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Animal kingdom : Critiques

Doubutsu no kuni

Critique de la série manga

Publiée le Lundi, 15 Février 2016

Il y a quelques mois (quelques années), en Janvier 2014, lors de la sortie du premier tome d'Animal Kingdom, se sont tous les fans de Makoto Raiku qui ont pleuré de bonheur ! Et c'est grâce à Ki-oon qui édite ce titre que ce bonheur est possible !
Pour ceux qui l'ignorent, Makoto Raiku fut un assistant de Kazuhiro Fujita, autre auteur grandiose qui n’a jamais rencontré le succès mérité en France (Karakuri Circus et Moonlight Act), avec lequel il a collaboré sur « Ushio to Tora ».
Il est connu en France pour son remarquable travail sur Zatchbell, sa première grande série pour laquelle j’ai un profond amour !
Quelle joie donc de le voir revenir avec un autre titre en apparence aussi déjanté : Animal Kingdom.



A première vue ce titre semble s’orienter vers un jeune public, d’autant que Raiku possède un style parfois enfantin dans son trait. Et si Zatchbell pouvait également s’avérer un peu plus enfantin que d’autres shonens, l’auteur a réussi à y glisser savamment des éléments dramatiques et parfois même un peu durs. Et très rapidement on se rend compte qu’il en sera certainement de même dans Animal Kingdom, son dernier titre en date, qui ne compte (malheureusement) que quatorze tomes !  !

Monoko est une jeune femelle raton laveur vivant dans un monde animal où règne la force, où justement les forts dévorent les faibles au sens propre comme au figuré, un monde où les différentes espèces ne se comprennent pas et sont bien loin de vivre en harmonie. Un beau jour en rentrant d’une pèche bien peu fructueuse, elle trouve un bébé humain abandonné dans un panier dérivant au fil de l’eau. Ayant récemment perdu sa famille, dévorée par des fauves, Monoko décide d’adopter l’enfant et de le protéger de ce monde sans pitié envers les faibles. Et si ce bébé ne possède ni croc ni griffe, il possède une « arme » tout autre qui lui sera d’un grand secours : il comprend et peut parler le langage de toutes les espèces animales ! Contre toute attente Monoko sera aidée par Croc Noir, un puissant et redoutable chat sauvage.
En grandissant, Taroza, puisque c'est son nom, va devenir un beau jeune homme, fort et charismatique, et va se lancer dans un projet fou, que certains pensent utopique : rassembler toutes les espèces animales et faire en sorte qu'elles vivent en paix en cessant de s'entre-dévorer !
Mais le chemin sera long et particulièrement douloureux, voire cruel et injuste !


L’auteur le confesse lui même, il souhaite s’adresser à un plus vaste public, y compris aux enfants, ce qui explique le ton employé dans ce titre sortant des sentiers battus. Pour autant nous n’avons pas entre les mains un « Kodomo », un titre réservé aux enfants, car Animal Kingdom, et c’est la force de son auteur, propose plusieurs niveaux de lecture.
D'autant que plus nous avançons dans la lecture des quatorze tomes que compte la série et plus le ton sera dramatique, plus la violence sera présente. Donc si au départ le titre se voulait léger et enfantin, l'auteur a fait évoluer son titre de sorte qu'il devienne de plus en plus dur.

Outre le fait que tous les animaux s’expriment et possèdent un langage, l’auteur leur a donné des caractéristiques humaines afin de faciliter l’identification aux personnages, et c’est notamment le cas des ratons laveurs qui de leur côté possèdent tous un visage et des expressions humaines. Et là la filiation entre Zatchbell et Animal Kingdom saute aux yeux : l’auteur nous propose un univers déjanté, pas forcément réaliste, mais malgré tout incroyablement cohérent.


Une fois le choc et la surprise de se retrouver avec ces animaux aux faciès humains et possédant des préoccupations assez proches de celles des humains, on sait que l’auteur ne se refusera aucun délire, les lecteurs connaissant Zatchbell savent alors qu’on peut s’attendre à tout, Raiku n'ayant rien perdu de son talent, bien au contraire.

Donc si en apparence le titre se veut léger, sur le fond, on est bien loin d’un gentil conte simpliste. L’auteur n’hésitant pas à mettre en scène des événements tragiques, tels que la mort des parents de Monoko dévorés par des fauves, et ce dès le premier tome ; et par la suite bien d'autres drames vont se produire, provoquant de véritables déchirements ! On peut alors faire un parallèle avec des grands classiques comme « Bambi » ou « Le Roi Lion », qui se veulent destinés à un large public, mais qui proposent des scènes terribles de deuil, et peuvent donc se montrer presque traumatisantes pour un enfant qui ne saurait pas à quoi s'attendre.
Et la violence ne sera pas que psychologique, elle sera également visuelle, avec des affrontements entre félins, puis plus tard avec des créatures informes (et pouvant être dérangeantes pour des enfants) : corps lacérés, personnages baignant dans leur sang.
Des passages qui sont loin d’être insoutenables, mais qui peuvent pourtant s’avérer durs pour un jeune public. Ainsi il ne faut pas se tromper sur les intentions du titre, si Raiku vise un public large, il ne réalise pas pour autant un titre pour enfants.


Dans un premier temps les aventures de Taroza (à noter que la consonance et la prononciation Japonaise renvoient directement à « Tarzan », autre influence totalement assumée par l’auteur), il est difficile de ne pas faire de rapprochement avec « Le livre de la jungle » tant les points communs sont nombreux : Taroza est clairement apparenté à Mowgli, Monoko et les ratons laveurs renvoient directement à la meute de loups qui élève Mowgli, et difficile de ne pas comparer Croc Noir à Bagheera. Enfin, on note que la principale menace pour les ratons laveurs et Taroza sont les chats sauvages, faisant alors penser à Shere Khan le tigre !
L’inspiration est flagrante, mais l’auteur s’approprie ces références pour se créer son univers propre, échappant à toute logique, mais qui demeure cohérent malgré tout : il est rare en effet de voir des panthères vivre dans le même habitat que des ratons laveurs et des vaches ! Tout comme il est rare de voir une panthère portant des vêtements.
Ensuite peu à peu le titre va évoluer vers une série de science-fiction, avec des sauts dans le temps, des créatures grotesques créées par la science, des technologies futuristes… Deux univers qui a priori n'auraient jamais dû se rencontrer, mais que Raiku réussit à réunir avec un brio indéniable.
C'est sur que pris comme ça, le début et la fin de la série semble n'avoir presque rien en commun, mais en défilant le fil de l'histoire peu à peu, les choses se font en douceur, et l'ensemble ne choque pas le moins du monde, notamment grâce à la mise en scène et la narration de l'auteur qui dès le départ à donné vie à un univers autorisant toutes les excentricités.



Raiku nous livre ici sa version des événements de la tour de Babel, avec différents peuples qui ne se comprennent pas, car utilisant des langages différents (les animaux et leurs cris), où ce seront justement ces différences et cette incompréhension qui provoqueront des conflits. Et alors même que la référence est frappante dès les premiers tomes, les derniers volumes de la série se dérouleront justement au sein d'une tour logiquement appelée « La tour de Babel ». La boucle est bouclée et la référence totalement assumée.

Bien entendu, en bon shonen, le titre dégage des valeurs chères au genre ainsi qu'à l'auteur : des valeurs d'amitiés, de sacrifice, de don de soi, de respect...c'est certes classique, mais des clichés dans les mains d'un auteur pareil ne peuvent donner que des choses fabuleuses, ce qui est le cas ici !
Et bien évidemment, fidèle à lui-même, Raiku nous propose également énormément d'humour, un humour déroutant propre à l'auteur qui lui s’avère plus qu’enfantin, voir même scato. On aime ou pas, mais quelque part cela colle au côté déjanté de l’ensemble du titre, et qu’on le veuille ou non cela reste bon enfant. 

On reconnaît immédiatement la patte de l’auteur dans son trait très énergique, incroyablement dynamique et lui aussi également déjantée. On retrouve chez les personnages des expressions qu’on a vu sur les visages des personnages de Zatchbell…outre le fait de nous procurer une grande joie, cela a un effet rassurant pour le lecteur qui se retrouve en terrain connu. Quant à ceux qui ignorent Zatchbell, il n’est pas encore trop tard pour rattraper cette erreur.
Une série remarquable en tout point, qui peut s'avérer déstabilisante, mais s'avère être un sans fautes sur l'ensemble de ses quatorze tomes !

Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
16.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,17.00,17.00,17.00,17.00,15.00,17.00,18.00,17.00,17.00,17.00,17.00,17.00,17.00

Les critiques des volumes de la série