Beet the Vandel Buster - Actualité manga

Beet the Vandel Buster : Critiques

Bôken oh Beet

Critique de la série manga

Publiée le Lundi, 21 Décembre 2015

Quand les créateurs de la saga Fly reviennent au manga, il y a de quoi créer l’évènement. Et s’ils ne révolutionnent pas le genre shônen avec Beet, ils remettent en avant un sens du récit et des valeurs que l’on croyait révolu. Enfants, devenez chasseurs de monstres. Adultes, retrouvez votre âme d’enfant.

Un mangaka est-il toujours l’homme d’une seule série ? Facile de trouver dans votre mangathèque des preuves du contraire comme Rumiko Takahashi (Maison Ikkoku, Ranma ½, Inu-Yasha) Tsukasa Hôjô (City Hunter, Cat’s Eye, Family Compo) ou Naoki Urasawa (Monster, 20th Century Boys). Pourtant, à y regarder de plus, les œuvres cultes se confondent souvent avec leur auteur. Surtout dans les années 90, surtout dans le shônen. Dragon Ball et Akira Toriyama, Kenshin le vagabond et Nobuhiro Watsuki, et bien sûr Fly et le duo Riku Sanjô / Kôji Inada. Toriyama profite encore du succès de ses super guerriers et de ses produits dérivés, et à peine reprend-il le crayon pour le design d’un jeu vidéo ou pour s’autoparodier avec Nekojima. A l‘inverse, Watsuki a fait le pari de rebondir rapidement après les 28 volumes de Kenshin avec Gun Blaze West puis Busô Renkin. Mais le succès n’est jamais au rendez-vous, la qualité encore mois, et le mangaka se voit même demandé par son éditeur Shueisha d’arrêter sa dernière série après seulement 10 volumes. Entre ces deux extrêmes, les auteurs de Fly ont choisi a voie du compromis et de la réflexion. Après 37 volumes et 7 années de dévouement à leur série phare, inspirée à l’origine des jeux vidéo Dragon Quest, ils s’accordent une pause méritée. Juste revisitent-ils l’univers de Dragon Quest dans un one-shot et quelques chapitres parodiant Fly. En France, les aventures du jeune héros sont publiées de 1996 à 1999 chez J’ai lu, et laissent avant tout le douloureux souvenir d’une adaptation approximative, bâclée et parfois scandaleuse.

Un nouveau héros

En 2002 pourtant, après presque 5 ans de silence et alors que personne ne les attendait, le scénariste Riku Sanjô et le dessinateur Kôji Inada reviennent avec un nouveau manga et un nouveau héros, Beet. Un nom et titre aussi court que Fly, et ce n’est pas le seul point commun entre les deux œuvres, puisque avec Beet, les auteurs offrent une sorte de relecture, voire de mise à jour de leur ouvre maîtresse pour les nouvelles générations, et accessoirement lecteurs de Naruto. Sans pour autant trahir l’esprit d’origine. Ainsi, le monde libre est menacé par les Vandels, des démons aux pouvoirs magiques, qui longtemps cachés dans l’obscurité prolifèrent depuis peu et troublent la paix des humains. Le jeune Beet, lui, est fasciné par les chasseurs de Vandels – Vandel Busters –, et compte bien en devenir un. Son point fort est qu’il peut rester éveillé pendant trois jours d’affilée, mais passe le quatrième à dormir quoi qu’il arrive. Alors qu’une des portes retenant les Vandels est sur le point de céder, et malgré les réticences de son amie Poala, Beet est bien décidé à rejoindre la troupe de guerriers de Zenon. En plein entraînement, il tombe de sommeil, et au même moment, Beltorze un puissant Vandel déboule au village. Beet se réveille en plein combat entre Zenon et Beltorze, et l’ennemi en profite pour le prendre en otage puis le blesser à mort. Les 5 guerriers de Zenon n’ont d’autre solution pour le sauver que de réunir leurs énergies au risque de perdre le combat. Et avant de disparaître, ils lui confient qu’il n’est autres que le fils de… Trois ans plus tard, Poala est devenu une Vandel Buster de niveau LV 21et doit affronter le Vandel Mugine, une sorte d’affreux crapaud. C’est le moment que choisi Beet pour revenir, plus fort que jamais et doté d‘une arme redoutable, le saïga.

Un univers créatif

Comme l’expliquent les deux auteurs en notes, alors que Fly avait un univers prédéfini par les jeux et pas si éloigné du nôtre, ils ont décidé avec Beet de créer de nouvelles règles et de nouveaux monstres. Ainsi, à la fin du premier volume, plusieurs pages sont destinées à décrire le monde de Beet. De l’équipement de base au tatouage sur le torse pour chaque Buster en passant par la maison du priseur ou la monnaie MG. Point de départ des actions de chaque Buster, les maisons des priseurs fixent le montant des primes pour la chasse aux Vandels. Le Buster peut y trouver des informations sur les niveaux des monstres, sur comment les localiser et décrocher des missions dans les villages environnants. A chaque Vandel ou monstre tué, le Buster subit un examen rétinien afin de vérifier la mort de l’ennemi puis reçoit sa prime et est promu. Cette promotion est en fait le marquage au fer rouge du niveau du Buster. Poala est LV21 et Beet LV 28. Alors que la magie utilisée par les Vandels tire son énergie dans la terre, le pouvoir surnaturel des humains puise leur force de l’atmosphère. Pouvoir des ténèbres contre pouvoir divin. Un Buster peut ainsi matérialiser des attaques sous forme de flamme ou de glace, et même du fameux Saïga, qui chez Beet se compose des armes des 5 guerriers de Zenon : Excellion Blade, Boltic Axe, Cyclone Gunner, Crown Shiel et Bunrning Lance.

Beet et Fly : même combat ?


Si après un volume, l‘univers de Beet est déjà riche, le destin du jeune héros n’en reste pas moins qu’à ses prémisses. En effet, à l’instar des premiers chapitres de Fly où le héros éponyme se battait contre une série de monstres avant de faire la connaissance du roi du Mal, des 6 généraux puis du Dieu du Mal.  La hiérarchie des Vandels et du monde des ténèbres n’a pas encore fait son apparition, mais il est sûr qu’elle ne devrait pas tarder. Car si Riku Sanjô et Kôji Inada ont fait un effort de création, ils n’en sont pas pour autant à révolutionner le genre, et encore leurs habitudes. Fly et Beet pourraient être frères, et pareil pour la princesse Leona et Poala… enfin sœurs sur ce coup. De même, le bestiaire des deux comparses s’inspire irectement de leur précédente œuvre, le crapaud remplaçant le crocodile, et le cornu Beltorze le roi du Mal Hadora. Espérons que les mangakas aient plus d’un tour dans leur sac et qu’au travers des 12 volumes déjà existants, ils réussissent à se libérer de leur lourd héritage et propose si ce n’est pas une nouvelle référence du shônen, ou moins un divertissement de haute volée. Ils ont déjà relevé le pari d’adapter l’esprit très 90’s et naïf de Fly dans une œuvre contemporaine. Peu ou pas de violence et la mise en avant de valeurs comme l’innocence, la fraternité, le courage et le dépassement de soi.

Trait pour trait

Par contre, en 5 ans, et même 12 depuis ses débuts, le dessinateur Kôji Inada a gagné en pureté et netteté. Le trait est fin, propre, sûr, et les scènes d’action sont moins brouillonnes, plus amples. Il n’hésite pas à utiliser une pleine page, voire deux, pour une attaque. Autant dire qu’il a réussi à se fondre dans les nouveaux canons du shônen, imposés bon gré mal gré par One Piece ou Naruto. Difficile en effet de ne pas penser à cette dernière dans la construction de certaines planches, ou plus flagrant encore dans le look de Beet, sa panoplie orange et bleu rappelant celle du célèbre ninja. Pas question de parler pour autant de plagiat ou même de copie, Beet est loin de ça, très loin même. Dans un genre, et une industrie, où après 30 voire 40 volumes, les aventures de pirates ou de ninjas commencent à se ressembler, les créateurs de Fly reviennent aux basiques et laissent souffler un vent de fraîcheur sur la production manga pour garçons. Il suffit alors de se laisser porter.


Hoagie


Note de la rédaction
Note des lecteurs
19/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,16.00,14.00,15.00,16.00,16.00,16.00,16.00,14.50,15.00,14.00,14.00,14.00

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