Habitant de l'infini (l') - Actualité manga
Habitant de l'infini (l') - Manga

Habitant de l'infini (l') : Critiques

Mugen no Junin

Critique de la série manga

Publiée le Vendredi, 04 Mars 2016

Titre culte malgré une certaine discrétion, L’habitant de l’infini fait parti de ces séries que tous s’accordent à dire qu’il s’agit d’un titre remarquable, rempli de qualités et qui malgré tout n’a pas la renommée qu’elle mérite.

Les plus anciens se souviennent que ce titre fut l’un des tout premiers à franchir nos frontières, il fut édité une première fois chez Casterman et ce en 1995, avec un sens de lecture français et une couverture rigide en carton (sans jaquettes)…ce qui était la norme à l’époque. La série fut stoppée au volume 9 (qui sorti en 2004…soit un tome par an) avant d’être reprise la même année sous le label Sakka. Ainsi cette seconde édition nous propose la série sous le format désormais classique des mangas, à savoir avec la jaquette et un sens de lecture japonais. Dix ans plus tard, après des tomes tous plus passionnants les uns que les autres, la série voit son terme arriver dans une conclusion à la fois épique et touchante… retour sur une grande série !

Dés les premières pages on découvre Manji, un ronin solitaire, armé de nombreuses armes, une cicatrice sur son œil droit, surnommé le tueur d’une centaine…bref un charmant personnage dont nous découvrirons l’histoire au fil des tomes… responsable de la folie puis de la mort de sa sœur…rongée par la culpabilité il essaiera de se racheter à sa façon. Sa particularité est qu’il possède en lui un parasite qui le guérit de toutes blessures, le rendant tout simplement immortel. Plus une malédiction qu’un cadeau, il aspire au doux repos de la mort, ce qui lui est interdit. Pour lever cette malédiction et pour se racheter par la même occasion, il fait vœu de terrasser mille scélérats.
Il va rencontrer Lin, une jeune fille ayant assisté au massacre de sa famille par un clan voulant unifier toutes les écoles de sabres du Japon. Elle va quérir l’aide de Manji pour sa quête de vengeance… Une traque commence alors pour éliminer les membres du Itto-Ryu et en particulier son jeune leader Anotsu, cette fameuse école sans forme, se contentant de rassembler les meilleurs combattants de tout horizon, et le parasite de Manji lui sera bien utile. S’il possède un art du sabre impressionnant, il n’en reste pas moins accessible et ses adversaires sont particulièrement dangereux. Bien entendu le gouvernement ne restera pas à l’écart de cette lutte opposant un immortel à une école surpuissante et les protagonistes seront nombreux, tout autant que les affrontements toujours plus violents et frénétiques !

Si Manji est immortel, il n’est pas invincible pour autant, et c’est ce qui rend le personnage d’autant plus intéressant. Il n’est pas intouchable et subira de nombreuses attaques violentes, mais le fait qu’il se relèvera à chaque fois contribuera à faire naître une certaine terreur chez ses adversaires, ce qui lui donne une certaine aura.

Ce qui caractérise cette série c’est sa violence souvent extrême, souvent très dure, parfois même à la limite du soutenable. L’auteur possédant une étrange passion pour les corps mutilés, il nous proposera à de multiples reprises des séances de tortures, des personnages affreusement mutilés…il en ressort alors un certain malaise et le titre dégage à plusieurs reprises une ambiance malsaine… On pourrait même dire qu’il dégage une certaine perversion, mais s’il est vrai que le titre est très violent, il est loin de n’être que ça ! En effet on y également une véritable poésie, on ressent très souvent une certaine mélancolie à suivre ses personnages écorchés par la vie, animés dans un premier temps par la vengeance, mais qui vont évoluer au fil des tomes.
Le grand intérêt de ce titre repose notamment sur ses personnages de plus en plus nombreux et de plus en plus complexes. Si les motivations de Lin sont simplistes à la base (mais légitime), elle va les remettre en question, notamment au contact d’Anotsu…la haine va l’opposer à lui, mais elle apprendra à le connaître. Les motivations de Manji paraissent encore plus simplistes. Il se mêle à ce combat uniquement en tant que garde du corps au début, n’y voyant qu’un prétexte pour tuer des criminels et se racheter, mais son implication ira bien au-delà. Anotsu de son côté sera tout saut manichéen. Certes son école sera responsable de nombreux meurtres, et il est vrai que certains de ses membres sont de véritables criminels pervers, mais sa personnalité et ses motivations sont bien plus complexes. Mais la véritable ambiguïté viendra des troupes du gouvernement. Son représentant, Habaki, va engager des criminels pour alléger leurs peines afin de lutter contre le Itto-Ryu…ainsi on aura des représentants du gouvernement à plusieurs reprises plus inquiétants que ceux considérés comme des meurtriers. Habaki ayant lui même des motivations plutôt troubles.

Tout le long du titre, l’auteur en maniant ses nombreux personnages, leurs différentes oppositions, et toutes les interactions qu’il y aura entre eux, va tisser une toile complexe, riche et absolument passionnante !

Le trait de l’auteur est absolument superbe, il travaille uniquement à l’encre de Chine ce qui donne des planches remarquables où les jeux d’ombres sont merveilleusement rendus, il nous offre également des croquis dignes d’estampes, et la force est dans le contraste, car souvent ces planches viennent conclure les affrontements par un bain de sang…la beauté dans la sauvagerie.
La mise en scène des affrontements est elle aussi très réussie, la mise en page en générale est très travaillée, c’est vraiment un chef d’œuvre.

Malgré un côté malsain parfois dérangeant, ce titre possède un nombre incroyable de qualités, en particulier des personnages complexes et travaillés, une poésie certaine…bref une âme !

L’habitant de l’infini est clairement une des meilleures séries jamais sorties en France !

Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
17.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

18.00,18.00,17.00,16.00,16.00,17.00,17.00,17.00,16.00,16.00,17.00,14.00,17.00,17.00,18.00,17.00,16.00,16.00,17.00,17.00,17.00,17.00,17.00,17.00,16.00,17.00,17.00,17.00,17.00,17.00,17.00,18.00,17.00

Les critiques des volumes de la série