Japan Expo - Interview Doki Doki

La Japan Expo a été l'occasion pour notre équipe de rencontrer Arnaud Plumeri, co-directeur éditorial chez Doki Doki. Une interview enrichissante durant laquelle M. Plumeri nous présentera les nouveaux titres à venir dans le catalogue de "l'éditeur qui palpite"...
  

   
  

Manga-news: Cette année, Doki Doki a sorti beaucoup de nouvelles licences. Votre stand pour la Japan Expo est plus grand que l’année dernière... Est-ce qu’on peut dire que tout marche bien pour Doki Doki?
Arnaud Plumeri: En tout cas, la collection marche de mieux en mieux. Je rappelle que nous n’avons que trois années et demi d’existence et pourtant,  nous avons des titres comme Sun-Ken Rock qui commencent à décoller très fort, donc c’est de bon augure pour le reste de la collection ! À titre d’information, on a un taux de progression en volume depuis le début de l’année de + 65%.

     
    
Sun-Ken Rock: beaucoup de communication, beaucoup de publicité. C’est votre titre phare?
Effectivement, dès le début on a senti qu’on tenait quelque chose, ne serait-ce que par son graphisme hors normes et ce mélange d’humour, d’action et de filles sexy. On a également vu que beaucoup de gens étaient complètement  fous de ce manga.
Sur notre stand, vous voyez que nous avons misé beaucoup sur le titre. C’est notre série phare et nous allons continuer à la pousser. Sun-Ken Rock vous réserve bien des surprises... en effet, le héros va prochainement partir en Italie pour d’autres aventures !



   
     
La parution française est très rapprochée de la version japonaise. N’est ce pas un risque pour vous?
C’est vrai que l’on commence à rattraper la parution japonaise, ce qui va peut-être occasionner un espacement au rythme de sortie des prochains tomes... Mais l’attente n’est pas encore insoutenable !
Nous allons publier le volume 6 en septembre et le 7 en décembre.
   

         
Sur quel autre titre misez-vous pour pallier à la parution plus rare de Sun-Ken Rock?
Il y a une série complètement différente que nous avons lancée en avant-première à Japan Expo et en laquelle nous croyons beaucoup: Otaku Girls.
Si ce titre pouvait devenir notre Sun-Ken Rock au féminin, j’en serais très fier! Il s’agit d’une comédie sur les fans de mangas et de yaoi en particulier. L’héroïne, qui est complètement imprégnée par ses lectures de yaoi, imagine des histoires d’amour entre ses camarades de classe. Ce qui n’est pas sans poser problème puisque l’un de ses camarades est amoureux d’elle et se plie à tous ses désirs, allant même jusqu'à porter des oreilles de chats ! On retrouve dans cette série toutes les grandes thématiques du manga (cosplay, animé…).

         



    
    
Justement, la publication d'Otaku Girls est-elle une façon d'entrer dans le monde du yaoi par une voie détournée? Allez-vous publier des licences yaoi dans un avenir proche?
Non. En fait, nous sélectionnons nos titres selon nos coups de cœurs. Nous n'allons pas faire du yaoi parce que ce genre est dans l'air du temps et qu'il marche actuellement. Il y a beaucoup d’éditeurs qui font du yaoi, et qui le feraient de toute façon mieux que nous. Chez Doki-Doki, nous sommes deux hommes à choisir les titres et le yaoi n’est pas ce qui nous attire le plus, tout simplement. Nous essayons de sortir des titres que nous apprécions et dont nous sommes capables de parler avec conviction. Nous nous retrouvons davantage dans des comédies comme Otaku Girls, qui nous ont bien bidonnés, ou des titres à la Sun-Ken Rock. C’est plutôt cela, la direction dans laquelle on ira.


Avec l’Académie des ninjas, vous semblez également apprécier l'humour potache chez Doki Doki!
Oui. Ce qui nous a plu c’est le souvenir du dessin animé de notre enfance ainsi que l’humour old school. L'Académie des ninjas est une série de pur divertissement. Pas de quoi s’en relever la nuit mais on passe un bon moment ! C’est de plus une série courte (7 volumes), et je pense que les lecteurs sont assez avides de séries qui ne s’éternisent pas...
      

  
   
Pour une fois, vous avez une série qui a un “background”, ce qui n’est pas le cas de la plupart de vos titres. Comment arrivez-vous finalement à assurer la communication sur des titres que personne n’attend?
Justement, c’est peut-être ça aussi l’axe de communication : « Doki-Doki va vous proposer quelque chose d’un peu différent ». Le contre-pied est intéressant dans la communication.
Pour Otaku girls, nous avons communiqué sur  « la parodie des fans de yaoi ». Rien qu'avec cette petite phrase, on raconte beaucoup de choses. Je l’ai déjà vu aux réactions sur le forum de Manga-news et dans les commentaires du site: les filles ont tout de suite été enthousiastes. Et ça se confirme, car je fais face à des réactions similaires sur le stand Doki Doki durant cette Japan Expo !


Doki-Doki a commencé dans le manga avec des séries traitant des yokais. Nous avons ainsi eu Otogi Matsuri qui est sur le point de se terminer, le cortège des 100 démons qui a été arrêté, et enfin Shiori et Shimiko qui a rattrapé la publication japonaise. Comptez-vous publier d’autres séries du genre?
Pas dans l’immédiat. Il faut savoir que lorsqu’on lance une collection, on sélectionne les titres que l’on aime, mais sans avoir nécessairement un large éventail de choix. On a fait quelques erreurs de jeunesse dans la façon de communiquer, commercialiser ou distribuer certains mangas. Ces sujets ont déjà largement été évoqués l’année dernière… Notre ligne directrice en 2010 concernera des mangas qui ont un animé ou qui ont une forte propension à devenir « animables ». Je peux vous en présenter quelques uns:
En février 2010 paraîtra Break Blade, un seinen dont on sortira simultanément les 2 premiers numéros. L’éditeur Flex Comix vient d’ailleurs d’annoncer son dessin animé.
L’intrigue se situe dans un monde rétro-futuriste. Il s’agit d’une histoire de potes ayant effectué leurs études ensemble. Leur formation accomplie, ils regagnent leurs royaumes respectifs, L’un d’entre eux devient le roi d’une de ces nations, un autre militaire, un troisième retourne à la ferme et devient paysan. Par un jeu d’alliance, les différentes nations se retrouvent confrontées les unes aux autres et les amis d’enfance se retrouvent dans des camps opposés. Dans ce monde, les gens utilisent les méchas pour se défendre. L'histoire prendra très vite une tournure dramatique avec le fait que les amis d’hier soient devenus les ennemis d’aujourd’hui.
Deuxième titre à vous présenter, qui aura également droit à une adaptation animée: The Sacred Blacksmith, prévu pour avril 2010. Le personnage central est une apprentie chevalière qui part à la recherche d’un forgeron capable de  réparer l’épée dont elle a héritée de son père. Dans sa quête, elle va rencontrer différentes  personnes aux pouvoirs assez étonnants. Le tout se passe dans un monde loin d’être pacifique ! Graphiquement, c’est très sympa, et si vous avez l’occasion de voir le trailer de l’animé (qui doit paraître en octobre au Japon, ndlr), vous comprendrez tout de suite pourquoi ce titre, tiré à la base de romans à succès, nous a plu.
Pour finir, voici un titre assez atypique par rapport au courant traditionnel : Needles. Le titre japonais est « 7 milliards d’aiguilles », les aiguilles représentant les humains. C’est l’histoire d’une lycéenne un peu introvertie qui est frappée un jour par une boule de feu venue du ciel... Lorsqu'elle se réveille, elle retrouve en elle une entité extra-terrestre. Cette entité a pour mission de pourchasser le maelström,  une autre entité extraterrestre malfaisante cachée dans un des sept milliards d’humains, mais lequel ?  La sortie du premier tome de Needles est prévue pour mars 2010.
     

   
  
Parlons de Shiori & Shimiko. Le tome 6 est sorti au Japon. Est-il prévu chez vous prochainement?
Nous sommes obligés de caler nos plannings très longtemps à l’avance et la sortie au Japon du sixième opus de Shiori & Shimiko nous a pris au dépourvu. Je ne vous cache pas que cette série a un succès d’estime mais ne se vend pas très bien. Nous n’avons donc pas forcé pour la faire rentrer prochainement dans nos plannings... La série est plutôt en stand-by pour le moment.
   



On n’entend plus parler non plus de Geobreeders...
Pour mémoire, Geobreeders est un des quatre premiers titres que nous avons publiés.
Nous publierons le volume 13 de Geobreeders en août et vu que le volume 15 vient de sortir au Japon, nous avons un rythme assez approprié, il me semble. Sans parler que les ventes ne sont pas très bonnes en France.
     
 

 

Que pensez-vous de la rumeur persistante d’implantation des éditeurs japonais en Europe et surtout en France?
Pour l’instant nous travaillons avec une douzaine d’éditeurs japonais, mais pas avec les quatre très grands (Shueisha, Shogakukan, Kadokawa, Kodansha, ndlr). Je ne suis donc pas sûr que cela change grand-chose pour nous. De toute façon, tant que ce n’est pas fait, il est difficile d’en évaluer les conséquences. Nous considérons surtout le taux de progression atteint avec les éditeurs actuels.
 
   
Voulez-vous parler un peu du scantrad?
Certaines séries dont je vous ai parlé existent en scantrad. Pour un petit éditeur comme nous, il est certain que c’est à double tranchant. Le scantrad est utile dans une certaine mesure, car il permet de développer la notoriété de certaines séries peu attendues, de créer un buzz jusqu’à leur lancement. Quand la série est publiée en France, je suis moins convaincu de leur utilité…
Il m’est arrivé de contacter des équipes de scantrad pour leur dire que nous respections leur enthousiasme, mais que nous avions des contrats pour l’exploitation de certains titres et pour leur demander d’en arrêter la diffusion. Cela s’est toujours bien passé. Les gens nous sont reconnaissants de publier le manga qu’ils avaient également repéré et sont contents d’avoir contribué à le faire connaître. Une fois que le titre est publié légalement, le scantrad s’arrête et c’est très bien ainsi.
  
 
Vous avez sorti beaucoup de mangas culinaires, avec dernièrement Café Dream. Est-ce que la publication de ce genre de titres va devenir une case récurrente à remplir dans votre catalogue?
Nous avons toujours cherché à avoir des titres un peu différents. Nous avons pensé que le culinaire était une façon de se démarquer un peu. En 2010, des séries comme Café Dream se poursuivront, mais pour l’instant, pas d’autre série culinaire n'est prévue.
    

   

    

Vous travaillez sur des créneaux de séries très étroits…
Comme nous nous sommes fixés pour règle de ne pas dépasser cinq sorties par mois, avec des séries au rythme de parution bimestriel, il arrive un moment où l’on ne peut plus ajouter d’autres séries au planning. Pour nous, 2010 est verrouillé, donc si culinaire il y aura, ce sera en 2011. Cinq mangas par mois, c’est la limite pour travailler correctement les titres.


Après Full ahead! Coco, vous avez sorti Dämons du même auteur. Yonehara est un auteur sur lequel vous misez beaucoup...
C’est un auteur que nous avons déjà bien défendu puisque Full ahead! Coco était notre première longue série. Preuve que l’on apprécie cet auteur, nous avons signé Dämons en 13 volumes et nous avons réalisé des spots TV pour le promouvoir.
Donc oui, nous misons beaucoup sur Yonehara!
      

   
    
Le fait de publier Dämons est un peu votre façon de toucher au patrimoine de la BD japonaise, alors que ce n’est probablement pas votre ligne éditoriale?
Il est évident que le nom de Tezuka est un plus pas du tout négligeable si l’on peut toucher quelques milliers de fans supplémentaires. Publier est un tel titre est donc commercialement intéressant. Mais ce que nous avons préféré, c’est l’histoire qui nous parlait et nous plaisait. 
   
 

Otogi Matsuri se termine et l’auteur commence une nouvelle série, Btooom!, est-elle prévue dans votre programme?
Avec les échos positifs suscités par Otogi Matsuri, Junya Inoue va devenir un auteur convoité et dans ces cas-là, on ne peut rien vous promettre. Nous sommes très attentifs à son parcours quoiqu’il arrive. Nous avions suivi Osada sur C :[si :], Magara et Gear rally. Il se trouve qu’il avait fait le spin-off sur Raoh, le frère de Ken le survivant. La série à logiquement été publiée par un autre éditeur. Il se peut que d’autres choses du même ordre se passent à l’avenir...
   


Nous vous laissons conclure avec votre message aux lecteurs de Manga-news.
J’espère que les lecteurs de Manga-news qui ne nous connaissent pas encore bien auront envie de découvrir notre catalogue. Même si vous n’êtes pas réceptifs à tout, il y a des titres pour chacun d’entre vous. Je vous remercie de votre enthousiasme et des messages que vous laissez. Nous le voyons sur notre stand, la relation directe avec le public est très importante et, mine de rien, vos commentaires nous apportent des idées. Le fait de noter le nombre total de tomes à paraitre au dos des volumes, au dessus du code-barres vient de vos commentaires. C’est un exemple parmi  tant d’autres qui prouvent que nous tenons compte des remarques de nos lecteurs !


Merci beaucoup!
Merci à vous !