Hinokio - Actualité anime

Critique du dvd : Hinokio

Publiée le Mardi, 24 Novembre 2015

HINOKIO s'est fait connaître du public français lors de la première édition du festival du film japonais contemporain Kinotayo en 2006.
Après avoir remporté les faveurs des spectateurs qui lui ont attribué le Soleil d'Or, l'œuvre nous revient cinq années plus tard dans la catégorie "Hommages Kinotayo". L'occasion de vous parler de ce long-métrage qui, bien que réalisé en 2005, est toujours aussi bien ancré dans notre quotidien de mondes en ligne et d’amis virtuels. Takahiko Akiyama, aussi connu pour avoir été directeur artistique de Final Fantasy, les créatures de l’esprit, livre ici une interprétation toute personnelle du conte pour enfants Pinocchio.




Histoire

Un nouvel élève vient d’arriver à l’école ! Pas très grand, il est composé d’un alliage de titane et plastique et de bois d’Hinoki (cyprès japonais). C’est d’ailleurs pour cela qu’il est surnommé Hinokio. En fait, Hinokio est un robot contrôlé par Satoru Iwamoto (Kanata Hongô). Il vit reclus depuis l’accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère, tout en rejetant la faute sur son père. À l’aide de son robot, Satoru fera la connaissance de Jun Kudo (Mikako Tabe), le garçon manqué de la classe. Grâce à elle, il découvrira l’importance d’avoir des amis, et de vivre une vie normale. Et peut-être finira-t-il par pardonner à son père et sortir de sa chambre…


Des thèmes forts toujours d'actualité
L’intérêt principal du film réside dans sa double lecture. D’un côté, les aventures du rejeton de Pinocchio et de Gundam enchanteront les plus jeunes. Les autres apprécieront la façon délicate qu’a Takahiko Akiyama d’évoquer des thèmes légers (les relations sociales, les études) ou plus graves (le deuil, l’isolement, la perte de repères…).


L’isolement (ou hikikomori) est un thème récurrent dans la culture contemporaine japonaise. La vision intelligente de l’auteur consiste à traiter ce phénomène de deux façons différentes. Ainsi Satoru vit en ermite dans sa chambre, mais il s’agit chez lui d’un processus curatif : son robot lui servira d’avatar pour s’approprier progressivement le monde extérieur. Au contraire, ses camarades de classe, eux, se perdront dans un monde de pixels. L’intervention de Dieu sera même nécessaire pour les faire revenir dans le monde réel. Cette réflexion, toujours bien amenée par l’auteur, invite le spectateur à se demander où il se trouve sur cette pente dangereuse.


À première vue plus effacé, le deuil est en réalité l’élément déclencheur du film. Là encore, Akiyama oppose ses deux protagonistes dans la façon qu’ils ont de gérer la perte d’un de leurs parents. Satoru refuse le décès de sa mère, s’entérinant dans la réclusion et l’agressivité. Jun, elle, ne semble pas affectée par la perte de son père pourtant, à en croire le témoignage de sa tante et de son amie d’enfance, c’est ce qui la précipitera dans son déni de féminité. L’évolution des personnages passera donc par l’acceptation de leurs blessures respectives : un message fort et universel. On appréciera au passage le jeu d’acteur des deux enfants, rempli de sincérité et de retenue (Mikako Tabe a d’ailleurs reçu le Blue Ribbon Award de la meilleure nouvelle actrice pour sa performance).




Beauté de la mise en scène

Long de près de deux heures, le film ne souffre de quelques longueurs que sur la fin de l’histoire. Son rythme vif est favorisé par les différentes trames du scénario, qui s’imbriquent plutôt bien entre elles. Les esprits chagrins regretteront toutefois quelques incohérences ou situations trop forcées pour être honnêtes. Par ailleurs, certaines séquences « fleur bleue » ne plairont pas à tout le monde. Fort heureusement, HINOKIO saura fédérer les spectateurs autour de la beauté de sa mise en scène, humaine, pudique et diablement intelligente.


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Critique 1 : L'avis du chroniqueur


14 20
Note de la rédaction