Kwaidan - Actualité anime

Critique du dvd : Kwaidan

Publiée le Jeudi, 02 Avril 2015

D'après l'œuvre de l'irlandais Lafcadio Hearn, Masaki Kobayashi produit une œuvre en quatre temps, rythmée par la partition expérimentale de Toru Takemitsu, compositeur des mélodies rosées du Dodes'kaden d'Akira Kurosawa.






Les Cheveux Noirs


Une simple couturière est délaissée par son mari. La croissance d'herbes folles n’a pas fini de cacher le désespoir. Le pouvoir en place est mené de main de maître par une princesse cruelle, un homme est promu, mais rongé par le remord.
L'esthétisme de ce premier volet est un jaillissement, la caméra se fait souple, chaque plan est une prière rythmée par la partition de Takemitsu. Les travellings sont fluides, Kobayashi manipule l’espace, les couleurs (l’ensemble du premier conte est réalisé en studio) sont magnifiées par le chef opérateur Yoshio Miyajima, responsable de la photographie de L'Empire Des Passions de Nagisa Oshima.





Les Cheveux Noirs, c’est la femme, un symbole pur d’évocation sanguine et sensorielle, figure purement nippone que Kaneto Shindo exploitera à merveille dans son diamant brut Onibaba.
Zooms et sons expérimentaux orchestreront le désordre interne d'âmes isolées et floues. Un homme entouré d'un tout. Masaki Kobayashi transcende son matériau filmique, la fusion chromatique entre impressionnisme et baroque fellinien franchit un point de non-retour.






La Femme Des Neiges


Dans ce second songe, Tatsuya Nakadai l'androgyne, interprète un apprenti coincé dans une tempête de neige et sauvé par une créature immaculée lui ordonnant de garder un précieux secret.
Kobayashi fait enrager le climat, la neige d’un studio nommé Toho est plus réaliste que la neige naturelle. Au détour d'une route baignée par un soleil rouge sang, le jeune homme trouvera la femme de sa vie jusqu’à un probable dénouement sacrificiel....




La femme chez Kobayashi est muette, presque infirme. Ses sentiments sont enfouis tout au fond de ses entrailles, sa chevelure est une armure. La Femme Des Neiges noie le spectateur dans des courants d'onirisme silencieux, chaque plan est un mystère. La poésie de ce second conte fait enfler les âmes.



Hoichi Sans Oreilles

Emblème d'un déchaînement filmique en quatre temps, prodigieuse fable macabre s'ouvrant sur une mer agitée, tourné en studio et en extérieurs, Hoichi Sans Oreilles a contribué à la renommée internationale du film de Kobayashi. Chaque nuit, les morts d'une armée vaincue viennent hanter un jeune luthier afin qu’il leur joue sur un mode nô chaque instant de leur défaite.



Les acteurs Takashi Shimura et Tetsuro Tamba traverseront ce troisième segment, Shimura incarnera un mentor faisant appel aux forces vitales du bouddhisme et Tamba le représentant évanescent d'une armée de morts nostalgiques de leur dernière bataille.

Pris dans un déferlement d'esprits mélomanes, Masaki Kobayashi magnifie chaque décor, des zooms violents écrasent des personnages s'aventurant hors de leur dimension, les mélopées de Takemitsu sont un bourdonnement enivrant, poussant l’étrange et le spectral à leur paroxysme.

A l'orée des années 80, le visage recouvert de soutras de Katsuo Nakamura (interprète du personnage de God dans le triptyque bancal 20th Century Boys) inspirera le grand John Milius pour l'exorcisme de son intemporel Conan Le Barbare. Un corps chétif, un stratagème divin qui repoussera l'armée de Taira...





Dans Un Bol De Thé

Dernière salve hypnotique, Dans Un Bol De Thé est le segment le plus court de Kwaidan. Dans un bol de thé justement, il est possible de voir des visages. Le thé comme moyen d'avaler l'âme des gens, l'auteur à qui on 'boira' la vie.
 



The Duke
Critique 1 : L'avis du chroniqueur


19 20
Note de la rédaction