Manga news: Bonjour !
Tetsuya Tsutsui: Bonjour !
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ? Comment êtes-vous devenu mangaka ?
Ma carrière a commencé de façon singulière : Je faisais découvrir Duds Hunt sur mon site Internet quand les éditions Ki-oon m'ont contacté par mail. Quelque temps plus tard, ce sont les éditions Square Enix qui m'ont joint pour me proposer de travailler chez eux.
Qu'avez-vous pensé sur le fait que ce soit un éditeur français qui vous contacte en premier lieu ?
Lorsque que j'ai été joint, je ne connaissais pas les éditions Ki-oon. J'ai donc été aussi surpris que flatté qu'un éditeur français s'intéresse à mon travail. N'étant pas publié à cette époque, je n'avais rien à perdre et j'ai donc répondu au mail. C'est ainsi que l'aventure a commencé !
Et qu'avez-vous ressenti après avoir été contacté par Square Enix ?
De la même manière que pour les éditions Ki-oon, j'ai été très étonné, d'autant plus que Square Enix est une très grande maison d'édition au Japon. D'autre part, Square Enix m'a proposé de publier ma première oeuvre, Reset, dans le cadre du lancement d'un tout nouveau magazine de prépublication (Young Gangan). J'ai donc été très honoré d'une telle confiance.
Avez-vous ressenti une certaine pression ?
Bien sûr !
Avez-vous changé votre manière de travailler après avoir commencé à travailler pour un éditeur ?
Oui ! A partir du moment où j'ai travaillé pour Square Enix, j'ai dû respecter des délais et donc dessiner plus vite, étant donné que mes titres étaient édités dans un magazine de prépublication.
Avez-vous des contraintes éditoriales ou êtes-vous libre de travailler comme vous le souhaitez ?
Square Enix m'a pratiquement laissé carte blanche dans la réalisation de mes oeuvres.
Comment réagissez-vous face à l'accueil de votre lectorat français ?
Je suis très touché quand je vois tous mes fans faire la queue pour avoir une dédicace, d'autant plus que ma dernière série, Manhole, est sortie depuis déjà quelque temps en France.
En parlant de Manhole, comment avez-vous eu l'idée de parler dans cette série d'une maladie méconnue comme la filariose?
L'idée m'est venue en lisant un roman japonais intitulé «Le murmure de l'ange», qui traitait justement des maladies bactériologiques. Dans un souci de documentation, j'ai par la suite lu beaucoup de livres scientifiques traitant de ce sujet. J'ai même été au musée des maladies bactériologiques à Tokyo.
Un tel musée existe à Tokyo ?
Oui oui ! Il est même très connu (rires). On peut y voir notamment des parasites qui sont plongés dans du formol !
Nous savons où aller lors de notre prochaine visite à Tokyo! (rires). Avec Duds Hunt, vous proposez à vos lecteurs une réflexion sur le devenir des criminels récidivistes au Japon... C'est un sujet brûlant en France, mais qu'en est-il au Japon où la criminalité est une des plus faible au monde ?
Vous avez raison, au Japon la criminalité est très basse. Dans ce sens peut-être que cet aspect de Duds Hunt a moins touché le lectorat japonais que français. Par contre, le fait que les personnages participent à un jeu basé sur l'utilisation d'un téléphone portable a sans doute plu au lectorat japonais. En effet les portables, aux fonctionnalités de plus en plus étendues, font désormais partie du quotidien de la jeunesse japonaise.
Manhole est une série terminée en trois volumes, Duds Hunt et Reset sont quant à eux des one-shots. Comptez-vous faire des séries plus longues à l'avenir ?
Je ne pense pas écrire des séries très longues. Pour un format long, il devient primordial de créer un héros attachant pour fidéliser le lectorat. Or pour moi c'est l'histoire plus que le personnage qui est importante. Ayant l'habitude d'imaginer des histoires courtes, je n'ai pas envie de prolonger inutilement mon récit et d'avoir la contrainte de développer plus mes personnages dans l'optique de créer une série longue. Je ne pense donc pas dépasser les trois volumes pour mes prochaines séries.
Ca fait deux ans que vous n'avez plus rien sorti. Travaillez-vous sur une série depuis ces deux années où aviez-vous besoin de faire un break ?
Pendant ces deux ans j'ai dessiné des ébauches pour un projet qui ne s'est finalement pas concrétisé. Mais depuis j'ai commencé à travailler sur un projet qui va paraître prochainement.
Aurons-nous la chance de découvrir ce manga en France?
Je l'espère. Une fois le manga sorti au Japon, il devrait probablement paraître en France aux éditions Ki-oon, qui ont jusqu'alors publié mes titres.
Vous avez créé une histoire inédite, Collector, disponible uniquement sur Internet. Comptez-vous par la suite recommencer ce type d'expérience et qu'est-ce qui vous a donné l'idée d'utiliser ce média pour promouvoir vos titres?
Il faut savoir qu'Internet est un média très important pour moi, car c'est grâce à lui que je me suis fait connaître. J'ai eu l'idée d'utiliser ce média après le refus de certains éditeurs de publier mon premier titre, Duds Hunt. J'espère donc recommencer ce type de nouvelle, mais quand j'en aurai l'envie, et surtout le temps.
De quelle manière travaillez-vous pour la création d'une telle oeuvre? Vous dessinez sur papier puis scannez vos planches ou tout le travail est réalisé sur palette graphique?
Pour les traits, j'utilise un crayon classique. Puis je scanne les pages et je réalise les ombres et les couleurs sur mon ordinateur, qui est un Mac.
Merci de nous avoir accordé cette entrevue. Toute l'équipe Manga news vous souhaite un excellent séjour en France. A très bientôt !
(en français) «Merci pour aujourd'hui» !