Un amour de Bentô

La cuisine de l'amour

 
 
Pour emballer le tout de façon séduisante et ludique, les deux auteures proposent donc dans chaque chapitre une petite histoire d'amour que Sae, Yûki et Shiori tenteront d'embellir et de faciliter à grands coups de cuisine. Car c'est bien connu, la cuisine peut être un excellent moyen d'exprimer ses sentiments quand elle est faite avec soin et amour.

Si, dans le fond, les petites histoires d'amour - qui ne sont pas l'intérêt premier du titre - n'ont rien de très élaboré et tendent dès ce premier tome à se répéter, elles restent néanmoins très plaisante à suivre, grâce à un savant cocktail de romance fluette, de fraîcheur, et d'un humour dû à la spontanéité et à la maladresse de Sae.

De plus, elles ont le mérite d'être suffisamment variées pour ne ressentir aucune lassitude l'espace des trois volumes : dans certaines histoires il s'agira de déclarer son amour, dans d'autres de consolider le début d'une relation ou de confirmer une amitié, dans d'autres encore de s'excuser après une dispute... La situation peut aussi s'inverser, et au lieu d'une jeune fille voulant préparer un bentô à un garçon, on peut avoir un garçon souhaitant concevoir un panier-repas pour une fille.
Quant au fond lui-même de ces petites histoires sentimentales, il est tout aussi diversifié, et permet en prime de présenter des bentô adaptés à chaque situation. Ainsi, quand une jeune fille souhaitera soutenir son copain sportif, elle devra lui préparer un repas suffisamment riche pour l'aider à être performant lors de son prochain match. Dans une autre histoire, une fille devra préparer un casse-croûte à même de revigorer son ami juste après son footing du matin. Une jeune demoiselle voudra tout simplement préparer pour son ami d'enfance son plat préféré sous forme de bentô, tandis qu'une autre voudra présenter son panier-repas comme une véritable déclaration d'amour à l'élu de son cœur. Dans une histoire une jeune fille devra apprendre à assumer ses rondeurs pour oser déclarer sa flamme, tandis que dans une autre une élève modèle devra se surpasser pour que son entourage accepte l'amour qu'elle ressent pour un voyou... L'ensemble est varié, chaque recette se veut adaptée à chaque situation.

Bref, l'ensemble est bien conçu, et les différentes petites histoires sentimentales, en plus de bien coller aux recettes, réchaufferont le cœur des jeunes filles... et peut-être aussi de celles et ceux qui se laisseront tout simplement emballer par cet univers mignon, sentimental et bourré de bonne humeur.
  
  
  
 
 

Chaleur humaine

 
 
Si Un Amour de Bentô est si plaisant à suivre, c'est également parce qu'il s'en dégage une certaine chaleur humaine, une vraie convivialité, ainsi qu'un optimisme certain (exagéré, même, ce qui pourrait quand même irriter les plus allergiques aux bons sentiments).

Cette bonne humeur permanente passe d'abord par la petite équipe qui est aux fourneaux. Sae, Yûki, Shiori : telle est la composition du trio qui s'improvise as de la confection de bentô, et si on le suit avec plaisir, c'est également parce que chacun des trois personnages trouve parfaitement sa place.
Ensemble, la petite équipe va se faire un plaisir d'aider les coeurs transis via la confection de paniers-repas aussi mignons que savoureux, et on appréciera beaucoup les rôles bien répartis entre chacun des principaux personnages : tandis que l'énergique, motivée et inventive Sae émet les idées des bentô en les dessinant, Yûki se charge des tâches les plus ingrates et des choses plus physiques avec gentillesse, et Shiori, qui est évidemment la version dessinée de la scénariste, se pose en coordinatrice, aiguille sa petite équipe pour concrétiser ces paniers-repas originaux et inventifs, du haut de son âge plus avancé et de sa plus grande expérience dans le domaine de la cuisine.

Et difficile, pour un jeune public féminin, de ne pas se prendre au jeu quand on voit le dynamisme des relations entre nos héros ou, tout simplement, la sympathie que dégage la jeune Sae.
Rapidement, on découvre chez cette héroïne une franchise, une vivacité, et aussi une grande gourmandise qui l'éloignent un peu de bon nombre d'héroïnes de shôjo, en la rendant de façon agréable moins bêtement féminine (bien qu'elle soit très mignonne) que beaucoup d'héroïnes. Dans le même ordre d'idées, il est agréable de ne pas avoir là une cruche comme on en voit tant, tombant amoureuse du premier gosse charmeur venu, puisque notre chère Sae n'est pas du genre à se laisser faire par les dragueurs ne jugeant qu'à l'apparence (mieux, elle les exploite pour se remplir le ventre !).
La preuve, son ami d'enfance Yûki, dont elle est évidemment amoureuse sans tout de suite sans rendre compte, n'est lui-même pas un tombeur : s'il est mignon, la sympathie que les lectrices pourront ressentir pour lui viendra avant tout de la gentillesse contenue, du côté serviable et de la fiabilité qu'il dégage. Un garçon qui n'en fait pas trop, mais sur qui on peut compter, tout simplement.
Et pour bien souligner cette convivialité permanente, il faut aussi compter sur la bonne humeur des personnages, qui restent rarement longtemps embrouillés, y compris quand Sae et Yûki se chamaillent. Les petites disputes, naturelles, entretiennent le dynamisme de sympathique manière sans jamais plomber l'ambiance chaleureuse.

Quant aux petites histoires, elles possèdent des rebondissements qui sont cousus de fil blanc et sont parfois très gros (les menaces et bastons entre voyous dans le deuxième volume, par exemple, ou encore l'histoire d'amour entre une superstar et une collégienne dans le tome 3), et la conclusion de chaque chapitre n'est jamais surprenante et est toujours résolument optimiste, mais le ton frais et chaleureux continuent de séduire, chapitre après chapitre, et tout est fait pour séduire les jeunes filles en fleur, cible première du manga, quitte à ce que l'ensemble paraisse trop mièvre ou trop bourré de bons sentiments aux yeux d'autres personnes.