God child - Actualité manga

God child : Critiques

Critique de la série manga

Publiée le Mercredi, 23 Juin 2010

Kaori Yuki est plus ou moins un mythe dans l’histoire du shojo, notamment grâce à sa saga céleste, Angel Sanctuary. Mais, loin de la pureté d’un drapeau de plumes blanches, l’auteur se complait avant tout dans les ambiances sombres, les lieux confinés et les histoires un peu tordues et inattendues. God Child est, pour ces raisons, une des séries qui caractérise le mieux l’auteur à succès. Dans l’univers du Londres victorien où les tueurs en série viennent passer leur vacances et s’y plaisent tant qu’ils y restent, où les histoires incestueuses ou autres parjures peuvent prendre naissance et où les secrets peuvent surgir à tous les coins de rue, Kaori Yuki pose son décor. L’histoire ? Pour les fans de l’auteur, il sera facile de reconnaitre Cain, le comte des poisons. Pour les autres, pas de problèmes. Tout est réexpliqué : Cain est un jeune comte qui, suite à la mort prématurée de son père, dirige sa famille. Sa richesse fait jaser dans les couloirs, mais sa passion pour les poisons délite bien mieux les langues que n’importe quel héritage. Cain est alors un jeune homme étrange, qui se met en tête de courir après le crime, à croire que le malheur fleurit sous ses pas. De tueurs en série aux meurtres en familles, des pédophiles aux menteurs, Cain navigue et répand la justice, parfois sanglante, sur ses traces. Le fait est que son propre passé n’est pas si rose, et que sa disposition aux ténèbres a une certaine justification. Accompagné de son majordome particulier Riff, Cain va se voir confronter à ce passé et s’opposer à un fantôme qui est devenu son pire ennemi …

Le récit se place tout d’abord facile d’accès aux néophytes, avec de petites histoires et peu de personnages récurrents. C’est d’ailleurs là toute la beauté de l’œuvre, qui n’introduit que petit à petit d’autres invariants, au fur et à mesure que les précédents s’intègrent dans le décor. Ainsi, aucun problème de compréhension, même s’il est vrai que la saga des Comte Cain permet de mieux approcher le passé de Cain, sa rencontre avec Mary et sa passion pour les poisons. Un bonus non négligeable quand on éprouve autant de plaisir à lire la série, il n'y a là rien d'indispensable. Il est toutefois légitime de dire que la mangaka se perd parfois dans un scénario que certains jugeront trop exagéré, tandis que d’autres applaudiront des deux mains, heureux de retrouver un contexte qui a su inspirer Jack l’Eventreur et ses collègues, dont les récits nous font encore frémir. Kaori Yuki parvient à toucher, avec grâce et une facilité somme toute assez relative d’accès, tous les tabous que la société a rencontré de par les époques. Entre petites nouvelles et histoires portant l’intrigue principale, l’auteur se fond dans le fruit de son imagination pour offrir un magnifique équilibre, perceptible et restant pourtant, quand on s’y attarde, d’une profondeur intéressante et d’un sens artistique -scénaristiquement parlant- captivant. Le manga saura très certainement tirer un peu de dégoût de la part des lecteurs, preuve étant de la qualité du récit, mais surtout des larmes aux lectrices les plus impliquées. La relation entre Riff et Cain est absolument sublimée, avec bien plus de douceur, de pertinence et de justesse que l’amour entre Setsuna et sa sœur, dans ce qui est pourtant la grande œuvre de l’auteur …

Esthétiquement parlant, le trait s’améliore de tomes en tomes mais gagne aussi en froideur, alors que les quelques erreurs de la mangaka rendent ses dessins encore plus présents. Plus aboutis et cadrés que le très brouillon Angel Sanctuary, on trouve ici plus de maitrise et de justesse, notamment dans les expressions des personnages mais aussi dans les décors. Tout laisse présager d’une certaine maturité dans le geste et dans la narration, puisque les traits gagnent en assurance. God Child est sans nul doute l’aboutissement d’une carrière dans le dessin. Les personnages sont charismatiques, élégants et vraisemblables. Leur personnalité se lit sur leurs traits, qui expriment parfaitement les émotions et les passions qui les animent. En plus du travail remarquable des personnages, Yuki a soigné les détails, retranscrivant de manière juste et efficace l’ambiance qu’elle a voulu mettre en place dans cette série. L’édition, un peu légère parfois, nous offre pourtant une qualité satisfaisante, une traduction compréhensible et des postfaces -très importantes auprès des fans- pour en savoir un peu plus sur Kaori Yuki. Bref, en tous points, God Child est un petit chef d’œuvre du shojo pour qui sait l’approcher, à la fois décalé et original, mais également passionnant et touchant.


NiDNiM


Note de la rédaction
Note des lecteurs
17.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

19.00,20.00,18.00,18.00,17.00,19.00,18.00,16.00

Les critiques des volumes de la série