Nos Yeux Fermés - Actualité manga
Dossier manga - Nos Yeux Fermés

Est-il question de romance ?


Rapidement, le lecteur est en droit de se questionner sur la nature de la relation entre Ichitarô et Chihaya. A-t-on affaire à une simple interaction amicale et humaine, ou à une histoire d'amour naissante ? Le récit montre effectivement certains signes qui tendent à nous aiguiller vers l'idylle entre les deux personnages, par ses aspects symboliques : un bisou sur le front de Chihaya à Ichitarô, le jeune homme collant la main de celle-ci sur son visage, ou encore les réflexions répétées des habitants du quartier, qualifiant régulièrement Chihaya de "copine d'Ichitarô". On ne pourra nier l'effet comique concernant la remarque mais pour le reste, difficile de ne pas penser que cette sincérité des gestes n'est pas sans accompagner une romance entre les deux individus.

Le recueil ne s'attardera pourtant jamais à traiter la relation entre Ichitarô et Chihaya à la façon d'une relation amoureuse convenue. Pour tout ce qui a été cité précédemment, on sent que la volonté de l'auteur est toute autre, ce qui démontre aussi une certaine symbolique entre les deux, une symbolique qu'on relie très souvent au concept d'amour. Ichitarô et Chihaya sont complémentaires : leurs caractères sont si opposés qu'ils s'accordent comme le Ying et le Yang, et chacun a sur l'autre un effet bénéfique, si bien qu'ils interviennent tout deux dans les soucis personnels de l'autre, passé un certain cap du récit. Les interactions entre eux se font donc de plus en plus fortes et à la manière d'un couple. Ichitarô présente son « amie » à ses camarades non voyants, tandis que le jeune homme en vient à s'incruster sur le lieu de travail de Chihaya, en compagnie de ses camarades. La notion d'apaisement est aussi très présente entre eux, rapidement quand on voit que le jeune garçon, par ce qu'il montre à ca camarade, a un effet véritablement bénéfique sur elle, au point qu'elle en ressente de la quiétude à son égard. Les séquences un peu plus dramatiques, mais sans jamais tomber dans l'excès, de la suite vont dans cette direction, et on ressent très bien que chacun pourrait mettre sa vie en jeu pour l'autre, tandis que la confiance se développera toujours plus entre eux.



La scène finale est à cette image. Attention alors puisque les lignes suivantes dévoileront les dernières pages du one-shot :

Si la dernière séquence peut paraître anodine en terme de conclusion d'un récit qui s'est montré beau et poignant, elle semble sceller le sort des deux protagonistes du récit. Par le cadeau que fait Ichitarô et Chihaya, on retrouve le concept d'héritage familial, ce dernier offrant à la demoiselle le rouge à lèvre de sa mère. Si cela peut sembler glauque au premier abord, il y a la représentation du chamboulement dans la vie d'un humain, et le fait que la figure maternelle soit remplacée par un autre individu qui occuperait, entre autre, une place similaire tout en se montrant très différente en terme d'affection. L'idée n'est d'ailleurs pas si saugrenue tant le récit se montre très imaginé bien souvent, et articule sa tonalité autour de poésies visuelles et de poésies de sens. Dès lors, chacun peut effectivement se faire son idée de la fin, mais les images démontrées par Akira Sasô ne laissent pas tant d'interprétations possibles.


Un ton doux et poétique


La force narrative de Nos yeux fermés repose la douceur de son ton, et de sa volonté de ne pas trop en faire. La lecture a en effet quelque chose d'envoutant, cette impression que les excès que l'on connaitrait dans la vraie ou dans une fiction dramatique n'ont pas lieu d'être, et que chaque événement est apaisant, quelles que soient ses circonstances.

Cette sensation est d'abord due aux aux événements en eux-même. On remarquera alors que si quelques pics de tension dramatique ont lieu sur les derniers arcs du one-shot, rien n'est jamais trop larmoyant, bien au contraire. L'intérêt n'est pas porté par la capacité du titre à nous faire pleurer, bien au contraire même puisqu'il cherche à apaiser, faire sourire et dépeindre un monde optimiste. Alors, quand Chihaya se montre déboussolée suite aux événements par rapport à sa mère, le sauvetage d'Ichitarô n'est pas montré de manière spectaculaire mais tout en douceur, à l'image des retrouvailles de deux personnes qui se complètent l'un l'autre.



A partir de là, il était plus simple pour Akira Sasô de remplir son objectif et de créer une ambiance poétique de la première à la dernière page. La tranche-de-vie que constitue l’œuvre est portée par la manière du mangaka de tout montrer de manière douce ou positive. Par exemple, les petites colères de Chihaya ne se répercutent pas contre le ton de la série puisque souvent, ces événements sont amortis par des chamboulements optimistes. Les personnages eux-même sont parfaitement nuancés, tout en étant montrés davantage sous leurs jours les plus joyeux plutôt que leurs facettes les plus sombres. Les habitants du quartiers des deux protagonistes nous apparaissent donc chaleureux et sympathiques, accueillants et amusants, et jamais sous l'angle d'individus qu'on chercherait à éviter. Ce constat a même lieu sur Chihaya elle-même : la demoiselle a beau être très caractérielle et peu agréable au début, elle sera vite adoucie par le titre et intègrera de son propre chef cette ambiance si plaisante qu'est celle de Nos yeux fermés.

Aussi, il est indéniable que la puissance de ton du récit provient du style graphique de l'auteur. Celui-ci atypique, est le véritable marqueur de l'ambiance du manga d'Akira Sasô. Car le mangaka a beau vouloir conter une histoire, il cherche aussi à transmettre des émotions par son trait.
  
  
  

HANA NI TOHITAMAE © AKIRA SASO 2014 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD.

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Exydius

De Exydius [762 Pts], le 29 Septembre 2017 à 14h00

Un dossier qui donne vraiment envie de lire le manga :D

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