Harakiri - Actualité anime

Critique du dvd : Harakiri

Publiée le Mardi, 16 Août 2016

Alors que le cinéma japonais de sabre est souvent associé à Akira Kurosawa (Les sept samouraïs, Le garde du corps, La forteresse cachée), un film de son confrère Masaki Kobayashi est tout aussi légendaire. Il s'agit de Harakiri, ou Seppuku en version originale, sortie en 1962. Ce long-métrage conte l'histoire de Tsugumo, un rônin qui décide de mettre fin à ses jours par seppuku auprès du grand seigneur des Li. Ce clan, très à cheval sur la tradition, honore les fiers guerriers qui prennent une telle décision. Un jeune homme a d'ailleurs fait ce vœu auprès d'eux il y a peu, mais tout ne s'est pas déroulé comme prévu...



Harakiri de Masaki Kobayashi est un film puissant, éminemment politique pour l'époque, et bourré de suspense. Il met en opposition les puissants et leur manque de discernement concernant la condition des gens du peuple, et le peuple, qui a des préoccupations terre-à-terre, mais vitales, telles que quérir sa pitance pour nourrir sa famille et soigner ses enfants. Harakiri, sous ses airs de film de chanbara, où le style est très important, est à n'en pas douter un film très subversif, qui pousse à la réflexion quant à la nécessité de moderniser une société, notamment dans ses rites. Il est difficile de parler de tout ce qui fait le sel de l'intrigue sans spoiler, mais plus le film avance, plus les révélations sont saisissantes. La scène finale est l'une des plus belles que le cinéma japonais ait pu donner.


La qualité de cette œuvre d'art réside notamment dans sa réalisation. Comme nous l'avons dit, il y a une part de suspense dans le film. On ne saisit pas tout de suite pourquoi le seigneur Li et Tsugumo racontent telle ou telle histoire. Tout est magnifiquement dosé. Tout au plus, un flashback sur la vie de Tsugumo peut paraître un peu long. Dans la deuxième moitié de l'intrigue, une scène de combat en plein dans une plaine révèle toute la beauté picturale que peut provoquer le cinéma en noir et blanc. Les plans sont magnifiquement choisis. Et puis, il y a donc cette scène finale, absolument magistrale, où l'opposition entre la rigidité des nantis et la détresse d'un homme du peuple est dépeinte par la façon de combattre : la rage incontrôlée pour l'un et la rigueur académique pour l'autre.



Le jeu d'acteur est à l'image du reste du film. L'acteur qui campe Tsugumo, Tatsuya Nakadai, est absolument convaincant dans sa détermination. Sous ses airs de rônin, qui porte des loques et semble un peu paumé, il se révèle plein de colère et porte le propos du film presque à lui tout seul. Presque, car les autres acteurs sont également remarquables, même s'ils sont un peu à l'étroit sous le charisme de Tatsuya Nakadai.


Au final, Harakiri est un film remarquable, qui possède toutes les qualités qu'on demande à une œuvre d'art. Il a un propos, totalement universel et pourtant ancré dans le contexte et la tradition japonaise. Il permet un déploiement génial du jeu d'acteur, et donne toute sa mesure à l'acting japonais (particulièrement juste et puissant dans ce genre de récit). La réalisation est proche de la perfection : chaque image porte un sentiment fort, l'impertinence, la détresse, la colère, la haine, le mépris, l'incompréhension...


Jusqu'au final sanguinaire où les pertes sont conséquentes pour les protagonistes. Un classique du cinéma japonais, oui, mais surtout un film tout simplement fort, que tout cinéphile et amateur du Japon se doit de regarder. Preuve de sa reconnaissance par ses pairs dès sa sortie, Masaki Kobayashi a pu voir son film nominer à la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1963. Il décrochera au moins le Grand Prix.

L'édition DVD de Carlotta rend parfaitement hommage à la splendeur du film concernant la qualité d'image et du son. Quelques bonus viennent égayer le visionnage, notamment une explication sur le rite du harakiri.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru

19 20
Note de la rédaction