Boruto - Naruto The Movie - Blu-Ray + DVD : Critiques

Avant toute chose, un bref préambule signalant que, comme on peut s'y attendre, cette chronique spoilera nécessairement des événements de la fin de Naruto, non paru en France à l'heure actuelle (en même temps, le titre en lui-même est déjà un spoil). Je n'ai d'ailleurs moi-même pas lu ni la fin de Naruto ni Boruto.
Le manga Boruto est publié depuis quelques mois au Japon, et prend place dans l'univers de Naruto, on y suit les aventures de Boruto (fils de Naruto donc), et de quelques autres progénitures des protagonistes du célèbre manga de ninja.

Un film en deux parties.

On distingue très clairement une première partie reprenant l'esprit des premiers volumes de Naruto, où l'on suit l'équipe de Boruto, Sarada (fille de Sasuke et Sakura) et Mitsuki (individu mystère sur lequel on reviendra) et de leur maître Konohamaru, en plus du gros côté recontextualisation à la « que sont-ils devenus ».
C'est à mon sens la partie la plus intéressante du film. Lorsque l'on suit un univers depuis des dizaines et des dizaines de volumes, il est toujours amusant de découvrir leur nouveau design, les couples formés, les enfants (et le moins que l'on puisse dire c'est que dans Naruto, les lois de la génétique sont implacables). Un côté finalement assez « potin », mais ça reste très ludique.
Retrouver un esprit plus bon-enfant aux enjeux moindres fait du bien, on suit les personnages passer leur examen de Chûnin, s’entraîner, réfléchir à une stratégie de combat, bref, tout ce qui faisait le sel des premiers volumes de Naruto.

La seconde partie du film introduit deux antagonistes de façon très maladroite, il est trop évident qu'ils ne sont là que pour la forme, histoire de menacer le monde et augmenter les enjeux du film. Et c'est dommage, car en développant les thématiques déjà présentes dans la première partie, il y avait largement moyen d’obtenir un rendu à la fois plus original et plus intéressant. Les grands méchants introduisent donc une partie où les « anciens », Naruto et Sasuke en tête, auront toute la latitude nécessaire aux démonstrations de puissance dévastatrice, très impressionnantes visuellement, mais somme tout un brin lassantes et convenues.

À mon sens, les différents aspects des deux parties du film cristallisent bon nombre de celles qui font les deux grandes parties du manga Naruto, dans ses qualités comme dans ses défauts, avec cette évolution de puissance bridant l'originalité et la cohérence du propos.

Mon papa à moi est un Hokage.

Le film traite énormément de la filiation, en particulier à travers la relation Naruto-Boruto. Boruto reproche à son père son manque d'investissement dans sa vie familiale, trop occupé qu'il est à gérer son statut d'Hokage. Malgré quelques clichés inévitables, cette thématique est traitée de façon originale et forte en émotion, en tout cas pour ce type de récit. La relation Naruto-Boruto, contrairement à ce que l'on aurait pu présager, est véritablement nuancée et pleine de finesse, et ne tombe à presque aucun moment dans la facilité. On aurait également pu craindre que Boruto ne soit qu'un ersatz de Naruto, et si les points communs sont nombreux, les différences le sont peut-être encore plus, et c'est tant mieux. Bref, il s'agit là de l'un des plus gros points forts de ce film.

Et en termes de relation parent/enfant, un autre cas attire inévitablement la curiosité du spectateur, et c'est celui de Mitsuki. Le mystère est entretenu concernant l'identité de ses parents, et il est amusant de spéculer à ce sujet, en attendant la fameuse révélation.

On n’arrête pas le progrès.

Le film débute dans un Konoha très modernisé, tant dans son architecture que dans ses technologies, pour le meilleur comme pour le pire.
Ce bond colossal apporte une nouvelle identité visuelle à Konoha, où les bâtiments traditionnels côtoient les buildings flanqués d'immenses écrans de télévision. Un confort moderne est donc désormais à la portée des ninjas du village de la feuille, mais ce confort apporte également son lot de désagrément. En effet, les entraînements acharnés auxquels se livraient autrefois les ninjas ne sont maintenant plus nécessaires, certains appareils permettant l'utilisation de techniques surpuissantes sans le moindre effort. Si on n’a aucun doute quant à la finalité du propos, mettre ainsi en péril le sacro-saint mérite par la volonté des shonens a le mérite d'être original, d'autant plus que c'est ici traité plutôt subtilement. C'est ici avec une maturité bienvenue que le film livre un avis nuancé quant aux bienfaits et déboires de la technologie.

Le deuxième sexe.

Sakura et sa fille Sarada ont toutes deux droit à un bref coup d'éclat, pour très rapidement retourner à leur rôle de « femme de Sasuke » et « probable future partenaire de Boruto ». On parlait plus haut de relations parents/enfants, mais si Boruto est mis sur le devant de la scène, sa sœur Himawari n'apparaît quasiment pas. Mais le must reste le rôle de Hinata. La première fois qu'elle apparaît, elle regarde son homme passer à la télévision EN PASSANT L'ASPIRATEUR. Je sais que les shonen nekketsu sont très souvent patriarcaux, mais là on atteint quand même un niveau outrancier.

Une réalisation impeccable.

Le film Boruto est beau. On retrouve la patte de l'auteur, c'est net, fluide, les combats en jettent, la bande-son est efficace, et on aperçoit même quelques idées de mise en scène symboliques simples, mais bienvenues. Bref, c’est bien fait, les séquences émotions sont émouvantes, celles d’actions sont efficaces et les touches d’humour font leur petit effet, une adéquation entre fond et forme plus juste que jamais pour un film de la licence. 

Le meilleur film de la licence ?

Force est de constater que les films de la saga Naruto vont en s’améliorant. Après de nombreux films clairement dispensables, Naruto the Last relevait clairement le niveau malgré un côté trop mielleux et caricatural, et Boruto le film apporte aujourd’hui sa pierre à l’édifice de fort belle manière. Malgré de nombreux clichés, une misogynie en aucun cas voilée et des enjeux finaux artificiels, le film développe de nombreuses thématiques avec énormément de justesse et de subtilité, et c’est au final un vrai plaisir que d’assister à l’envol de la relève du monde des ninjas.
On s’en doutait, l’univers de Naruto n’est pas mort, et si c’était pour le mieux ?