Gantz - Au Commencement - Blu-Ray - Actualité anime

Gantz - Au Commencement - Blu-Ray : Critiques

Critique du dvd : Gantz - Au Commencement - Blu-Ray

Publiée le Lundi, 12 Octobre 2015

Un manga noir et violent

Sur un quai de métro, le jeune Kei Kurono (Kazunari Ninomiya) rencontre par hasard Masaru Katô (Kenichi Matsuyama), un ami d’enfance, et se trouve contraint de venir en aide à ce dernier alors qu’il tente de sauver un ivrogne tombé sur la voie. Écrasés par le train, tous deux se retrouvent, sans savoir pourquoi ni comment, transportés en compagnie d’inconnus dans un appartement au centre duquel trône une énigmatique sphère noire. Le groupe va alors se trouver dans l’obligation de combattre toute une série de monstres au moyen d’armes sophistiquées lors de batailles dantesques.


Seinen de science-fiction gore, violent, sexy et imprévisible, GANTZ, publié depuis juillet 2000 dans la revue Weekly Young Jump, a rapidement trouvé son public tout en entraînant quelques polémiques sur sa violence crue (les personnages tombent comme des mouches à grand renfort de membres déchiquetés) et sa critique de la société japonaise. Un succès bien mérité tant l’auteur, Hiroya Oku, sait surprendre son lecteur en exploitant finement les possibilités de son postulat de départ et, surtout, en construisant et en faisant évoluer avec soin la psychologie de ses personnages, tous plus torturés les uns que les autres.

Ainsi, le personnage principal, Kei, est présenté comme un être relativement méprisable, cynique et égoïste. Montrant d’étonnantes capacités à survivre dans ce jeu de la mort qu’est GANTZ, il va par la suite acquérir la conscience et la volonté qui le transformeront en un réel héros altruiste et leader charismatique.

C’est bien un tel cheminement psychologique complexe qui fait tout l’intérêt de ce titre captivant où l'auteur n’hésite pas à sacrifier des personnages souvent ambigus auxquels on s’attache pourtant rapidement. À cela s’ajoutent évidemment les nombreuses scènes d’action : violentes, paroxystiques et finalement hautement cinématographiques.

Mais cette complexité et cette violence, autant graphiques que psychologiques, se retrouvent-elles dans ce premier volet ?



Une adaptation à mourir d’ennui

La bande-annonce laissait augurer un résultat plutôt positif, visuellement fidèle au manga, dynamique et rempli d’action.
La présence de deux têtes d’affiches – Kazunori Ninomiya, membre du boys band Arashi déjà vu dans Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood ; et Kenichi Matsuyama, interprète de L dans Death Note et récemment à l’affiche de Norway no Mori – ainsi que la campagne marketing savamment orchestrée sous-entendaient que la production plaçait beaucoup d'espoirs dans cette adaptation. Cependant, le choix du réalisateur, Shinsuke Satô – dont les principaux faits d’arme sont Princess Blade et Cosmic Rescue, film de commande construit pour le groupe V6 – laissait perplexe et soulevait même certaines craintes.



Ce premier film reprend les trois premières missions, tout en englobant l’évolution que connaît le personnage de Kei sur l’ensemble du premier arc scénaristique du manga, soit une dizaine de tomes. Cette volonté de s’attacher à la psychologie du personnage principal est fort louable. Cependant, le métrage est loin de réussir pleinement ce qu’il entreprend. Cela en grande partie car il expurge cette adaptation de l’une des principales qualités du manga : l’ambivalence et la profondeur.

En effet, le film ne laisse que très peu de place à une réelle caractérisation des protagonistes. C’est d’autant plus évident pour Kei qui perd son côté souvent détestable. Par conséquent, son évolution du stade d’égoïste à celui de héros est beaucoup moins flagrante et spectaculaire que dans le manga. De même, sa relation à l’égard de Katô et de Kishimoto reste très superficielle et, de manière générale, on a vraiment du mal à ressentir une réelle empathie pour les personnages.


Cet aspect très fade se retrouve dans le reste d’un film qui partait pourtant sur de bons rails.
Toute la première partie, jusqu’à la fin de la mission de départ, est relativement proche du manga, et, malgré l’absence notable et prévisible du côté sexy, on retrouve une certaine dose de violence et de sang, souvent habilement suggérée par une mise en image sombre profitant du fait que les missions se déroulent la nuit. Les effets spéciaux eux-mêmes ainsi que le travail sur les décors et les costumes correspondent bien à l’idée que l’on pouvait s’en faire et sont loin d’être ridicules, bien au contraire.

Cependant, passé ce stade, le film s’enlise et un manque de rythme saute cruellement aux yeux. La réalisation et le montage manquent de dynamisme et d’une identité visuelle originale, en particulier pendant les séquences de vie quotidienne. Le film retrouve un peu de nerf lors de son ultime séquence. Un final qui réussit même à nous emporter, avant de laisser place au générique. Résultat : on sort de cette première partie avec un sentiment de frustration.



En jouant la carte du grand public, la production est passée à côté de ce qui fait vraiment l’intérêt de GANTZ. Malgré cela, le film reste une série B d’action très regardable et loin d’être ridicule face aux standards hollywoodiens. On reste donc dans l’attente du second volet en espérant que, en dépit du manque de noirceur et de complexité pressentis, le réalisateur, débarrassé des impératifs d’exposition de la première partie, nous livre un film plus profond, avec une meilleure gestion du rythme et de la psychologie des personnages.



Scalp
Critique 1 : L'avis du chroniqueur


8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs