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W Juliette - Manga

W Juliette : Critiques

W Juliet

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 28 Février 2013


Peut-être ne le saviez-vous pas, mais W Juliette était attendu comme le loup blanc par les fans de shôjo. S’il ne révolutionne pas le genre, ce manga en 14 volumes débuté en 1999 réunit tous les éléments nécessaires à un divertissement enthousiasmant et cocasse. Quiproquos, triangles amoureux, pression des familles et, bien sûr, travestissement. Car les apparences sont bien souvent trompeuses.

W Juliette se situe dans la droite lignée des mangas dits de travestis comme Family Compo de Tsukasa Hojo ou plus encore Parmi eux – HanaKimi de Hisaya Nakajo. A l’instar de Mizuki dans ce dernier, la jeune Ito Miura a tout du garçon manqué. Cheveux courts, T-shirt et pantalon, silhouette androgyne… rien ou presque ne laisse présager la surprise réservée au lecteur et surtout à la nouvelle élève, Makoto Amano, dès la quatrième page. Dans les vestiaires pour filles, Ito révèle la vérité le plus simplement du monde en se changeant devant Makoto. Cette rencontre cocasse n’empêche pas les deux filles de se trouver plein de points communs, une grande taille tout d’abord (plus d’1m70 chacune), des parents à la tête d’un dojo et surtout le théâtre. Cela tombe bien puisque la classe théâtre est en train de monter la pièce de William Shakespeare, Roméo et Juliette. L’arrivée de Makoto crée d’ailleurs des tensions, car si le rôle de Roméo est déjà, et paradoxalement, acquis par Ito, celui de Juliette devient source de conflits entre Makoto et la peste Tsugumi. Mais ce n’est pas le principal problème de nos deux amies. En invitant Makoto chez elle, au milieu de tous ses frères (qui l’eut cru ?), Ito va découvrir en ouvrant une porte que Makoto n’est peut-être pas celle, ou ce qu’elle semblait être. Souvenez-vous, les apparences sont trompeuses. Vous l’aurez compris, Makoto est un garçon qui se travestit, ou plutôt se déguise pour une raison bien précise. Fils aîné de la famille, et n’ayant que des sœurs, ses parents l’ont élevé comme leur seul héritier. Sauf que Makoto a d’autres projets pour son avenir, en effet il veut devenir acteur. Après maints conflits, son père lui a laissé une dernière chance. S’il parvient à finir ses études en tant que fille, et sans être démasqué, son père le laissera tranquille et il pourra assouvir sa passion. Le rôle d’une vie donc que Makoto jouera à n’importe quel prix, afin de gagner sa liberté. Ils sont donc maintenant deux à partager ce secret, et devront tout faire pour le préserver des jalousies, surtout que Makoto vient de décrocher le rôle de Juliette. Roméo & Juliette, ou plutôt Juliette & Juliette entrent en scène.

Elle est lui (ou l’inverse)

Première originalité pour un shôjo, ce n’est pas la fille qui se travestit pour incorporer un lycée de garçons ou être près de l’être aimé, mais un garçon qui se déguise pour tromper son monde. Si dans la réalité, les transformistes, travestis ou drag queens sont majoritairement des hommes, la fiction, et plus particulièrement  le manga s’autorise moins à montrer un homme déguisé en fille au milieu d’autres filles. Peut-être par peur de se faire écho d’une quelconque perversion ou déviance. Comme dans Familiy Compo où le héros Masahiko devient la préférée d’un mafieux dès qu’il met une perruque et du maquillage, même si l’auteur Tsukasa Hojo s’en sert comme d’un ressort comique. Toujours est-il qu’il apparaît plus innocent, moins sexuel, qu’un fille d’apparence masculine se retrouve à côtoyer toute une ribambelle de garçons. Enfin, façon de parler, car bien souvent la fille, même en garçon, reste très féminine, et ses prétendants sont tous plus androgynes les uns que les autres. Toute idée de sexualité est alors évacuée. W Juliette reprend cette même idée, mais avec un garçon cette fois, et à vrai dire le très efféminé Matoko aurait pu tout aussi bien être un garçon ou une fille, la différence ne se fait que peu ressentir. Cette inversion des rôles n’est en fait qu’un prétexte, dont la portée ne dépassera pas celle d’être propice aux situations cocasses, quiproquos et autres obstacles dressés devant l’amour de nos deux Juliette. Car il était inutile de le préciser, Matoko et Ito tombent évidemment amoureux l’un de l’autre.

L’amour et ses défauts

La principale faiblesse du manga est de ne faire aucun mystère, ni suspense sur la naissance de ses sentiments. Leur amour est scellé et expédié en deux cases et trois pensées. Aucune remise en question n’est prête de pointer le bout de son nez, et le manga traite moins de la véracité de leurs sentiments respectifs et que de leur impossibilité de s’épanouir. A peine Ito a-t-il empêché l’affreuse Tsugumi (il ne faut toujours une sinon ce n’est pas un vrai shôjo !) de piéger Makoto en pleine représentation de Roméro et Juliette, que des photos circulent dans tout le lycée montrant Ito embrassant un joli garçon. Mais qui cela peut-il bien être ?! Le manga a cette tendance accumuler les dangers à une vitesse folle, à peine ont-ils réussi à garder leur secret, qu’un garçon commence à draguer Makoto. Le pauvre, s’il savait. Ainsi, il se passe tellement de péripéties dans le premier volume que le récit est des plus denses, parfois trop. La mise en page de la mangaka Emura ne facilite pas la lecture ou la concentration, avec beaucoup de bulles et de déstructurations, et son coup de crayon n’est pas assez fin et frais pour éviter que certains chapitres paraissent répétitifs et étouffants. Heureusement, alors la série semblait montrer ses premières limites au bout du premier tome (sur 14, un comble !), l’auteur décoince la situation avec le personnage de Makoto. A priori personnage principal et révélateur de l’histoire, celui-ci reste entouré tout du long d’une aura mystérieuse. Il ne parle presque jamais, agit souvent par impulsion et développe lentement une part d’ombre qui s’exprime avec violence. Le lecteur ne pouvant savoir ce qui tourne pas rond chez lui – Ito étant la narratrice -, il est fort à parier que ce comportement risque de réserver son lot de crises de jalousie et de coups de théâtre. Sans mauvais jeu de mots.

Hoagie


Note de la rédaction
Note des lecteurs
15.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,15.00,14.00

Les critiques des volumes de la série