Higanjima : Critiques

Étant apparu en Juin 2005, la série fleuve Higanjima, œuvre d'une vie de son auteur Koji Matsumoto, comptant 33 volumes, a mis plus de 11 ans pour se terminer dans nos vertes contrées à cause d'un succès n'étant pas au rendez vous, pourtant la série compte de très nombreuses qualités et se montre particulièrement addictive!



Il faut savoir qu'au Japon Higanjima remporte beaucoup plus de succès qu'en France et compte pas moins de trois saisons (la troisième étant toujours en cours de publication)...mais chez nous il faudra sans doute se contenter de cette première partie et de ses 33 opus!
A noter que malgré des difficultés à trouver un public, le titre sera publié entièrement grâce à l'acharnement de l'éditeur Français: Soleil!


Mais concrètement, qu'est ce que c'est Higanjima?
Il s'agit d'un titre qui n’est pas à mettre entre toutes les mains ! C'est un seinen violent, glauque, malsain…les plus endurcis trouveront ces propos peut être un peu excessif, mais les amateurs de shojos tendres risquent d’être un peu perturbés par ce titre!
La série nous raconte comment une bande d’adolescents, en voulant se prendre pour des héros et traquer des vampires, se retrouvent coincés sur une île infestée de ces monstres qui n’en veulent qu’à leur sang…et justement du sang il y en a ! Mais limiter le titre à ça serait vraiment très réducteur et injuste!


Akira, surnommé Aki par ses camarades, est un jeune lycéen tout ce qu'il y a de plus classique, vivant une vie tranquille, à ceci près que depuis quelques années son frère aîné, Atsushi, a disparu. Mais Aki ne perd pas espoir de le retrouver un jour.
Et justement, sans trop comprendre pourquoi, un jour une belle jeune femme entre en contact avec lui et lui révèle que son frère est vivant, qu'il l'aide à lutter contre une horde de vampires s'étant emparé de sa petite île, si petite qu'elle n'est même pas cartographiée!
Forcément cela ne peut pas être vrai, comment une telle absurdité pourrait être la vérité? Aki et ses camarades doutent...jusqu'à ce qu'un vampire s'en prenne à eux! Si ces derniers existent bel et bien, il se pourrait alors que Atsushi soit réellement en vie... Tous décident alors de partir sur l'île d'Higanjima où l'horreur les attend!
Rapidement les adolescents seront confrontés à une horde de vampires, mais aussi à des monstres gigantesques, tous menés par le charismatique mais effrayant Miyabi, le seigneur de l'île, un être immortel et invincible! Pourtant nos héros vont tout faire pour lutter contre ce dernier, notamment rejoindre la résistance où ils retrouveront Atsushi!


Rapidement nous pénétrons dans un univers sombre où le désespoir semble dominer, en effet dès que nos héros vont remporter une petite victoire, un terrible malheur ou une créature encore plus puissante va s'abattre sur eux!
Sans surprise donc, on retrouve un coté très shonen au titre avec une surenchère toujours plus importante, des ficelles très grosses utilisées par l'auteur pour prolonger la série (tels des affrontements non terminés remis à plus tard), pour autant on se passionne rapidement par le destin de ce petit groupe d'adolescents qui n'étaient pas préparés à une telle horreur. Et cela tient en grande partie à l'ambiance qui se dégage de ce titre, une ambiance glauque, dérangeante, poisseuse et humide...on ressent parfaitement le malaise que vivent les personnages, et comme eux on se mettrait presque à redouter ce qui nous attend par la suite!

Le supplice de la chaise par exemple est particulièrement atroce, glauque au possible, mais cela contribue à enfoncer les personnages dans l’horreur, et met le lecteur dans une position inconfortable qui lui permet d’aborder le titre autrement ! Ajoutez à cela un mythe du vampire revisité, où ici c’est un virus qui transforme en vampire et où le sang n’est que l’antidote pour ne pas atteindre un stade de dégénérescence plus important. Ainsi les humains sont une source précieuse, et les tuer directement serait du gâchis, les vampires souhaitant donc les garder en vie, rendant leurs supplices encore plus intolérables (et les vampires semblent se régaler de cela, apparaissant alors comme des êtres particulièrement vicieux).


Et que serait un titre sans ses personnages?
Si les protagonistes ne sont pas spécialement attachants au départ, ils vont connaître une évolution incroyable, murissant au grès des épreuves qu'il vont rencontrer, des monstres contre lesquels ils vont devoir se dresser! L'exemple le plus flagrant étant bien entendu Aki qui porte presque la série à bout de bras!
Mais il est entouré d'autres personnages intéressants et travaillés, avec une mention spéciale pour son frère Atsushi et le vieux maître! Et bien entendu, un bon héros n'a de valeur que face à un ennemi de qualité, et pour le coup Miyabi est peut-être l'un des "salauds" les plus intéressants qui soit, un personnage fort et passionnant, effrayant mais séduisant...une réussite totale!



Il faut par contre aborder un sujet qui fâche : le graphisme ! Il ne rend vraiment pas honneur à l’ambiance que l’auteur essaie de créer, les personnages se ressemblent un peu tous au début, les traits sont grossiers…mais ils se rattrapent sur les jeux d’ombres qu’il maîtrise davantage et sur une mise en scène palpitante. Et heureusement il va évoluer, mais sans jamais non plus atteindre des sommets.

Et bien entendu il faut également évoquer le fait que la série ne connaisse pas réellement de fin, puisque la conclusion au bout de 33 tomes ne s'avère être qu'une ouverture pour la seconde saison! Autant dire que la frustration est elle aussi très violente!
Évidemment ce n'est pas le meilleur argument de vente, pourtant passer à côté d'un tel titre est une erreur que le lectorat Français a commise, et il n'est peut êtres pas encore trop tard pour la rattraper!

Higanjima est réellement un titre qui mérite qu'on lui accorde une chance, une série d'horreur palpitante et proposant de nombreuses surprises! Avis aux amateurs!