Les Lamentations de l'agneau - Actualité manga
Dossier manga - Les Lamentations de l'agneau
Lecteurs
19/20

Les liens du sang


L’un des éléments centraux des Lamentations de l’agneau, le principal même, n’est bien évidemment rien d’autre que la maladie dont souffrent les Takashiro. Et, par extension, les liens viciés qu’entretiennent les membres de cette famille suite à cette « malédiction » dont ils sont, bien malgré eux, affublés. D’emblée, cette maladie, ce besoin irrépressible de sang qui touche certains membres de la famille et plus particulièrement les filles, vient inévitablement nous rappeler le mythe du vampire. D’ailleurs, Kei Toume ne manquera pas d’elle-même le mettre en avant au travers de Chizuna, faisant une remarque cynique quant à l’aspect peu ragoûtant du mal qui la ronge, venant immédiatement couper court à la possibilité d’un quelconque aspect fantastique de la série. Elle s’ancre dans la réalité, rien de plus. Pourtant, c’est justement là quelque chose qui va rendre le lien entre vampires et la maladie des Takashiro d’autant plus intéressants. En effet, en y réfléchissant un peu, on est peut-être bien là face à ce qui se rapproche le plus de ce qu’aurait pu réellement être un « vampire » si tant est qu’ils aient existé un jour, bien évidemment. Et c’est précisément là que l’on se rend compte qu’il n’est nul besoin de multiples artifices pour en faire des êtres pouvant se montrer tout autant touchants qu’ils sont terrifiants. Et quand bien même on s’éloigne là quelque peu de la série en elle-même et de son principal propos, cela n’en demeure pas moins quelque chose qu’il est appréciable de constater. Et, en définitive, ce sera l’un des attributs faisant des Lamentations de l’agneau une œuvre d’autant plus attrayante.
  
  
  
  
  
Mais revenons-en au mal qui coule dans le sang des Takashiro. On sait finalement assez peu de choses sur lui, si ce n’est qu’il s’agit d’une maladie orpheline. Elle est apparemment présente depuis toujours chez les Takashiro puisque dès la fin de la période Meiji, ses membres, alors proches des hauts fonctionnaires du gouvernement, la cachaient déjà en isolant les malades afin de sauver les apparences. Et cela s’est prolongé jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale où la famille s’est littéralement effondrée, ne survivant que par l’intermédiaire de la lignée que symbolisent aujourd’hui ses deux derniers représentants, Kazuna et Chizuna. Elle a tendance à toucher davantage les filles que les garçons et se déclare généralement durant l’enfance. Mais pas toujours, loin de là. Chez Kazuna, la maladie ne s’est éveillée que maintenant qu’il est adolescent. Chez sa mère, c’était quand elle était déjà adulte. Et plus qu’une maladie physique, c’est avant tout d’une maladie mentale qu’il s’agit. Irrémédiablement, en effet, les malades finissent par sombrer dans la folie, deviennent violents ou se suicident. Bref, il n’y a aucune échappatoire pour eux. Et c’est justement cela que Kazuna va petit à petit découvrir alors qu’il retrouve sa sœur et, peu à peu, son passé et celui de sa famille. C’est à ce moment qu’il va se rendre compte du lien indéfectible qui le lie au sien. Et quand bien même essayerait-il de s’en défaire, il ne le pourrait pas. En quelque sorte, ce sera là une malédiction bien plus terrible que la maladie elle-même.
  
  
  
 
  
En effet, dans un premier temps, le lien qui se formera entre Kazuna et Chizuna découlera du fait qu’elle est la seule personne capable de comprendre et d’accepter sa maladie, mais aussi qu’elle est l’unique être vivant à qui il puisse infliger un tel fardeau ou, plutôt, la seule avec qui il pourrait partager un tel fardeau. De ce fait, se pliant sans même véritablement s’en rendre compte et de son plein gré à la tradition des Takashiro, il prend de lui-même un chemin qu’il devine dès le départ comme étant sans issue. Qu’est-ce qui le pousse à agir de la sorte ? C’est justement ce que Kei Toume s’attachera à nous expliquer tout au long de la série, développant avec une attention constante la relation naissante entre Kazuna et sa sœur. Une relation amenée à évoluer, inévitablement, et à se complexifier, devenant petit à petit immuable. Et d’autant plus passionnante à découvrir.
  
  
  

© 2002 by KEI TOUME /GENTOSHA COMICS INC.TOKYO

Commentaires

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JohnDoe

De JohnDoe [598 Pts], le 14 Décembre 2014 à 12h49

19/20

Très bonne analyse pour cette série à l'ambiance prenante.

Daigo

De Daigo [917 Pts], le 13 Décembre 2014 à 09h40

19/20

Excellent dossier, qui m'a rappelé aux bons souvenirs d'une série mature de Kei Toume.

Cette auteur a vraiment le don pour écrire des oeuvres de qualité, souvent ancrée dans la réalité par ailleurs. Je ne dirais pas qu'on sombre dans la dépression en lisant, mais le ton est clairement mélancolique en règle générale! Vivement la fin de son manga Sing Y for me!

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