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Chobits : Critiques

Chobits

Critique de la série manga

Publiée le Vendredi, 26 Octobre 2012

Ne vous y trompez pas. Si cette série a été pensée par les CLAMP comme s’adressant à un public plus mature, ce n’est pas à cause de l’univers un peu spécial de la science fiction, ni des petites culottes et autres tenues légères de Tchii. Mais bien parce que l’exploration des sentiments humains et non humains va assez loin, bien plus que l’on pourrait le croire au premier abord. Car la question du différent pose toujours un problème dans les esprits. Et en huit tomes, c’est le cheminement des préjugés et des pensées humaines que les mangakas nous proposent de suivre. Ainsi, on découvre Hideki et Tchii dans leurs quêtes respectives de bonheur, mais également les interrogations et les souffrances de leur entourage. Dans un monde où tout le monde vit avec un persocon (un ordinateur à forme humaine), certains ne voient plus la frontière entre les deux, allant jusqu’à oublier les contacts humains, avec des gens imparfaits. A quoi cela pourrait il leur servir lorsque la perfection de la machine est à leur disposition ? Les deux points de vue sont abordés constamment, et jamais les auteurs ne s’engagent vraiment avant la fin de la série. En effet, on sent la douleur de Yumi et du prof Shimizu, et du même coup on s’insurge contre cet attachement aux ordis, qui après tout ne sont que des programmes dénués de sentiments … Et de l’autre côté, il y a Tchii. Tout lecteur devient sensible à son regard innocent, ses questions naïves et ses sentiments purs. Mais alors que penser ? On en vient à espérer que la jeune « fille » soit vraiment différente des autres. Un chobits, est ce que cela signifierait qu’elle éprouve vraiment des sentiments ? On veut croire en cet amour aveugle que Tchii éprouve peu à peu pour Hideki, pour la personne rien que pour elle. Mais les CLAMP, si elles nous font souvent rêver, ne vont pas jusqu’à enlever toute logique à leur histoire juste pour satisfaire notre désir inconscient. Et la fin tombe, Tchii est bien un ensemble de programmes. Sa sœur elle-même le dit, elle est comme tous les autres à ce niveau. Pourtant, pourtant, elle finira aux côtés d’Hideki, dans un semblant de bonheur. Alors serait ce là la réponse du groupe de mangaka, à savoir que chacun a droit au bonheur ? On ne peut pourtant pas s’empêcher de relever le mode de vie égoïste du héros, qui a un cœur pour deux et s’approprie l’amour qu’il a pour son ordi, tout en lui prêtant des sentiments humains. Mais l’espoir est omniprésent, et à aucun moment, tout le long du titre, un aspect de la question n’est négligé.

Entre comique et philosophie, ce manga parviendra à capturer l’attention d’un groupe étendu de lecteurs, malgré ses faiblesses évidentes. L’inconstance de la série, notamment, est quelque peu dérangeante : trop de comique d’un coup, ou au contraire trop de jolies phrases. A plus grande échelle, les derniers volumes souffrent d’une accélération impressionnante, totalement imprévue et surprenante au vu du rythme plus que lent et redondant du reste de la série. Le suspense n’est pas diablement efficace, notamment lorsqu’Hideki a besoin de trois tomes minimum pour comprendre une simple notion (et toute une série pour intégrer le statut de chobits de Tchii). De plus, les CLAMP se reposent parfois un peu trop sur l’attitude mignonne et candide d’une Tchii à moitié nue, impressionnant fortement un héros un peu simple auquel le lecteur doit s’identifier : malgré son air benêt, il est empli d’un courage et d’une persévérance qui sont tout à son honneur, à l’instar de sa principale fonction : aimer, et faire passer une longue réflexion sur le statut de l’amour et des conditions, des limites qu’un tel sentiment peut imposer.

Les graphismes, bien différents de la complexité presque anarchique d’un X ou d’un RG Veda, sont épurés et très allégés afin de convenir au public masculin que le titre visait en priorité. Les traits ne sont pas fermés, ni crayonnés, et tout est simplifié (pas d’étoiles dans les yeux, par exemple) tout en gardant un aspect très « romantique » : des décors brillants et artistiques. Se calquant sur un rythme très calme, la mise en page n’est pas très dynamique, mais les pages sont rarement chargées ce qui permet une lecture fluide et sans difficultés notables. La clarification des traits a permis aux CLAMP d’intégrer le caractère de chacun dans sa représentation : pureté et candeur de Tchii, bêtise d’Hideki, sensibilité exacerbée de Yumi, douceur de Ueda, comique de Sumomo, … En plus de la qualité graphique que l’on doit reconnaitre, même si elle est un peu surprenante, il faut admettre que Pika a fait un travail satisfaisant. En effet, la jaquette est agréable, le format un peu plus grand que la normale, le papier est globalement de bonne qualité (mais baisse de régime sur certains tomes où les pages sont franchement fines), et pour le prix on a droit à une carte dans chaque tome. En somme, de bons sentiments sont présents dans cette série même si, incontestablement, elle a des défauts au niveau du rythme notamment. Très simple dans la narration et les dessins, la série a cependant le mérite de pousser parfois plus loin que prévu la vision complexe des sentiments humains …


NiDNiM


Note de la rédaction
Note des lecteurs
16/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,14.00,15.00,15.00,14.00,15.00,16.00,16.00,16.00,16.00,16.00

Les critiques des volumes de la série