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Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 16 Avril 2015

Êtes-vous prêts pour une descente aux enfers ? À pénétrer en un lieu où vous attend toute la noirceur de l’âme humaine ?

Alors, fermez - à double tour - la serrure de votre porte d’entrée, allumez votre lampe de chevet, seul phare dans la nuit tombante et ses cauchemars plus vrais que nature, et laissez-vous conter HIDEOUT…


« Pour moi, Seiichi Kirishima, ce livre sera sans doute le dernier… »


Seiichi Kirishima est un écrivain à succès et pour lui tout va pour le mieux, avec une compagne aimante, Miki, et un enfant, Jun, qui fait leur bonheur. Certes, son épouse dépense à tort et à travers et elle n’a pas vraiment voulu de ce fils et oui, sa belle-famille ne le porte pas dans son cœur… Qu’importe, soucis ou sacrifices sont sans importance, car, avec les siens à ses côtés, tout va bien. Il est heureux.


Mais cette vie dérape. Alors que Seiichi croyait Jun sous la surveillance de sa femme, l’enfant tombe de la fenêtre de l’immeuble et meurt dans l’accident. La descente aux enfers commence entre dettes, vie de couple à la dérive et remords qui le rongent. L’engrenage qui le mène vers la folie se met en route.


Quand Miki accepte de partir en vacances avec cet homme qu’elle hait et rabaisse dès qu’elle le peut, elle y voit l’occasion de profiter du soleil et de pourrir la vie de ce looser qui a causé la mort de son fils.


Mais Seiichi a un plan. Un plan où son épouse succombe sous ses coups. Un plan où il est enfin débarrassé de cette femme sans cœur qui a laissé son enfant seul, sans surveillance. Un plan où il peut repartir de zéro.


Seulement, au beau milieu de la forêt où Miki est censée rendre son dernier souffle, il y a une grotte. Et au fin fond de cette grotte, il y a quelque chose. Quelque chose de monstrueux et de hideux, maître d’une prison où résonnent des cris de souffrance et de désespoir.


Le dernier roman de Seiichi Kirishima, écrivain, peut maintenant commencer…


Promenons-nous dans les bois…


HIDEOUT (cachette ou planque en français) est un manga d’épouvante, un vrai, fourni avec espace clos, regard démoniaque épiant dans l’obscurité et main squelettique vous attrapant brusquement la cheville.


Masasumi Kakizaki joue à merveille avec les zones d’ombre de la grotte, dans un noir quasi complet où seuls ressortent les yeux exorbités d’un monstre, silencieux, tout droit sorti de nos pires cauchemars. Et que dire des planches en pleines ou doubles pages, elles vous glacent le sang !


Avec un dessin qui transcende la folie et la violence de son récit, le mangaka s’adonne à sa passion pour le film d’horreur, qu’il avoue d’ailleurs en postface.


Mais avant que le lecteur ne découvre et n’expérimente cette peur, les premiers sentiments qu’on lui propose sont la frustration et la colère, sur un schéma classique : un homme humilié par sa femme veut se débarrasser de cette dernière, dans une forêt lointaine et coupée du monde, un soir d’orage. Violent certes, surtout avec le métal brut d’une clé à molette, mais nombre de personnages frustrés et poussés à bout nous ont déjà été offerts dans la littérature ou le cinéma. Nous voilà donc sur un sentier plutôt familier ?


Avec une Miki immédiatement antipathique et un Seiichi que l’on comprend sans approuver, on se prépare en effet à une traque en forêt mettant en scène deux protagonistes bien identifiés : un meurtrier et sa victime. Sauf que…


Il y a cette grotte, où un homme et un enfant vivent reclus, défigurés par des années de folie meurtrière, déshumanisés par leur consommation de chair humaine.


Commence alors une série de poursuites macabres et sanglantes entre Seiichi, Miki et le maître des lieux, qui ne sont pas sans rappeler certains passages de la série HIGANJIMA. Dans des galeries étroites et obscures les chasseurs deviennent les chassés, les bourreaux sont ligotés à une chaise par leur victime. Quelqu’un trouvera-t-il la lumière menant à la sortie ?


Faut-il être fou pour tuer ou tuer pour être fou ?


HIDEOUT, c’est aussi la chute d’un homme dans les abysses de la folie. Masasumi Kakizaki débute son histoire par la tentative de meurtre de Seiichi sans en donner les motifs, en nous présentant un individu au bout du rouleau, qui devient violent et qui cherche - selon une logique apparemment simple - à tuer sa femme.


Mais la réalité est plus complexe et c’est un engrenage de longue haleine que nous dévoile le mangaka en alternant la traque, éprouvante, contre le monstre de la grotte et des flash-back qui lèvent le voile sur les évènements précédant ce fameux voyage.


Le passage de la normalité à la folie ne se situe ni au début ni à la fin de l’histoire, car il est progressif, subtil. On perçoit rapidement la fragilité de cet homme qui intériorise sans cesse, mais difficile de savoir si la métamorphose qu’il subit fera de lui un homme neuf ou un nouveau monstre.


Toujours est-il qu’il vous faudra attendre les derniers rebondissements du manga pour avoir une vraie vue d’ensemble…


Si vous aimez vous faire peur, HIDEOUT est le compagnon idéal pour une lecture nocturne. Remarquablement dessiné, dans une édition sobre et efficace, ce titre fait preuve d’une narration captivante et d’une intensité jubilatoire en dosant avec habileté les trois ingrédients clés angoisse-folie-violence ; le tout en un seul tome. Un vrai régal !


Note de la rédaction
Note des lecteurs
17.5/20

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