Team Medical Dragon - Actualité manga
Dossier manga - Team Medical Dragon
Lecteurs
18/20

F**k the system (Dragon)


Tranchant, ce manga l'est assurément. Au contraire d'un Say Hello to Black Jack pessimiste, Team Medical Dragon emploie un ton dénonciateur mais tourné vers l'avenir, se distinguant par le volontarisme de ses personnages. Le héros de Say Hello to Black Jack se morfond, ceux de Team Medical Dragon se battent et engagent maintes discussions quant à l'évolution des soins dans la perspective des élections professorales. La différence entre les deux séries est bien nette. L'aspect dénonciateur se rapproche finalement des critiques émises par un Kenzo Tenma anéanti dans le premier tome de Monster de Naoki Urasawa, qui relevait l'influence des notables sur la prise en charge des patients. Mais Team Medical Dragon va bien plus loin.

Même si la série est marquée par l'émergence d'un thème prédominant, à savoir l'« accession au pouvoir » de Akira Kato pour changer un système archaïque, une diversité de problèmes de la médecine nippone contemporaine est évoquée. Comment faire une liste exhaustive ? Les problèmes de transparence et les intérêts financiers entre les laboratoires et les praticiens, la répartition des compétences entre médecins et infirmiers, l'absence d'égalité entre les sexes, la recherche de la gloire par les médecins avec la publication de leurs recherches dans un magazine spécialisé (tiens, cela aussi, Monster l'évoquait déjà)... Le modèle japonais est critiqué, des pics étant lancés de partout. Et l'intervention de Shoichiro Kunitachi, ancien membre de l'UCLA (Université de Los Angeles aux Etats-Unis) permet  d'aller encore plus loin dans la critique, puisque l'apparente excellence américaine est à son tour attaquée.

Dans cette fronde contre le(s) système(s), l'on pourrait se dire que Ryutaro, anticonformiste, flegmatique et rebelle, se rapproche du célèbre Dr House. Cela n'est pourtant clairement pas le cas. Loin d'être cynique, misanthrope et maniaque, Asada se préoccupe davantage des patients que de la maladie, et n'est pas un diagnosticien : il est chirurgien, intervenant chaque fois qu'on a besoin de lui. En termes de comparaison, peut-être pourrait-on assimiler Ryutaro à Onizuka de GTO, le côté vulgaire (sauf pour le premier chapitre) et inculte en moins. Avec Team Medical Dragon, les auteurs montrent encore une fois que malgré les apparences d'un peuple nippon soumis, des critiques peuvent être formulées face à un système hospitalier à la dérive, le manga étant forcément un média idéal pour faire circuler la contestation.
 



Néanmoins, Team Medical Dragon fait dans le surplus et l'immodération. Des textes dénonciateurs sont présents sur chaque couverture, variant tous les cinq tomes, et des petites phrases se glissent entre les chapitres des premiers tomes. Le problème est que les auteurs tombent dans des excès de mauvaise foi avec des accroches qui sonnent comme des vérités inébranlables. On en citera quelques-unes : « Le CHU est plein de médecins... qui opèrent au mieux une fois par mois » ; « Pour améliorer le résultat des opérations et illustrer les thèses... seuls les cas les plus favorables sont retenus » ; « Les médecins, au moment de prescrire des médicaments aux malades, basent leurs choix sur les invitations et les cadeaux venant des groupes pharmaceutiques ». Où est la vérité, où est l'exagération ? De même, le milieu médical est souvent décrit comme quasi-mafieux (et le graphisme de Nogizaka ajoute à cet aspect), en particulier lors des réunions : on se croirait presque dans un manga de Ryôichi Ikegami ! Tout cela porte préjudice à une série qui manque en fait d'équilibre.

Certaines critiques semblent avérées et indubitables, mais sont hélas desservies par d'autres trop fallacieuses. Au titre des bons points, notons que Team Medical Dragon s'attarde sur le système de quotas instauré à Meishin, obligeant les médecins à travailler pour eux-mêmes et dans le seul but de conserver la meilleure place dans un classement. Cela se fait évidemment au détriment d'une prise en charge humaine des patients, qui sont parfois gênants, donc envoyés dans un autre hôpital pour que Meishin sauvegarde ses bons chiffres. La logique de quotas conduit aussi à ce que les internes soient abandonnés par leurs aînés. La plupart des internes n’acquièrent donc quasiment aucune expérience avant l’âge de 30 ans, puisque les médecins font tout à leur place. Noboru est représentatif d'une « génération sacrifiée ». Il subit le système en ne se préoccupant que de ce que ses aînés pensent de lui, ne cherchant pas à savoir s'il est bon ou mauvais médecin. Allergique aux initiatives, dépendant de ses senpai, il est montré comme un personnage désabusé, las devant le système mais sans essayer de le changer. Mais peut-on lui en vouloir ? Le système est tellement puissant que les médecins confirmés eux-mêmes ne peuvent s'y opposer individuellement. Si un médecin est viré par un chef de service, cela signifie son arrêt de mort sur le plan professionnel.

On terminera sur un argument, lancé de façon assez jouissif en début de série, qui ne manquera pas là encore de susciter quelques interrogations. Voici en effet l'un des jugements portés : les chirurgiens de Team Medical Dragon ont pour habitude de pratiquer le golf, cédant aux invitations de Noguchi, mais sans doute ne savent-ils pas qu'il ne s'agit pas d'un sport qui leur est particulièrement conseillé (tendinites et autres blessures musculaires !). A méditer...



IRYU TEAM MEDICAL DRAGON © 2002 Taro NOGIZAKA, Akira NAGAI / Shogakukan Inc.

Commentaires

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ballmeyer

De ballmeyer, le 22 Juin 2013 à 14h52

Très bon dossier, merci !

 

yuminekoi

De yuminekoi, le 22 Juillet 2011 à 13h37

18/20

ha .;j'aime bien cette série, bien que j'ai dû arrêté de l'acheté faute de moyen..snifff...Un jour on ce retrouvera.

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