Princesse Mononoke - Collector - Actualité anime
Princesse Mononoke - Anime

Princesse Mononoke - Collector : Critiques

Critique du dvd : Princesse Mononoke - Collector

Publiée le Jeudi, 23 Juillet 2015

Carton dans le monde entier, sorti en 1997, Princesse Mononoké tranche brutalement avec le reste de la production Ghibli. Orientant son œuvre vers la tortueuse dualité Terre Humanité, Hayao Miyazaki dessine les paysages aux mille couleurs d'une Nature hostile, régnant sans partage sur une planète où l’homme est devenu quantité négligeable, ersatz ambitieux, fragile et meurtrier.


La Nature, silencieuse et infinie, c’est bien sûr Dieu, un monolithe se baladant dans l’espace, seul baromètre indicateur d'une Humanité gagnant toujours plus de terrain. Son symbole de force, le Dieu Cerf, combinaison muette d'Essence, de Vie et de Mort, qui une fois  étêté se déchaînera tel un tsunami, promettra un châtiment  sans pareil à tous les hommes de la Création.
Sur plus de deux heures et en symbiose avec le score prophétique d'un Joe Hisaishi associé à Yoshikazu Mera, Hayao Miyazaki fait céder les frontières métaphysiques à grand coup d’apocalypse vert, transfiguré par d’immenses contrées fleuries et feuillues, où les loups possèdent des dimensions surhumaines, les cerfs mille bois, et où les forêts d'une Nature biblique pourraient s'être échappées du Jardin d'Eden. Perdu dans un univers de forces vitales, l’homme est mis au plus bas de l’échelle biologique. Rien n’a été modifié, tout a poussé harmonieusement, tout est spontanément naturel.



D'après son propre scénario, Miyazaki laisse planer une menace au-dessus de son entité terrestre et crée le début d'une lutte entre ceux de Mère Nature et de petits bipèdes mutilés, dont la seigneuriale Lady Eboshi serait la représentante. Cette dernière est une figure de tradition antimanichéenne, sortie tout droit d'une œuvre de Mizoguchi ou de Kurosawa, luttant pour une émancipation écrasante de son espèce.
En sursis, Ashitaka est un personnage tampon, parfait compromis entre ceux de la terre et ceux du fer. Dans une giclée d'hémoglobine apparaît San, héroïne hybride, faite de chair et de sang se mêlant sauvagement à l'Énergie naturelle. Naîtra une romance entre Ashitaka et San, plaçant l'épique Princesse Mononoké au cœur d'une interrogation sur la condition de l'Homme, l'Amour restant l'unique salut du genre humain.



L’œuvre de Miyazaki est violente et cruelle, certaines scènes rappellent les chambaras de Kenji Misumi, illustration nette de la faiblesse de la chair. La fragilité de tous les personnages, la contamination d’Ashitaka, sont autant de mises en garde envers une humanité se développant égoïstement. Quatre ans avant l'édification du bulldozer anti-consumériste Chihiro, Miyazaki suramplifie le vivant, absorbe le présent pour mieux le  réinventer.


Hayao Miyazaki juge l’Homme et la Nature dissociables, évite le sempiternel écueil d’harmonisation et de fusion, l'Homme est par essence en dessous des choses terrestres. Miyazaki s’écarte magistralement de tous les poncifs écolo-gauchistes foireux que les Hommes aiment se rappeler pour se laver de toute culpabilité. Visionnaire.


The Duke
Note de la rédaction
Note des lecteurs