX holic sont bien un seul et même univers?Il y a beaucoup de liens mais il faut voir cela comme des univers parallèles. Nous croisons les histoires pour prolonger le plaisir de dessiner d’autres personnages, même si il est parfois difficile émotionnellement d’en retrouver certains. Nous réutilisons des visages connus de la même manière que Tezuka dans ces aventures en leur offrant des rôles différents d’une série à l’autre. On se met parfois la pression pour redessiner des personnages très anciens malgré l’évolution de nos styles.
Un élément commun à plusieurs de vos titres est que les personnages sont souvent orphelins… Pourquoi?La perte d’un ou des deux parents n’empêche pas d’être heureux. Cela nourrit l’originalité du personnage et renforce souvent les liens d’amitié.
Sakura et Shaolan comptent parmi vos personnages récurrents et emblématiques. Beaucoup de fans se demandent pourquoi, à la fin de Card Captor Sakura, Shaolan part-il à Hong Kong ?Il faut attendre un peu, et vous allez le savoir, peut être dans un de nos manga à venir...
Vos personnages ne s’embrassent jamais sur la bouche. Pourquoi ?Si, si. Ils s’embrassent dans
Wish et aussi dans
Trèfle, il me semble. C’était surement trop court pour les français.
Quel est la série sur laquelle vous avez préféré travailler jusqu’ici?C’est souvent l’œuvre sur laquelle on travaille actuellement qui nous tient le plus à cœur. Si nous devons choisir des œuvres plus anciennes…
Ohkawa: Clover, parce qu’il y avait beaucoup de chant.
Nekoi: XXX holic, parce que j’aime beaucoup l’histoire.
Mokona: Miyuki in wonderland, pour l’adaptation.
Igarashi: Dukalyon a été une série difficile pour moi, mais j’en suis très fière.
Quels sont vos sources d'inspiration ?Ohgawa : Il n'y en a pas particulièrement, si ce n'est que parfois nos rêves nous inspirent.
Nekoi : Je suis très fan des mangas de Rumiko Takahashi, j’adorai son humour quand j’étais plus jeune.
Mokona : Quand j’étais enfant, je ne s'intéressais pas beaucoup au manga, J’aimais surtout aller au musée.
Igarashi : Je m’intéressais au manga, à l’art et la littérature en général mais il est difficile pour moi d’y définir une quelconque influence, aujourd’hui.
Quels moments de votre carrière vous ont-t-ils les plus émus ?Le moment clé à été notre montée à Tokyo. Nous étions encore lycéennes, et nos parents étaient très inquiets. Ce qui nous a beaucoup marqué, c'est lorsque nous avons été publiées, car ils ont été rassurés.
Et puis, c'est toujours très émouvant de voir pour la première fois une de ses création en vente.
Enfin, c'est vraiment réjouissant de venir en France ensemble pour la première fois.
À la demande de la maitresse de cérémonie, Mokona, drapée dans son somptueux kimono, se prépare à réaliser un dessin de grande taille sur un pupitre installé sur la scène. L’interview se poursuit principalement avec Nanase Ohgawa, tandis que Nekoi et Igarashi assistent Mokona dans l’élaboration du dessin. Quelques précisions sont données concernant le rôle de chacune au sein de l’équipe. C’est bien Ohkawa-sensei qui écrit la majeur partie des histoires même si les 3 autres y contribuent selon les séries. Les différentes étapes du dessin aussi s’interchangent en fonction du genre de la série. Leurs planches originales sont généralement petites (comme on peut le constater à l’exposition rue Mahler) et elles sont peu habituées à travailler aussi grand.
Elles sont curieuses rencontrer des auteurs européens et de voir comment ils travaillent. On apprend aussi que c’est Mokona qui s’occupe de tous les designs de vêtements et des motifs de kimonos dans les divers titres sortis à ce jour. Malgré des conditions difficiles et devant un public assez intimidant, elles réussissent, à 3 mains, à faire une magnifique illustration de
XXX Holic.
Pourquoi avoir choisi ce manga, XXX holic ?Parce que nous travaillons toutes ensembles pour le dessiner et qu'il y a dedans des personnages dessinés par 2 dessinatrices différentes. C’était idéal pour travailler à plusieurs en même temps.
Et là, Une invitée-surprise est annoncée à Clamp. Makino Yui, interprète de plusieurs génériques de Clamp et qui donne sa voix à Sakura, les rejoint sur scène. Née en 1986, Yui Makino a commencé le piano à l’âge de 4 ans. Elle est remarquée par le réalisateur Shunji Iwai à 7 ans. Elle est pianiste soliste pour trois de ses films, dont Love Letter. Elle fait ses débuts de chanteuses en 2005 avec « Omna Magni » pour le thème final de l’anime télé Seino Aquarion. La même année, elle entame une carrière d’actrice de doublage, en incarnant l’héroïne Sakura dans Tsubasa Chronicle sur la chaîne NHK Educational TV.
Elle chante «également « Amrita », le générique du film Tsubasa Chronicle: Torikagono Kunino Himegimi, ainsi que « Undine », le générique d’ouverture de l’Anime de TV Tokyo ARIA the ANIMATION.
En 2008, sort le single « Spirale », le générique d’ouverture de l’Anime de TV Tokyo, ARIA the ORIGINATION. Elle a donné son premier concert solo au Fuchuno Mori Geijutsu Gekijo Wien Hall de Tôkyô, s’accompagnant elle-même au piano, l’année dernière. Yui Makino sort son second album, qui se classe 22e de l’Oricon Chart. Au même moment elle décroche son diplôme de pianiste du Tokyo College Of Music. Elle est très contente d’être venue à la rencontre du public français et de cette surprise improvisée, puis remercie les Clamp et plus particulièrement Mokona de lui avoir prêté le kimono avec lequel elle est habillée.
Makino Yui, pouvez vous nous dire quelque chose avec la voix de Sakura ?Makino: Que dois-je dire ?
CLAMP: On n’étaient vraiment pas préparés à ça et la situation est un peu stressante… Quelque chose que n'a encore jamais vraiment dit Sakura, c'est une exclusivité. « Shaolan, je t'aime très fort ! »
Makino :
(rires) C'est embarrassant!
Makino Yui s'avance sur scène:
(Avec la voix de Sakura) Shaolan, je t’aime.
Le public est conquis, et, après avoir remercié tout le monde, Yui Makino repart. Un échantillon du merchandising disponible au JE est montré au public. (Posters, cartes postales,…) ainsi que l’album
CLAMP in Paris publié par Pika.
Une dernière chose, pouvez-vous nous présenter vos projets en cours ou à venir ?Il y a peu, nous avons réalisé pour la première fois le design d'un personnage de jeu vidéo, pour Tekken 6. Ce que les développeurs ne savent pas par contre, c'est que la créature sur son épaule crache du champagne. Et sur ces genoux du vin rouge et du vin blanc. (Rires)
Merci beaucoup d'avoir fait le déplacement jusqu'en France, un petit mot pour la fin ?Merci à Japan Expo d'organiser un tel événement à Paris et de nous avoir permis de recevoir des commentaires si sympathiques sur nos œuvres. Grâce à votre invitation pour un si grand événement, la maison d’édition a du nous offrir quelques jours de congés pour venir vous voir. Merci beaucoup. On est très heureuses d’être là. On a vraiment ressenti que les fans français aimaient nos œuvres de façon très sincère et nous espérons que vous continuerez à nous suivre.
D'ailleurs nous sommes impressionnées par l'architecture des monuments de Paris, et bien que ça soit difficile à dessiner, vous retrouverez peut-être bientôt une ville ressemblant à votre capitale dans l'un de nos mangas.
Le départ de Clamp se fait sous un ouragan d’acclamations d’un public ravi d’avoir partagé ce moment unique avec quatre extraordinaires mangakas.
Compte rendu réalisé par néun11septembre.