The Grandmaster - BluRay - Actualité anime

The Grandmaster - BluRay : Critiques

Critique du dvd : The Grandmaster - BluRay

Publiée le Lundi, 20 Juillet 2015

Wong Kar Wai et Ip Man...deux noms qui semblaient destinés à ne jamais se rencontrer...et pourtant c'est le cas dans ce film ! Preuve qu'il ne faut jamais aller à l'encontre du destin !

Fresque humaine et historique, « The Grandmaster » nous conte la vie de Ip Man, figure emblématique des arts martiaux Chinois, connu notamment pour avoir été le maître de Bruce Lee.
Au début du 20e siècle, les grandes écoles martiales Chinoises se disputent encore la suprématie de leurs arts, et un grand maître, ayant unifié les écoles du Sud, lance un défi à un représentant du Nord avant de se retirer. Celui qui sera choisi par ses paires n'est autre que Ip Man, jeune maître au talent sans égal.
Suite à cet affrontement cordial, la fille du vieux maître va entamer une relation ambiguë avec Ip Man, alors que son premier disciple va vouloir prendre la tête de l'école et déclencher des tensions au sein même du clan...


Il aura fait parler de lui ce film : énormément avant sa sortie, les attentes étant particulièrement grandes, et beaucoup également après sa sortie, après que tout le monde ait pris une belle douche froide !

Wong Kar Wai est connu pour ses réalisations à l'esthétique poussé, possédant un rythme contemplatif...on peut alors se demander pourquoi vouloir réaliser un film d'arts martiaux ! Car même si l'idée est d'intégrer le destin de cet homme iconique dans l'Histoire de la Chine, on ne peut raconter la vie d'un grand maître des arts martiaux sans intégrer un minimum d'action, cela reviendrait à raconter la vie d'un peintre sans montrer une seule toile.
La seule expérience du réalisateur avec le genre fut « Les cendres du temps » un film éminemment poétique, auquel je voue une passion sans borne malgré sa narration confuse (sous forme de puzzle que le spectateur doit reconstituer lui-même). Mais il est clair que les scènes d'actions de ce film étaient juste illisibles et pour le coup sans grand intérêt… L'inquiétude était donc de mise.
Pour éviter ce genre de problème, Wong Kar Wai s'est alloué les services d'un maître du genre, le célèbre chorégraphe Yuen Woo Ping...de quoi rassurer !


Le premier contact avec le film est une scène de combat sous la pluie dont on a grandement entendu parler avant la sortie du film ! La première déception vient du fait que cette scène, présentée comme emblématique vienne immédiatement...et après alors ?
Dans cette scène on retrouve Cung Le, ancienne star du combat libre et tentant une reconversion dans le cinéma d'action Hong Kongais...ça part plutôt bien...et puis...pas du tout !
A l'heure du renouveau du cinéma d'action que l'on doit en grande partie à Donni Yen (ayant lui aussi interpréter Ip Man), comment encore tolérer de voir des chorégraphies de la sorte ? Surtout lorsque le film se veut être une fresque historique et donc réaliste. Que viennent foutre ici ces câbles qui projettent les protagonistes plusieurs mètres en arrière voir carrément en auteur ? La première chose que nous démontre Wong Kar Wai, c'est qu'il a des années de retard sur le genre. Dès la première scène, on sent donc qu'on va souffrir !
L'autre question qu'on peut légitimement se poser c'est pourquoi avoir choisi Tony Leung Chiu-Wai (pourtant acteur exceptionnel) pour interpréter un maître des arts martiaux ? Certes l'acteur est un fidèle du réalisateur, mais Tony Leung n'est pas un artiste martial à la base, et cela se voit ! On sent au vu du résultat (très stylisé bien entendu) que la préparation a du être un calvaire, on le sent fatigué et son jeu s'en ressent, il apparaît effacé, et même Zhang Ziyi se montre plus expressive que lui (on y reviendra).
Bien entendu l'approche de ce film est bien différente des films sur Ip Man de Wilson Yip avec le fabuleux Donnie Yen, mais prendre un novice des arts martiaux pour le rôle principal était se rajouter une difficulté supplémentaire non nécessaire.


Contrairement à ce qu'on aurait pu attendre de Wong Kar Wai, les scènes d'actions ne manquent pas et toutes ne sont pas aussi déplorables que celle qui ouvre le bal, mais pour autant la lisibilité n'est pas toujours au rendez-vous et on sent les coupes durant ses scènes. Le réalisateur préférant filmer le ballet des corps, les mouvements des pieds, des mains, quelques gros plans sur les visages...et on ne profite pas des chorégraphies de Yuen Woo Ping.
On retrouve une philosophie Chinoise soporifique, les personnages lâchant des grandes phrases lourdes de sens qui ne sont là que pour donner un peu de profondeur à l'ensemble, ces derniers eux-mêmes ne semblant pas y croire lorsqu'ils assènent leurs phrases… Et pourtant on arrive à se laisser prendre au jeu. Cette histoire de succession entre grands maîtres, cette rivalité entre le Nord et le Sud, cette lutte de pouvoir au sein d'une même école...on veut y croire et la première partie du film se montre plutôt intéressante à ce niveau.

Et puis c'est le drame !
La seconde partie est, nativement parlant, une catastrophe ! En voulant imbriquer l’histoire de Ip Man dans l'Histoire, le réalisateur perd son fil conducteur et le spectateur avec ! Des scènes se suivent sans la moindre cohérence, on voit apparaître un personnage (« La Lame », et non il ne s'agit pas du premier disciple de vieux maître contrairement à ce que laisse penser mon éminent collègue dans sa chronique) dont on ne sait rien, on le retrouve à quelques moments, mais sans que l'on sache ce qu'il fout là, et Tony Leung disparaît pendant près de trois quarts d'heure...Ip Man devient un personnage secondaire de son propre film, laissant la place au personnage de Gong Er, jouée par la catastrophique Zhang Ziyi. La question se pose alors : Ip Man est-il réellement le grand maître du titre ? Ne serait-ce pas plutôt le père de Gong Er, à l'origine de tout ?
La relation entre Ip Man et et Gong Er s'inscrit totalement dans la lignée cinématographique du réalisateur avec un amour contrarié, deux personnages qui passeront le film à se croiser, à s'attendre et à se rater...mais alors que c'était juste magnifique dans « In the mood for love », ici c'est lourd, cela insuffle une lenteur désagréable au film.


On retrouve donc le coté contemplatif cher au réalisateur, et en soit ce n'est pas une mauvaise chose, il y a de très belles séquences dans ce film, l'esthétique est irréprochable, certains effets fonctionnent, notamment des ralentis dans les chorégraphies...mais là encore cela devient lassant sur la longueur… Cela aurait pu fonctionner si l'histoire n'avait pas été aussi décousue, si la narration n'avait pas été aussi bordélique...et pour le coup, simplement...on s'emmerde ! Et ça, c'est triste quand on pense aux autres films consacrés à Ip Man (certes bien différents, mais la comparaison se veut inévitable puisque portant sur le même sujet).

Et puis il faut revenir sur le cas Zhang Ziyi : oui elle est très belle, aucun doute là-dessus, oui il s'agit d'une véritable artiste martiale qui a sa place ici, aucun doute là dessus...mais qu'est ce qu'elle joue mal !! Elle est mono expressive et se montre incapable de jouer autre chose que la fille blasée ou agacée...c'est un peu le penchant Chinois et féminin de Steven Seagal (qui lui est capable de sourire). Et pour le coup, elle qui joue constamment la fille énervée, en devient incroyablement énervante !

On s'attendait à un grand film, on se retrouve avec une fresque ratée, se montrant presque tout le temps hors sujet, ne rendant pas du tout hommage au personnage de Ip Man (allez voir les films de Wilson Yip) et comble du malheur pour un film sur une grande figure des arts martiaux, terriblement ennuyeux ! En un mot comme en cent, le film est raté !
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael

8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs